Le ministre de la Santé a annoncé, hier, à l'occasion de la campagne Octobre rose de lutte contre le cancer, la réactivation du Fonds national de lutte contre le cancer, gelé depuis 2012. Le Fonds qui dispose d'un montant de près de 4 500 milliards de centimes et reçoit annuellement en moyenne cinq milliards de dinars, va être destiné à l'acquisition de nouveaux équipements et médicaments qui vont permettre l'amélioration de la prise en charge des malades atteints du cancer. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Bonne nouvelle. La situation des malades atteints du cancer va visiblement s'améliorer après la réactivation du Fonds national de lutte contre le cancer. Ce Fonds a été gelé en 2012 car seul 1% du budget avait été utilisé. Abderrahmane Benbouzid qui a annoncé, hier, le maintien de ce Fonds a indiqué que cet argent va permettre une meilleure prise en charge des malades atteints du cancer à travers l'équipement des services de radiothérapie en accélérateurs linéaires et l'acquisition de nouveaux traitements ainsi que l'entretien des appareils et des équipements médicaux au sein des services de radiothérapie. Pour illustrer l'amélioration enregistrée en matière de prise en charge des malades, le ministre de la Santé a rappelé que 41 services dédiés à la prise en charge du cancer, 77 unités spécialisées en radiothérapie et 20 centres anticancer, ont été installés à travers le territoire. Six CAC sont ouverts dans le secteur privé. Le nombre d'accélérateurs, dit-il, est passé de 7 en 2013 à 50 accélérateurs actuellement dont 12 dans le secteur privé. La pharmacie centrale des hôpitaux, poursuit le ministre, a bénéficié d'un budget pour l'acquisition de médicaments et des traitements nécessaires, et les établissements de santé ont été renforcés par des ressources humaines qualifiées et spécialisées. Mais loin de cette belle image, les malades atteints du cancer souffrent le martyre pour accéder aux soins notamment pour prendre des rendez-vous pour la radiothérapie. Pour remédier à ce problème, le ministre de la Santé dit qu'une réflexion a été engagée pour intégrer des accélérateurs dans les établissements de santé. Ainsi, le malade aura un suivi et une prise en charge complète, radio, scanner, anapath... au sein du même endroit. Et pour réduire la pression au niveau du centre notamment sur les hopitaux de Blida et de Mustapha-Pacha, deux accélérateurs sont mis en place au niveau des hôpitaux de Beni Messous et de Rouiba. Prévalence du cancer du sein en Algérie Les données présentées, hier, sur la prévalence du cancer en Algérie durant l'année 2020, ont démontré que 31 090 nouveaux cas ont été enregistrés, toutes localisations confondues chez la femme. Le cancer du sein avec 12 536 cas a représenté 40,3%, soit presque la moitié des cas. Le nombre de décès est de 4 116 soit 12,5% du total des décès dus au cancer qui sont au nombre de 321 802 cas. 18 000 nouveaux cas de cancer du sein par an attendus d'ici 2025 Si actuellement l'Algérie enregistre 14 000 nouveaux cas de cancer du sein annuellement, les prévisions pour l'année 2025 montrent que ce nombre va atteindre les 18 000 nouveaux cas. Selon les données du centre anticancer de Sétif, sur 50 000 nouveaux cas de cancer par an, 26 000 sont des cas enregistrés chez la femme et 14 000 sont des cancers du sein soit 33% sur l'ensemble des cancers féminins. Pour les tranches d'âge, le cancer du sein débute très tôt, soit dès l'âge de 20 ans et le pic est entre 45 ans et 49 ans. Toujours selon les mêmes données, 75% des cas diagnostiqués sont des cas qui arrivent à un stade tardif. Les professionnels de santé espèrent réduire ce chiffre à 30% puisque neuf femmes sur dix vont guérir de leur cancer lorsqu'elles sont diagnostiquées à un stade précoce. Un diagnostic précoce permet un taux de survie de 99% à 5 ans. Pour le cancer diagnostiqué à un stade tardif, seulement un taux de 26% de survie à 5 ans. D'où l'intérêt du dépistage précoce, insistent les professionnels de la santé. Sans oublier que 5 à 10% des cancers du sein sont liés au facteur génétique et une femme sur huit a un risque de développer un cancer du sein. Un chiffre qui pourrait grimper à une femme sur sept d'ici 20 ans. Les traitements innovants seront disponibles d'ici la fin de l'année Attendus depuis 2018, les médicaments innovants pour le traitement de certains cancers seront bientôt disponibles. Selon le professeur Adda Bounedjar, chef de service d'oncologie médicale du CAC de Blida et membre du comité d'oncologie installé au niveau du ministère de la Santé, les médicaments innovants seront enregistrés sur la liste commerciale de la PCH d'ici le mois de décembre prochain. Ces traitements seront toutefois accompagnés par des guides thérapeutiques. Le responsable du comité d'oncologie du ministère de la Santé s'est, d'ailleurs, interrogé si « réellement ces médicaments, qui existent depuis 2010 sont innovants ?». Il estime que la solution pour les malades c'est d'unifier les traitements : «D'ici le 15 novembre, nous allons mettre en place des guides lignes pour unifier le traitement pour des médicaments validés par le collectif des oncologues», a déclaré Lyes Rehal. S. A.