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LETTRES D'ESPOIR
R�ves en majuscules Par Ma�mar FARAH [email protected]
Publié dans Le Soir d'Algérie le 15 - 06 - 2006

Hier, en parlant � Mohamed Benchicou au t�l�phone, j��tais tout �branl� d�entendre sa voix� Il me semblait affaibli, mais peut-�tre que c��tait l�effet de l��motion. Mohamed m�a affirm� qu�il a tenu gr�ce � la solidarit� des siens : sa famille, ses confr�res et ses amis. Il m�a dit qu�il me prenait au mot et qu�il viendrait � Madaure pour le m�choui ! Promis ! En cette heureuse occasion, j�ai choisi de republier quelques �PS� � une toute petite partie � parmi ceux qui ont accompagn� cette chronique tout au long des deux derni�res ann�es.
P. S. : A Mohamed Benchicou : Le jour o� je quittais Alger, et sur la route, j�apprenais que tu as pu voir ton fils au tribunal. Grand moment d��motion. On me l�a d�crit en d�tails et je n�ai pas pu emp�cher une larme d��merger de je ne sais o�. Oui, les hommes pleurent parfois. Et, g�n�ralement, ils se cachent. J�ai tourn� la t�te vers la vitre de la voiture qui roulait � toute vitesse sous les cimes de Lalla Khedidja. Et j�ai cru voir la montagne pleurer�
P. S. : A Benchicou, je d�die ces vers en l�assurant du soutien de tous les braves d�Alg�rie. D�j� cinq mois et quelques poussi�res� Il ne reste pas beaucoup� Dans quelques secondes, tu seras libre� Demande � Mandela� Il te le dira�
P. S. : Benchicou est en prison depuis bient�t 6 mois. La moiti� d�une ann�e sous les verrous. Son journal est arr�t�. Son entreprise d�mantel�e. L�immeuble de sa soci�t� vendu aux ench�res. Mais l�Alg�rie ne l�oublie pas. Et si cela peut le r�conforter, je le lui dis du pays profond, l� o� l�on ne fait pas de politique dans les salons dor�s, l� o� les engagements de la nuit ne fondent pas comme du beurre aux premiers rayons du soleil.
P. S. : Hier, quand nous parlions du mouvement citoyen kabyle, de la plate-forme d�El Kseur et de Bela�d Abrika, nous �tions �manipul�s� par la �main de l��tranger�, larguant de �l�huile sur le feu�. Ceux qui nous taxaient ainsi traitaient Abrika et les arouch de tous les noms ! Finalement, nous avions raison et ils avaient tort. Benchicou et Le Matin avaient raison et la t�l�vision avait tort ! (�) Ils avaient tort, mais un jour ils le reconna�tront� Nous avions raison de traiter certains barons de �voleurs�, eux qui piquent tout, jusqu�aux terres du domaine symbole de la Trappe, arrach�es � Borgeaud par le sang et les larmes. Que penserait le chahid Bouchaoui � qui a donn� son nom � cette ferme mythique � de ce qu�un confr�re appelle �le d�pe�age de l�Alg�rie fonci�re � ?
P. S. : Apr�s avoir �chapp� � la mort par la main des terroristes, Mohamed Benchicou est l� o� devraient �tre ceux qui ont fauch� ces cent fleurs (NDLR : par rapport � la chronique qui traitait des cent journalistes assassin�s par les terroristes).
P. S. : Mohamed Benchicou : lui, c�est un vrai journaliste ! Un patriote dont l�image restera vivace quand nous dispara�trons, nous et ceux qui nous gouvernent, emport�s par les vagues impitoyables d�un oc�an nomm� Temps. Il restera comme le symbole de ceux qui r�sistent � l�absolutisme.
P. S. : Et pendant ce temps-l�, la neige fait des ravages � l�int�rieur du pays. Je le vois de ma fen�tre et je l�entends de la bouche de ceux qui vivent aux alentours. Leur vie est un enfer, avec la chaleur en moins� Et pendant ce temps-l�, un homme innocent boucle son huiti�me mois dans une sinistre cellule d�El Harrach. Froide, froide, froide�
P. S. : Chaque mardi, jour de grand souk, on sort le prisonnier de sa ge�le et on le transporte � bord d�une carriole tra�n�e par deux pauvres mulets cribl�s de coups par la foule d�cha�n�e qui hue le cort�ge. Elle demande la t�te de ce nouveau �tra�tre� qui a os� dire des malveillances sur la Cour. Chaque mardi, on revient au Moyen-Age et Mohamed Benchicou est oblig� de faire le va-et-vient entre la prison et le tribunal o� la liste des affaires ne cesse de s�allonger. Des proc�s contre un journal qui ne para�t plus et un prisonnier qui croupit au fond des cellules ! Mais ce qui frappe le plus les observateurs restent cette assurance et cette forme qui en disent long sur le moral de Mohamed. C�est le sourire du juste et la s�r�nit� de l�homme digne qu�aucune force au monde ne pourra faire plier.
