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Tendances
Meriem Akroun, une leçon de vie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 09 - 11 - 2016


Youcef Merahi
[email protected]
J'ai assisté à nombre de ventes-dédicaces, ici et ailleurs. La vente-dédicace est devenue un effet de mode littéraire. L'auteur se met face à ses lecteurs, se taille une discussion, prend la pause du stylo, dessine des sourires, présente son œuvre, demande le nom du fan, rédige une dédicace, appose une date et signe son ouvrage, pour la postérité. Mais la dernière vente-dédicace à laquelle j'ai assisté avait un goût si particulier qu'à la fin, j'ai ressenti une certaine tristesse m'envahir. Pas cette tristesse négative. Non, celle qui structure la pensée. Fouette le sang. Et booste la main. La librairie Omar Cheikh nous a réservé un moment de partage, de poésie, de rêve et de courage, que je n'ai pas rencontré depuis des lustres. Cet après-midi a été, pour moi, une leçon de vie. Comme celle que l'on reçoit très rarement. Comme celle que l'on n'oublie jamais. Comme celle qui claque comme une gifle d'hiver. Comme celle qui nous montre la mièvrerie de nos plaintes.
Cet après-midi là, j'avais en face de moi un immense poète. Un être de démesure. Un géant de la vie. Une usine d'optimisme. De rêve. De bonheur. Oui, j'ai vu le bonheur irradier le regard de Meriem Akroun, l'auteure de Face à la mer, son second recueil de poésie, édité par la maison Tira. A la limite, je pourrais ne pas parler du livre, mais plutôt du poète. Meriem Akroun est une handicapée, comment dire, qui nous prouve en fait que les handicapés comme elle donnent une leçon de lucidité à nous, tout simplement. Personnellement, je me suis senti handicapé face à cet océan de courage. D'amour. De bonté. De lucidité. Et de combativité. Je le dis comme je le pense. Je ne fais aucun calcul. Beaucoup de valides n'ont pas le dynamisme de ce poète. Cette grande dame ! Meriem Akroun n'a d'autre lien avec autrui que par le regard, le geste brisé et son ordinateur qu'elle manipule comme une pro. Elle est fixée sur un fauteuil roulant ; elle ne parle pas, sinon par un doigt qui se lève comme une promesse d'éternité. Elle n'a de lien avec le monde extérieur que par l'écriture. Ah, l'écriture, la poésie, les mots… Ce viatique auquel elle ne cesse de s'accrocher pour dire, doucement, qu'elle existe. Qu'elle est parmi nous. Qu'elle a un cœur qui bat, qui aime. Qu'elle a une âme pure de l'oiseau céleste. Laissons dire Meriem Akroun : «L'écriture a fait de moi une fille libre et heureuse. Oui je suis heureuse d'être accueillie et entendue parmi les poètes et écrivains (…) L'écriture ne vieillit pas. Elle a connu les machines à écrire, les plumes avec leur encre, les stylos, les ordinateurs et même les portables. Elle continue de transmettre des messages, des émotions, une magie absolue» (p. 9). Oui, tu as raison, Meriem, une magie absolue ! Pourtant, ce poète ne s'embarrasse pas de formules alambiquées pour dire le message poétique, elle le dit avec les mots de tous les jours : «Oui, je me mets à nu dans mes textes et je le ferai jusqu'à mon dernier soupir» (p. 10).
Mais qui es-tu donc, Meriem Akroun ? J'aurais voulu te poser beaucoup de questions qui me trottaient dans la tête, cet après-midi de partage à Tizi-Ouzou. Te connaître. T'approcher. Te comprendre. Je n'avais de cesse de quêter une réponse de ton regard qui disait la joie de vivre. La joie de partager un moment poétique, magique. La joie de nous faire découvrir ton travail, ton lien avec toi-même et les autres. Mais en lisant Face à la mer, j'ai eu une réponse déconcertante de franchise, de spontanéité et de ferveur : «Je suis un cœur à prendre, un cœur à comprendre (…) Je suis l'oiseau qui voudrait voler mais ses ailes ne fonctionnent pas (…) Je suis une île qu'on visite, une porte qu'on pousse (…) Je suis la feuille d'automne qui se laisse tomber/Je suis un souvenir de mon propre passé (…) Je suis une survivante qui sait que la vie ne fait pas de cadeau/Je suis la vie/Entre soleil et pluie/Je suis»(p.12). J'ai lu et relu ces vers, jusqu'à satiété. Dans ce monde de mensonges et de tromperies, j'ai lu un Etre de Lumière. J'ai admis cette Vérité. J'ai apprécié la tonalité de ces vers. J'ai conjugué le temps d'une déclamation poétique le verbe «être» dans toute sa plénitude. J'ai envoyé paître, comme Meriem Akroun, le paraître mensonger et fastidieux du quotidien. En page 15, le poète me lance une question lancinante, «Et alors !» Je voulais en savoir plus. J'ai vu ton regard s'éclairer d'une lumière ineffable quand j'ai déclamé ce poème. Et puis le suivant. Et l'autre. Et alors, donc : «Ma chaise roulante/A pris la place de mes jambes/Et alors ?/Je ris de ma maladie/Et alors ?/Je tourne en dérision/Ce qui est dérisoire/Et alors ?/Je veux ma place/Et pas plus que cela dans cette société/Et alors ?/Je cherche mon âme sœur/Et alors ?/Un amour fou près de moi/Je le sais, je le sens/Je suis prête/Et alors ?/Pleurez si vous voulez/Riez si vous pouvez/Basta de vous et puis/Je me fous de moi-même/Et alors ? (p.15).
A chaque fois dans tes textes, tu cites «leur» monde et «ton» monde. Tu as peut-être raison, nous ne sommes pas tous dans le même monde. A chacun sa route. La tienne, c'est celle que le destin t'a tracée. T'a ordonné de suivre. Tu le fais avec constance. Avec patience. Avec pertinence. Tu formules l'espoir fou que les gens se prendront par la main. Et construiront un monde uni. Un monde fraternel. Un monde sans sectarisme. Sur ta chaise, tu regardes le monde bouger drôlement, sans un regard pour ceux qui, sur le bord de la route, voient leur destin jouer à la roulette russe. Tu regardes les gens courir derrière le futile, l'inutile et le succédané. Tu regardes l'agitation du monde pour une once de pouvoir. Un pécule. Un moment de gloire. Alors que toi, Face à la mer, tu nous indiques les horizons de tous les possibles. Et alors ? me diras-tu. Chacun fait comme il l'entend. Comme il peut. Comme il veut. On se trompe tous. Je ne sais pas comment finir cette chronique, ni comment sortir de «ton» monde. Néanmoins, merci Meriem de cette leçon de vie !


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