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YAHIA ZOUBIR, PROFESSEUR EN RELATIONS INTERNATIONALES :
�L�Alg�rie aurait d� entreprendre une action militaire�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 01 - 2013


Entretien r�alis� par Tarek Hafid
Enseignant en relations internationales et directeur de recherche en g�opolitique � Euromed Management Marseille, le professeur Yahia Zoubir d�crypte les deniers �v�nements qui se sont produits au Mali. Selon lui, au risque d��tre accus�e de connivence avec des groupes terroristes, l�Alg�rie s�est retrouv�e dans l�obligation d�ouvrir son espace a�rien aux chasseurs fran�ais engag�s au Mali. Le reniement des engagements politiques de la part d�Ansar Dine a �t� l��l�ment majeur du changement de position des autorit�s alg�riennes.
Le Soir d�Alg�rie : En accordant l�autorisation de survol de son espace a�rien � l�aviation fran�aise, l�Alg�rie soutient-elle indirectement l�op�ration militaire engag�e par ce pays au Mali ?
Yahia Zoubir : Cela ne fait pas de doute, c�est m�me un soutien logistique direct puisqu�il facilite consid�rablement cette intervention. L�opinion publique alg�rienne semble �tre oppos�e � cette d�cision. Il semblerait cependant que les autorit�s alg�riennes aient �t� exasp�r�es par le changement d�attitude d�Ansar Dine qui a soutenu Aqmi dans son incursion vers le sud du Mali. La strat�gie de l�Alg�rie consistait � s�parer les terroristes de ceux qui ont des revendications l�gitimes, c'est-�-dire les Touareg, les Songha�s et les Arabes qui ne sont pas impliqu�s dans le terrorisme. Mais l�Alg�rie s�est retrouv�e face � un s�rieux dilemme car elle a toujours �t� contre la partition du Mali. Au d�but du conflit, Ansar Dine disait : nous voulons l�instauration de la Charia dans les r�gions du Nord mais nous sommes contre la division du Mali. Or, ces deux derni�res semaines, ce groupe s�est engag� dans une initiative de prise du pouvoir. Donc si l�Alg�rie s��tait oppos�e � cette op�ration militaire fran�aise, elle aurait �t� accus�e de connivence avec Ansar Dine ou avec les terroristes comme l�ont sugg�r� certains dans un pass� r�cent. Le gouvernement alg�rien s�est retrouv� dans une position o� il n�avait d�autre choix que de soutenir l�intervention militaire fran�aise pour emp�cher la destruction de l�Etat malien. Objectivement, l�Alg�rie ne s�est jamais r�ellement oppos�e � une intervention militaire. Elle a toujours d�clar� qu�elle soutenait une lutte sans merci contre le terrorisme, d�o� la d�cision de cr�er le Comit� d'�tat-major op�rationnel conjoint (C�moc). Donc dans l�absolu, cette situation n�a rien de surprenant. Ce qui est surprenant, c�est la pr�cipitation dont a fait preuve la France d�autant plus qu�il �tait pr�vu de donner la priorit� � une approche politique pour essayer de dissocier entre les organisations qui ont des revendications politiques et les groupes terroristes. La d�cision d�Ansar Dine de se joindre � Aqmi et au Mujao pour envahir le sud a totalement chang� la donne, for�ant ainsi un changement dans la position alg�rienne et d�clench� une nouvelle situation sur le terrain. M�me les Etats-Unis, qui ont pourtant soutenu la France dans l�intervention �chou�e en Somalie, semblent avoir �t� pris par surprise concernant l�intervention au Mali.
L�option d�un dialogue inclusif, avec la participation active d�Ansar Dine, a-t-elle �t� une erreur des autorit�s alg�riennes ?
Il faut reconna�tre que c�est une approche difficile, mais elle a eu tout de m�me l�aval des Etats-Unis. L�Alg�rie a tent� de donner la priorit� au dialogue politique avant de s�engager dans une aventure militaire dont les cons�quences peuvent �tre d�sastreuses pour la r�gion. Quoi qu�il en soit, l�option politique demeure d�actualit� car m�me avec l�op�ration militaire, les revendications politiques des populations du Nord doivent �tre prises en charge sinon l�instabilit� perdurera encore plus longtemps. Il faudrait aussi conna�tre les r�percutions que ce conflit militaire va engendrer. Pour l�Alg�rie, l��tape actuelle consiste � fermer herm�tiquement ses fronti�res. Elle avait d�j� commenc� � les renforcer, ce qui pr�suppose qu�elle s�attendait � une intervention militaire de la France.
