Son parti laminé, avec seulement un siège dans la wilaya d'El Oued, Soufiane Djilali exprime sa grande désillusion. Le président de Jil Jadid n'a pas été payé en retour. Pour lui, les résultats obtenus par son parti ne correspondent pas aux efforts politiques dépensés. Une situation qu'il incombe à la perte totale de confiance des Algériens en politique. Rym Nasri – Alger (Le Soir) – Ambitionnant de transmettre l'«esprit du Hirak» aux institutions, Jil Jadid n'a pas pu finalement obtenir les sièges qu'il espérait. Des résultats qui ne correspondent pas, selon son président, Soufiane Djilali, aux efforts politiques dépensés. «Notre solution, celle de faire passer l'esprit du Hirak vers les institutions, n'a pas pu convaincre une majorité d'Algériens qui ne font plus confiance ni aux institutions, ni aux élections, ni aux partis politiques, qu'ils soient au pouvoir ou d'opposition», soulignait-il hier à Alger. Le parti qui a misé sur la participation d'au moins une frange de la population aux élections législatives pour donner naissance à un Parlement avec «un souffle nouveau», «un élargissement de la base de représentation», et «un début de changement graduel» s'est heurté à un boycott massif. «L'absence des Algériens aux urnes a permis aux anciens réseaux et aux anciens partis tel que structurés avec l'argent et leurs moyens de récupérer l'ensemble de la mise avec pourtant très peu de voix. Je pense que le premier parti à l'APN doit avoir réuni entre 300 000 et 350 000 voix», note Soufiane Djilali. S'agissant des recours, il précise que sa formation politique en a déposé quelques-uns. «Nous voulons juste aller jusqu'au bout de la procédure. Même si nous devons avoir 10, 15 ou même 20 sièges, cela ne changera pas la configuration politique. L'opération en soi n'a pas apporté des éléments de réponse suffisamment forts, pour que nous passions à une phase de construction d'une Algérie telle que nous l'espérions», dit-il. Quant aux dépassements enregistrés durant le scrutin, le président de Jil Jadid pointe du doigt l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). Selon lui, elle n'a pas pu être à la hauteur de toutes ses prérogatives. «Il y a diverses raisons qui ont fait que l'Anie n'a pas pu remplir son rôle comme elle aurait dû le faire, notamment sa jeunesse, son inexpérience et une composante humaine qui n'a pas eu le temps d'être formée et qui n'est pas toujours peut-être la mieux choisie», explique-t-il. Il met également en cause le nombre d'électeurs si réduit qui a favorisé selon ses dires, les partis qui étaient présents à travers les assemblées locales, à travers leurs élus avec les moyens, y compris pour les listes indépendantes qui très souvent ont été composées d'élus actuels des APC. «Ils avaient donc la maîtrise des réseaux et des personnels. En tant que parti d'opposition n'ayant pas d'élus, puisque nous n'avons pas participé auparavant aux élections, nous nous sommes retrouvés démunis», fait-il remarquer. Pour lui, la nouvelle Assemblée populaire nationale élue est à l'évidence légale mais «n'a pas de légitimité populaire suffisante pour lui permettre de travailler à l'aise». Et d'expliquer que le boycott massif a énormément impacté cette APN. «Le mot d'ordre de boycott suivi par une bonne partie des Algériens a été une forme d'alliance objective entre les appareils de l'ancien régime avec les éléments actifs, parfois agitateurs qui voulaient le boycott. C'était laisser la scène libre aux anciens appareils, et c'est ce qui s'est passé à Béjaïa», dit-il. Soufiane Djilali rappelle qu'habituellement, les anciens partis ne pouvaient jamais avoir la majorité dans les wilayas du centre à Béjaïa, Tizi-Ouzou et à Bouira, et ce, malgré les quotas et la fraude des urnes. «Dans ces wilayas, la fraude était toujours très amoindrie. Or, le boycott a livré littéralement toute l'institution à ceux qui étaient censés être dégagés. En réalité, ceux qui ont prôné le boycott ont fait dégager le Hirak au profit des anciens appareils, et non pas fait dégager les anciens partis du système», conclut-il. Ry. N.