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Commémorations : la semaine crépusculaire de juin
Publié dans Le Soir d'Algérie le 19 - 06 - 2021

Ils étaient émouvants ces forçats de la bonne parole. Contraints de voyager en rase campagne... électorale pour déclamer les vertus du vote tout en réclamant, au premier jobard venu, qu'il porte son choix sur le nom du quidam qui l'a rémunéré. Ils pensaient certes pouvoir convaincre mais ne sont guère sûrs de leur esbroufe toutes les fois quand ils s'apercevaient que personne ne les écoutait. C'était, par conséquent, de la sorte que se sont déroulées les trois semaines de ces marchands du vent, lesquels n'hésitèrent pas à faire accroire qu'un bulletin dans les urnes augmentera les chances de la tribu. Seulement, avant même que les résultats du scrutin ne révélèrent n'être qu'un four, tant le boycott de l'électorat coïncidait avec les pronostics, l'indifférence populaire était déjà significative. Et c'est ce désintérêt vis-à-vis de la chose publique qui ne pourrait orienter la curiosité des jours suivants de juin que vers les traditionnelles commémorations. Et pour cause, les Djaout, Matoub Lounès et Boudiaf ne symbolisent-ils pas trois crépusculaires éphémérides de ce calendrier ? Justement, dans l'ordre des jours, le 23 est placé sous le signe du poète, le 25 désigne le barde iconoclaste, quant au 29, il est réservé à la statue du commandeur. Une trinité emblématique pour un seul mois et dont on s'est efforcé d'enfouir les souvenirs jusqu'à vouloir gommer le sens de ce multiple martyrologe afin d'en soustraire les références que ces trois noms inspirent. Ainsi, à la perte d'un talentueux littéraire s'ajouta le crime du messager populaire puis l'assassinat d'une conscience morale. Un triptyque mémoriel que l'on avait souhaité qu'il soit dissocié même dans l'outre-tombe !
C'est dire que l'on ne voyait pas d'inconvénient à recourir au procédé de la table rase au nom de la thérapie par l'amnésie qui ne serait rien d'autre qu'un défi malsain à la culture mémorielle. Même si l'on sait qu'il est pathologiquement malsain d'habiter en permanence dans les cryptes des mausolées, ou bien de multiplier les fréquentations exclusives des panthéons, il n'en demeure pas moins que c'est plutôt dans les lieux de l'éternité, que sont les cimetières, où la mémoire se cultive le mieux. Or, dans le compagnonnage pesant de la mort, l'on a toujours su tirer profit du rapport au malheur en parvenant à faire justement la part plus grande à l'existence ici-bas et à l'optimisme sans toutefois oublier le souvenir des grandes douleurs.
Ainsi, de nos jours, comme cela avait été par le passé et précisément au lendemain de l'indépendance, l'on ne s'est jamais départi du recours au souvenir de ceux qui en furent les véritables porteurs de lumière. Sous le simple angle privilégiant la fidélité mémorielle, ce pays-ci ne demeure-t-il pas d'une excessive imagination ? En effet, à force de démultiplier les cryptes de la gloire et en décentralisant également les panthéons, n'a-t-on pas fini justement par faire de ce vaste pays un témoin implacable contre la barbarie de l'intégrisme religieux ? Hélas, aussi longtemps que les pouvoirs persistent à expliquer la morale de l'histoire récente par des subterfuges étroitement politiques, il est à craindre que bon nombre de sépultures où sommeillent les justes patriotes risquent de connaître l'oubli et l'insupportable désertion des commémorations.
Pour ne citer qu'un échantillon, ne faut-il pas rappeler que Tahar Djaout « habite » éternellement à Oulkhou tandis que Matoub Lounès « réside » à Taourirt-Moussa ? Voilà deux lieux-dits, c'est-à-dire deux hameaux, dont les musicalités de leur dénomination rappellent les discrètes chroniques de Feraoun et qui sont devenues, depuis plus de deux décennies, les destinations pour les pèlerins de la liberté.
Nous n'oublierons évidemment pas qu'aux côtés de ces oasis de lumière où reposent le poète et le barde, il existe également le jardin officiel de l'immortalité où git le père combatif de la guerre d'indépendance. Or, plus de trente années après son martyre, la postérité de Boudiaf continue à susciter toujours dans l'Algérie officielle une curieuse prévention proche du doute quant à la sanctification de son rôle dans les manuels de l'histoire. Il est vrai que l'on a longtemps épilogué sur ce crime de lèse-majesté sans jamais parvenir à « reconstituer le puzzle du complot », avait-on dit. L'aveu d'impuissance semble presque fantaisiste même si l'on comprend que la « raison d'Etat » y est pour beaucoup.
Certes, le temps politique n'est pas le même que celui de l'Histoire, laquelle est, à son tour, conditionnée par des prescriptions censoriales avant son affranchissement. Mais était-il pour autant concevable d'escamoter la part de sa biographie afin que son âme soit célébrée selon les justes mérites de son long patriotisme ? C'est précisément ce genre d'omission coupable que l'on doit considérer comme un déni de reconnaissance officielle qui est à l'origine du lent rabaissement du patriotisme dans les strates plébéiennes de la société. Pourtant, Boudiaf n'a-t-il pas symbolisé le modèle du « père de ce petit peuple » avant son odieux effacement cinq mois à peine après son retour à la terre natale ?
Et si la fulgurante adhésion des Algériens pour ce nouveau père de la Nation dérangeait des cercles qui craignaient les dirigeants providentiels ?
B. H.


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