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L'entretien de la semaine
Mme Samia D., psychologue clinicienne, chargée de la prévention des troubles du comportement et des difficultés scolaires, au Soirmagazine «la violence verbale est incontestabl
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 01 - 2014

Certaines incivilités sont aujourd'hui à déplorer chez les jeunes, même en milieu scolaire. Nombre de professionnels de l'éducation, enseignants, chefs d'établissements scolaires, ou les parents eux-mêmes disent d'ailleurs que les enfants sont devenus de plus en plus grossiers, en communiquant, ou bien à la cantonade. Mme D. Samia, psychologue clinicienne exerçant au secteur public, chargée de la prévention des troubles du comportement et des difficultés scolaires, nous éclaire sur ce sujet.
Soirmagazine : pouvez-vous nous définir la violence verbale ?
Mme Samia D. : Il n'est pas précisément indispensable de faire une description linguistique détaillée des gros mots les plus couramment utilisés par nos jeunes. Mais le plus important, c'est de comprendre et étudier la violence verbale sur le plan social, et déterminer exactement ses risques et ses effets sur la violence en général, un fléau qui ne cesse de prendre de l'ampleur, surtout en milieu scolaire. Dans notre société, il existe deux sortes de violence verbale : elle peut être directe, c'est-à-dire brutale et spontanée, exprimant en général des provocations, des menaces et parfois des insultes, mais il y a aussi la violence sournoise, beaucoup plus observée entre copains et camarades de classe. Elle constitue une forme de harcèlement mais également pour dénigrer et monter les gens les uns contre les autres. Donc elle est à considérer aussi comme un outil, utilisé par certains individus pour satisfaire certains enjeux relationnels.
Mais quoi qu'il en soit, la violence verbale provoque chez l'autre un malaise moral, et un sentiment d'injustice et de découragement, qui risquent d'avoir des conséquences fâcheuses.
Comment expliquez-vous la perception de cette attitude chez les jeunes ?
On assiste, ces derniers temps, à une étrange transformation du langage, c'est en quelque sorte un jeu de mots vulgaires et sans aucune finesse. Le langage grossier devient par la force des choses un langage couramment utilisé, donc banalisé par les jeunes. Il s'agit pour eux d'exprimer une forme de virilité et de méchanceté, comme on dit en arabe «radjla». Il devient alors un mode d'agir social. Donc proférer des insultes n'est pas forcément un acte injurieux. Alors, pour dire qu'il s'agit vraiment de violence verbale, au sens propre du mot, à mon avis, on doit systématiquement déterminer les conditions et les situations exactes, dans lesquelles l'injure a été proférée, à savoir l'identification et l'intention de l'auteur de cet acte, ou bien les conséquences des mots prononcés. Ainsi, on ne parle d'injure que lorsque celle-ci déclenche des réactions fâcheuses.
C'est comme si on cherche à poser un diagnostic dans le domaine médical. Mais la violence verbale reste le résultat d'une évolution négative du langage qui relève généralement de l'imitation aveugle chez les adolescentes et les jeunes adultes qui cherchent toujours à s'identifier à des personnes considérées comme leaders et malheureusement, des fois, il est question de parents. Mais certains changements ont pris aujourd'hui des formes particulières, ils sont partie prenante du langage courant même dans le milieu familial, où des gros mots sont purement et simplement banalisés, comme par exemple le mot «con» et «salope» dans la langue française.
Des mots qui peuvent en même temps être utilisés dans les insultes et les agressions.
Décidément, la vulgarité est devenue par la force des choses un moyen particulier de communication utilisé notamment dans des situations bien précises : on veut faire parler de soi, ou on veut violenter l'autre. Donc le problème est beaucoup plus complexe.
Quelles sont les couches sociales les plus touchées par ces incivilités ?
Aujourd'hui, l'usage langagier n'est plus fonction des écarts des normes sociales sur le plan socioéconomique. Les bonnes mœurs des classes sociales aisées et des familles autochtones conservatrices ne sont plus régies par les comportements et les civilités comme au bon vieux temps.
La violence verbale est devenue plurielle et quasi généralisée dans les espaces publics. Elle obéit incontestablement aux changements, comme par exemple la généralisation du téléphone portable et l'internet, qui sont aujourd'hui à la portée de tous. A mon avis, c'est le même contexte.
Je dirais qu'il n'y a pas forcément de couches sociales qui sont plus touchées par ce fléau que d'autres. Donc la violence verbale est aujourd'hui présente à tous les étages de la société, même chez les politiques. Donc, elle n'est plus le monopole des enfants mal polis et des personnes de mauvaises mœurs. Malheureusement, elle apparaît comme une arme plus accessible pour dominer, humilier et insulter
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
En Algérie, la vulgarité et l'agressivité verbales tournent essentiellement autour de la religion et du sexe, elles prennent le plus souvent des formes très choquantes. Ce phénomène se traduit chez certains adolescents et jeunes adultes par un désir ardent de franchir des limites et des interdits, à travers l'usage des gros mots.
Ils se reconnaissent dans ce langage grossier. Les causes de ces dérapages sont multiples, cette catégorie de personnes utilise des gros mots pour transgresser les interdits, la pudeur et les bonnes mœurs.
Peut-on qualifier la violence verbale de symptôme traduisant un dysfonctionnement social ?
En effet, la violence verbale n'est pas seulement un langage ou un simple échange de mots grossiers. Mais il s'agit d'un signe annonciateur de malaise et de frustration chez celui qui en use et abuse, du fait qu'elle se manifeste contre soi par le blasphème et le sentiment de culpabilité. Finalement c'est un symptôme qui exprime l'émotion et la souffrance.
Elle provoque chez l'autre un sentiment de faiblesse et d'injustice, car ce dernier subit la provocation, l'humiliation, la menace et l'injure.
Donc la violence verbale est incontestablement un signe de malaise social. Mais il est primordial de comprendre les désirs et les empêchements des uns des autres, notamment l'adolescent en plein développement. Ce dernier utilise généralement un langage grossier quand il a une nette envie de s'affirmer face à l'autre. Mais en tant que spécialiste, je penche plutôt pour un acte de faiblesse.


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