Vous avez pr�cis� que la France a agi dans la pr�cipitation. Pourquoi le pr�sident Hollande a-t-il agi aussi rapidement pour engager ses troupes au Mali ?
Il est certain que cette intervention favorise la position de Fran�ois Hollande d�un point de vue interne. Cet engagement militaire a surpris ses adversaires. Hollande, qui a toujours �t� accus� d��tre ind�cis, a d�montr� qu�il peut agir avec fermet�. Comme aux Etats-Unis, on juge tr�s souvent un pr�sident par sa capacit� � prendre des d�cisions graves, telles qu�envoyer des soldats vers des terres �trang�res. G�n�ralement, le pr�sident re�oit le soutien non seulement de la population mais aussi celui de l�opposition, sans oublier celui des pays de la C�d�ao, de l�Union europ�enne et des Etats-Unis. Hollande a obtenu cette mobilisation. La classe politique, ainsi que les Fran�ais en g�n�ral, vont se focaliser beaucoup plus sur la politique �trang�re que sur les probl�mes internes. Aussi, la France a des int�r�ts � d�fendre dans cette r�gion et cela inclut aussi la protection de ses citoyens au Mali. Le gouvernement fran�ais utilise cet argument pour prot�ger d�autres int�r�ts non destin�s � la population et de justifier l�intervention militaire. C�est ce qui explique d�ailleurs pourquoi l�opposition n�a pas critiqu� l��chec de l�op�ration commando en Somalie. Le gouvernement peut arguer qu�il a agi fermement pour lib�rer son otage, un membre des services de renseignement.
Certaines informations font �tat d�une forte r�sistance des djihadistes. Le spectre d�une �guerre longue et difficile� se profile d�j�. La France a-t-elle les capacit�s de s�engager dans un tel conflit ?
Je pense que la France risque fort bien de s�embourber dans ce conflit. Il est important de rappeler tout d�abord que cette situation est en partie le r�sultat de l�engagement de la France en Libye. Tous les groupes pr�sents au Mali � MNLA, Ansar Dine, Aqmi et Mujao � ont profit� de la crise libyenne pour s��quiper en armements sophistiqu�s. Nul ne conna�t l�issue de cette op�ration. Avec son �conomie actuelle, la France ne pourra pas g�rer une guerre � long terme sans cons�quences internes.
Quelles seraient les cons�quences d�un �chec de cette op�ration ?
Tout d�pendra de sa dur�e. Le risque est qu�il y ait une mobilisation des djihadistes � un niveau international. A ce titre, il faudra suivre de pr�s la r�action de certaines milices libyennes qui pourraient rejoindre le front antioccidental au Mali. Il faut �galement s�attendre � des attaques terroristes dans les pays occidentaux, � commencer par la France. Sur le plan r�gional, il y a un risque s�rieux de d�stabilisation. Voyez l�Afghanistan, les op�rations militaires durent depuis plus de onze ans et rien n�a �t� r�gl� pour autant. L�initiative de l�Alg�rie visant � s�parer les organisations politiques des groupes terroristes �tait une d�marche rationnelle mais elle est venue un peu tard. Les autorit�s alg�riennes auraient d� intervenir militairement avec les pays du champ dans le cadre du C�moc. L�Alg�rie aurait d� nettoyer le nord du Mali pour prot�ger ses fronti�res. Elle aurait pu prendre le �drive�s seat� alors que maintenant elle est forc�e d�intervenir aux c�t�s des forces �trang�res � la r�gion ; elle avait clam� haut et fort qu�elle ne souhaitait pas une telle situation. A pr�sent, elle l�a � ses portes. Il ne fait aucun doute que le pr�sident Hollande a r�ussi son coup en ce sens qu�il a forc� la main aux Etats-Unis et � l�Alg�rie pour les impliquer dans ce conflit. L�Alg�rie fait face � un des plus graves dangers depuis son ind�pendance.
L�Alg�rie a p�ch� par l�galisme ?
Un peu, elle a pouss� la notion de non-ing�rence au-del� de ses limites. Elle aurait d� entreprendre une action militaire l�gitime pour aider son voisin qui le lui demandait. La Mauritanie n��tait-elle pas bien intervenue au Mali ? L�Alg�rie aurait d� faire de m�me puisqu�elle avait l�aval des autorit�s maliennes. A quoi alors a servi le C�moc ?


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