C'est l'appel d'une maîtresse d'une classe préscolaire sur les réseaux sociaux qui a ravivé le débat des goûters. Les parents sont soumis à un véritable dilemme qui se situe entre vouloir faire plaisir à leurs enfants, faire vite et offrir le meilleur pour une bonne hygiène de vie. Une équation pas très facile à réussir au quotidien. «Je suis choquée et outrée. Comment des parents peuvent donner à des enfants en préscolaire, pour leur goûter de récréation, des sachets de chips, des boissons gazeuses ou encore des barres chocolatées ? Je suis maîtresse d'une classe de préscolaire et c'est ce que je vois tous les jours. Pourtant, je sais que les parents savent que c'est très mauvais. Alors pourquoi font-ils cela ? Pour faire plaisir à leurs enfants. Parents, il faut arrêter ce comportement !», C'est son message lancé sur les réseaux sociaux pour alerter les parents, quelques semaines après la rentrée scolaire. Et c'est une bien triste réalité. Yasmine nous confie : «Je sais que je ne dois pas lui donner de barre chocolatée, mais je le fais. Je me dis que ce n'est pas tous les jours mais au final, c'est tous les jours qu'il mange des produits qui ne sont pas sains. Je me dis, demain je ferai autrement. Mais devant ses pleurs, son entêtement, et quand il me répète que tous ses camarades c'est ce qu'ils ont pour le goûter, je ne résiste pas. Avec tout le stress du quotidien, je cède en me disant que la question du goûter est secondaire.» Yasmine n'est pas seule dans ce cas de figure. Beaucoup de parents abdiquent face à l'effet de masse ou de groupe. Sarah raconte cette anecdote très révélatrice : «A la crèche où sont mes enfants, devant l'entrée principale, il y avait une grande affiche avec tous les aliments interdits au risque de renvoyer l'enfant. Il s'agit des chips, de boissons gazeuses et des sucreries sous toutes leurs formes. Les parents avaient, à la rentrée, une liste de goûters proposés qui généralement étaient composés de : carottes, fenouille, pommes, bananes, fraises et autres fruits ou encore des produits laitiers. Mes enfants se sont habitués à ce type d'aliments. Mais à l'école, dès les premiers jours, ils ont été moqués par leurs camarades à cause de leur boîte contenant des fruits et légumes. Ils avaient de bonnes habitudes alimentaires qu'ils ont perdues à cause de l'influence des autres élèves mais je dirais parce que l'établissement ne dresse pas de règles alimentaires à l'instar de la crèche où ils étaient.» La santé scolaire tire la sonnette d'alarme Le chef de service pédiatrie, au niveau de l'Etablissement hospitalo-universitaire Nafissa-Hamoud (ex-Parnet), professeur Zakia Arada, s'est penchée sur la question et a dressé un tableau peu reluisant à ce sujet. Elle a mis en garde contre le danger que constitue le goûter consommé par les enfants à l'école pendant la recréation pour leur santé. Elle l'a affirmé lors d'une communication portant sur la santé scolaire. Le sucre, les matières grasses et les produits conservateurs sont consommés en grande quantité par les enfants. C'est ce qu'explique le professeur Arada. Ainsi, l'enfant est exposé aux risques d'obésité et aux maladies chroniques graves telles que le diabète, les maladies cardiaques, l'hypertension artérielle et le cancer. Aussi, le professeur Arada incite les parents à mettre dans les sacs de leurs enfants des produits naturels et bénéfiques comme les fruits et les produits laitiers. Ceci au lieu des «chips», sucreries, jus et boissons gazeuses et tout autre produit inutile à sa croissance mentale et physique. D'autres spécialistes tirent la sonnette d'alarme en notant que certains enfants, à cause de cette mauvaise consommation, sont suivis pour des caries dentaires, la baisse de la vue, la difficulté de concentration à l'école, l'énurésie, tandis que d'autres nécessitent un suivi de longue durée pour, entre autres, l'épilepsie, le diabète, l'asthme, les maladies du rein, des os et du sang. Par ailleurs, beaucoup d'entraîneurs de différentes spécialités sportives notent l'augmentation du nombre d'enfants en situation de surpoids à partir de l'âge de six ans. Des parents qui s'organisent «Je suis pour le retour au pain avec fromage ou avec un morceau de chocolat ou bien encore avec du beurre», souligne Nawel, maman de trois enfants. Et de renchérir : «Il n'y a pas mieux que la simplicité. Des fois, je fabrique le pain traditionnel et je leur en offre. Je ne donne jamais de boissons gazeuses mais plutôt une bouteille d'eau. Pour en arriver là, j'ai dû subir l'influence d'autres parents. Franchement, pour mon aîné, quand il a débuté son cursus scolaire, je lui donnais du Candia choco et des gâteaux. Je me disais qu'il ne doit pas avoir honte. Mais en écoutant les autres parents, je me suis remise en question et cela m'a décomplexée. Je ne peux pas me permettre de lui donner tous les jours un fruit. Mais je lui propose quelque chose d'équilibré et j'essaye que ce ne soit pas la même chose tous les jours. Ce qui n'est pas évident.» Pour remédier à ce dernier point, les parents s'organisent et se donnent des conseils. «J'ai assisté l'année dernière à un séminaire d'une journée avec une diététicienne qui répondait à des questions que tout parent se pose comme : que doit manger un enfant pour favoriser sa mémoire ? Que doit-il emmener avec lui à l'école pour le goûter ? Comment éviter qu'il prenne de mauvaises habitudes alimentaires ? Comment contrôler son poids ? Au-delà des informations que j'ai eues, ce que j'ai apprécié c'est qu'au final, je n'étais pas seule à me poser ce genre de questions. Nous avons débattu toutes ces interrogations et je pense que cette question doit être prise au sérieux !», explique une maman de trois enfants. Elle ajoute : «Et pour cela, à travers les réseaux sociaux, nous échangeons des recettes faciles, sans cuisson, rapides, pas chères, pour nous encourager à ne pas aller vers la facilité pour le bien de nos enfants !» Sarah Raymouche