P. S. : Nous avons bien compris le message communiqu� par ton �pouse et cela ne nous �tonne pas de toi, embl�me de la libert� encha�n�e dans ce pays, l�homme qui refuse le compromis et la compromission et qui restera, pour les futures g�n�rations, un symbole vivant qu�aucune man�uvre de bas �tage ne saura alt�rer ! Ce n�est pas Mohamed Benchicou qui acceptera de se coucher pour qu�on le lib�re ! Non, pas toi ! En fait, les rumeurs distill�es par ceux qui changent de veste � chaque saison ne font qu�avilir ces tristes marionnettes balay�es d�j� par les vents de l�histoire.
P. S. : Mohamed Benchicou, qui devait avoir beaucoup d�amis, avant la dure �preuve qu�il subit, doit �tre bien d�accord avec moi lorsque je parle de ces petites l�chet�s des gens qui nous entourent. Mais ne t�en fais pas, Moh, tu deviendras un h�ros ! Chiche ? Je prends les paris� Bien que, personnellement, je consid�re que tu en es un d�j� !
P. S. : (�) Quant � Mohamed Benchicou, j�aurais tant aim� qu�il soit r�compens� par le prix d� El Khabar, sans renier le choix qui s�est port� sur la courageuse journaliste italienne. J�ai connu Omar Ourtil�ne quelques semaines avant le lancement d� El Khabar. Il venait chaque matin � la fen�tre de mon bureau � qui donnait sur cette belle all�e de la Maison de la Presse � pour prendre des nouvelles du Soir d�Alg�rie, premier quotidien ind�pendant. C�est ce que j�ai retenu de cet homme, simple, courtois, authentique, profond�ment passionn� de journalisme, qui m�autorise � dire aujourd�hui qu�il aurait �t� vraiment heureux de voir le prix qui porte son nom honorer le combat d�un des n�tres : le c�l�bre prisonnier d�El- Harrach. Sans rancune.
P. S. : Quelqu�un m�a pos� une bien curieuse question : �Mohamed Benchicou est-il de chez toi ? Il me semble que oui � voir la mani�re acharn�e avec laquelle tu le d�fends !� Ainsi, il nous faut �tre du m�me coin, du m�me douar, de la m�me r�gion pour nous sentir proches les uns des autres et nous entraider ! Cher ami lecteur, je te donne finalement raison : je sens que je suis de la m�me tribu que Benchicou, Hafnaoui Ghoul, Djellouli, Abrika et cet obscur militant du mouvement citoyen du Sud. Ce qui me manque, c�est simplement leur courage� Tu vois, ils ont beau �tre respectivement de M�d�a, Djelfa, Oran, Tizi Ouzou ou Adrar, et moi de M�daourouch, nous habitons en fait la m�me ville et la m�me rue. Pour venir chez nous, prends la route des hauteurs et demande le chemin de la cit� des hommes debout, rue de la dignit�
P. S. : Si Benchicou �crit une lettre du fond de sa cellule, elle sera certainement censur�e comme l�exige la r�glementation en vigueur. Mais si Benchicou r�ve, ils seront dans l�impossibilit� de le censurer. Alors, r�ve, Mohamed ! R�ve aux grands espaces de nos r�ves de jadis, d�ploy�s comme les ailes de l�espoir sur le monde des petites gens qui ne r�vent plus ! R�ve comme un grand canard sorti des tripes de la nuit, du ventre de la rotative, enfant� par tant de combats, fils l�gitime du g�nie et du courage. R�ve au Matin de ceux qui attendent la lev�e du jour et qui savent qu�il se l�vera t�t ou tard ! Le Matin est fait pour vivre dans la premi�re lueur de l�aurore, � l�heure o� les petits travailleurs arpentent les rues pour porter la galette chaude aux enfants. R�ve en majuscules et en couleurs pour oublier la hideur de ce monde minuscule et gris !
M. F.
P. S. Il n�y aura plus de postscriptums. Le prisonnier est libre.


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