Saïd Bouteflika, les généraux Toufik et Tartag ainsi que Louisa Hanoune comparaîtront à nouveau devant le tribunal militaire de Blida le 9 février prochain, a-t-on appris auprès des avocats de ces derniers. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Il s'agit d'un procès en appel, demande introduite par le collectif de défense de tous les prévenus au lendemain de la condamnation des mis en cause à quinze ans de prison. Des sources bien au fait du dossier indiquaient à ce moment que le général Mohamed Médiène avait hésité avant d'autoriser ces avocats à entamer cette procédure qui le contraint, comme le reste des prévenus, à être jugé une nouvelle fois pour des faits qu'il récuse. Atteint de plusieurs maux lourds à porter physiquement, il avait tenté de démonter les accusations de «complot et atteinte à la hiérarchie militaire» pour lesquels lui et ses codétenus sont poursuivis, en affirmant qu'il avait répondu à une invitation pour discuter de la situation sensible dans laquelle se trouvait plongé le pays à cette période. Las des vingt ans de règne de Abdelaziz Bouteflika, les Algériens étaient sortis dans la rue réclamer l'annulation du cinquième mandat. Une demande soutenue par le défunt chef d'état-major, Gaïd Salah, qui avait, à son tour, exigé sa démission, en réclamant la mise en pratique de l'article 102 de la Constitution. Le général Toufik s'était, cependant, expliqué plus en détail dans une lettre lue par l'un des avocats. A la sortie du tribunal où venait de tomber la sentence, Me Seriak a lu sa lettre devant la presse. L'ancien patron des services algériens se disait, en fait ,victime de la lutte qu'il avait entreprise contre la corruption. Depuis son incarcération, le général Toufik a subi deux interventions chirurgicales dues à une chute qu'il avait faite dans sa cellule. La dernière en date remonte à près de quinze jours. Le général Tartag, qui dirigeait les services de sécurité sous Bouteflika, a fait très peu parler de lui dans toute cette affaire. Le jour de son procès, en septembre dernier, il avait refusé de quitter sa cellule et de comparaître devant le tribunal. Ce dernier, soutiennent ses avocats, n'était pas présent le jour de la fameuse réunion. Son rôle le soumettait cependant à l'obligation de mettre en place un dispositif de sécurité en raison du poste qu'occupait alors Saïd Bouteflika. Ce dernier a, quant à lui, carrément refusé de répondre aux questions du juge. Après autorisation du tribunal, il a été autorisé à quitter la salle d'audience. Louisa Hanoune a, quant à elle, expliqué que sa présence à cette réunion ne pouvait en aucun cas être considérée comme étant une entrave à la loi ou une forme de complot. Ses déclarations au tribunal sont également celles de ses avocats qui évoquent une criminalisation de l'acte politique , car «cette dernière a été consultée en tant que chef de parti». La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) bénéficie d'un fort soutien interne et externe qui s'exprime en faveur de sa libération et de sa réhabilitation. Il y a quelques jours, ses avocats et la direction de son parti ont fait état d'une nette dégradation de sa santé. Il faut aussi savoir que les avocats des détenus de Blida ont été informés, hier dimanche, de la date fixée par le tribunal militaire pour le procès en appel. La cour ne se basera sur aucun élément nouveau, elle est chargée de rejuger le dossier à la demande de la défense. L'un des avocats de ce groupe, Me Miloud Brahimi , insiste sur le fait que ce dossier «est vide et ne présente aucun élément attestant de l'existence d'un complot». Rappelons, enfin, que ce procès se déroulera une nouvelle fois en l'absence du général Nezzar, de son fils et de Farid Benhamadine (accusé d'être le relais entre Nezzar et Saïd Bouteflika). Pour rappel, tous les trois ont été jugés par contumace et condamnés à vingt ans de prison. A. C.