"Si on veut poursuivre v�ritablement Bachir Frik, il faut le faire sur quelque chose de solide. Je suis blas�. Je suis quelqu'un de bon mais voil� que ma honn�tet� me conduit aujourd'hui devant un tribunal criminel." L'ex- wali d'Oran signe et persiste. Il refuse d'�tre accus� de "voleur" ou d'avoir "dilapid� les biens de la collectivit�". Ce samedi, quatri�me jour du proc�s, le tribunal criminel sous la direction de sa pr�sidente Mme Benyoucef a poursuivi l'audition de Bachir Frik sous l'œil attentif du repr�sentant du minist�re public. Mais il n'en demeure que le fait marquant de ce quatri�me jour du proc�s reste incontestablement les r�v�lations faites par l'ex-premier magistrat de la deuxi�me ville d'Alg�rie. Des r�v�lations qui tracent d'ores et d�j� les contours des plaidoiries des avocats de la d�fense. "Je ne peux refuser la demande d'un g�n�ral ou d'un ministre." Pour son deuxi�me jour d'audition, l'ex-wali d'Oran a maintenu l'hypoth�se du complot mont�e de "toutes pi�ces par les forces occultes". Ajoutez � cela, dira-t-il � la pr�sidente du tribunal, que "ma g�n�rosit� envers les Oranais n'est plus � d�montrer". Bachir Frik rappelle au tribunal criminel les r�sultats r�alis�s qui � ses yeux sont "la meilleure preuve de mon passage � la t�te de cette importante ville d'Alg�rie". En somme, il dira qu'il est parti � Oran "pour travailler dans une p�riode tr�s difficile o� la mission du wali �tait celle de maintenir la paix sociale � tout prix". L'intervention de l'ex-wali d'Oran est suivie de pr�s aussi bien de la part de la composante du tribunal criminel que de la part des avocats de la d�fense et du procureur g�n�ral. C'est � ce moment pr�cis que Bachir Frik dira � la pr�sidente du tribunal : "Durant mon passage � la t�te de la wilaya d'Oran, je subissais des pressions venant de partout et je ne pouvais refuser des demandes �manant d'un g�n�ral ou d'un ministre." Un silence total r�gne dans la grande salle d'audience, notamment lorsque le pr�venu cite les mots g�n�ral, commissaire de police, ou pressions provenant des hautes autorit�s du pays. C'est ainsi qu'il parle du cas d'un g�n�ral fonctionnaire au niveau de la deuxi�me R�gion militaire qui "m'a demand� d'attribuer un lot de terrain � un proche � lui ", ou encore "les interventions de la part de la pr�sidence de la R�publique au profit d'une tierce personne pour lui attribuer un terrain communal dans le but d'y construire une coop�rative immobili�re. Bien s�r, j'ai refus� en pr�servant les int�r�ts de la collectivit�. Mais, h�las, voil� ce que je r�colte aujourd'hui." "Si vous avez fait l'objet de pressions pour avoir refus�, c'est parce que auparavant vous avez servi tous ces gens-l� ? ", remarque la pr�sidente du tribunal et d'ajouter : "Pour le petit peuple, il n'y a rien. Il n'y a que les P-DG, les g�n�raux, les ministres qui vous int�ressent ?" "Absolument pas, Mme la pr�sidente. Je vous parle des pressions que j'ai subies. Croyez-moi, Mme la pr�sidente, c'est un coup mont� contre moi", dit-il. "Ils �taient plus intelligents que moi. Ils m'ont eu" Les questions pos�es par le repr�sentant du minist�re public sont �troitement li�es aux chefs d'inculpation contenus dans l'arr�t de renvoi. Il s'agit notamment du local attribu� par l'OPGI � l'�pouse de Bachir Frik � la cit� USTO ou encore du lot de terrain � b�tir pour un op�rateur pour la construction d'une clinique. "Expliquez-nous comment trois ans apr�s, ce local vous l'avez revendu." "Une fois nomm� � la t�te de la wilaya d'Oran, ma famille a laiss� tomber son projet (construction d‘un atelier de confection, ndlr)", dira Bachir Frik qui refuse pour la deuxi�me journ�e cons�cutive l'accusation de "d�tournement de biens publics". L'ex-wali d'Oran recentre les d�bats et maintient l'id�e de complot. La pr�sidente du tribunal fid�le � elle-m�me rappelle � l'ordre Bachir Frik et lui demande d'�tre pr�cis dans ses propos "pour �viter d'accuser les gens � tort". Se r�f�rant � des notes port�es sur des bouts de papier, l'ex-wali d'Oran indique que dans cette affaire, "il n'y a rien de gravissime. Le parquet g�n�ral coupe Frik et demande � la pr�sidente de revenir � l'essentiel du dossier. La d�fense hausse le ton et crie � l'intimidation de la part du repr�sentant du minist�re public. "Du calme, s'il vous pla�t. Que toute la v�rit� soit dite dans cette affaire ! ", mart�le la pr�sidente du tribunal criminel � chaque fois que les avocats de la d�fense et le repr�sentant du minist�re public se dirigent droit vers la confrontation. L'audition de Bachir Frik prend fin vers les coups de 16h. Place aux t�moins. Ces derniers, au nombre d'une dizaine, sont appel�s � r�pondre aux questions des avocats du repr�sentant du minist�re public et de la pr�sidente du tribunal criminel. Ces auditions qui ont d�but� � 16h30min sont appel�es � lever les zones d'ombre sur des questions qui ont �t� jusque-l� occult�es par les pr�venus. Il s'agit �galement pour les avocats de la d�fense de se pr�parer � la plaidoirie. Mais avant cela, le tribunal criminel est appel� � entendre les conclusions de l'expertise. Une �tape tr�s importante de ce proc�s. Pour un grand nombre d'observateurs, le proc�s de l'ex-wali d'Oran est appel� � conna�tre des rebondissements � compter du cinqui�me jour. L'intervention du minist�re public est pr�vue pour aujourd'hui. Il s'agit d'une autre phase importante d'un proc�s qui durera encore dix jours. Abder Bettache