Sublime joyau de la musique populaire Vous avez peut-�tre entendu, � d�faut d'�couter, certaines chansons moult fois � tel point qu�elles sont devenues famili�res � vos oreilles sans toutefois les comprendre totalement et n�en retenir que quelques bribes que d�aucuns vous traduiront dans un �cran de fum�e. Et pourtant quel plaisir vous trouvez � les r��couter sous des airs diff�rents, par des voix �manant de tous les genres qui font la richesse tant m�connue du melhoun. J�aimerais, en toute humilit�, en guise d�exemple vous parler d� Ecchema� du cheikh Mohamed Benseghir, chant�e � ma connaissance par l�immense Dahmane Benachour, le �crooner du cha�bi� tant regrett� El Hadj El Hachemi Guerrouabi et le sublime Amar Ezzahi. Je crois m�me que le ma�tre Mohammed Tahjar Fergani s�y est d�ploy� mais je n�ai pas eu la chance d��couter la version qu�il en a donn�e. Il faut savoir que le th�me d� Ecchema� a �t� investi par une vingtaine de po�tes parmi lesquels on retrouve El Djilali Mthired c�l�bre chez nous par Ya Dif Ellah et Si Touhami El Medeghri connu pour Ma�l Djefni. Cheikh Mohamed Benseghir est originaire d�Asfi (pr�s de Rabat) et a v�cu � Essaouira au Maroc sous le r�gne de Moulay Mohamed Ben Abderrahmane (1859-1873) de la dynastie alaouite. Il serait mort du temps de Moulay Hassan 1er (1873- 1894) de la m�me dynastie � plus de soixante-cinq ans. A son registre, on note d�autres compositions plut�t satiriques telles que �koulou lel baghdhine �kouli lyame etla�ki et Soub�hane Allah fi tbayae dhennas ainsi qu�un mdih : Medh ersoul la ghirou yaadjabni. Ecchema� est un dialogue entre le po�te et la bougie qui se plaint d��tre triste. La bougie raconte les d�boires qu�elle a subis d�s sa naissance et de l�injustice � se voir utilis�e par les hommes sans rel�che. Apr�s l�avoir �cout�e, notre po�te, par ses r�pliques, la r�concilie avec sa vocation de lumi�re et lui souligne les privil�ges qu�elle a de p�n�trer dans ces lieux secrets qui lui sont inaccessibles o� se pavanent les belles femmes et les �talons masculins. Il lui fait sentir combien elle touche la beaut� du doigt. Cette pi�ce est une des le�ons d�amour du melhoun. Refrain Aradjil lillah ya ecchemma� oua�lach a�lik dhel bka ouennass fi lefrah Mal dmoua�k ghir then�hmar fouk el�heska tbouh besser ahtila Reviens � Dieu � toi la bougie, � quoi bon ces pleurs alors que les gens festoient. Pourquoi tes sanglots sanglots ruissellent-ils de charme sur le bougeoir ? Couplets Yadra enti maouloua� bel houa ouella �kassek rih elghram ya zinet eddouah laboud el ma�chouk yena�dher zaida fi bkak ma ouedjena lek hila Alors serais-tu la romantique ou celle que le vent de l�amour a secou�e toi la porteuse des beaux anneaux � tes oreilles ? Bien s�r qu�il faut compatir avec l�amoureux et toi qui ne cesse de pleurer devant nos yeux impuissants. Ouella mahboub kan andek djafi ouala tlalou yerdjaa lelmerkah ma rina mel saleb elghaddar hadhakh elghih men faalou elkalila Ou alors avais-tu un amoureux qui est parti sans qu�il daigne revenir ? A-t-on rencontr� qui croise les fers avec celui qui trahit ? Efface de ton esprit le tra�tre pour ses petitesses. Ouella bghiti torksi ma bin leriem kama reksou ryamna djedd bghir mzah. Bel ala oue nghayem leoutar ennesouan ma� ecchkih Ou bien tu aurais aim� danser parmi les gazelles (femmes) comme ont dans� nos belles avec talent et sans retenue sur des airs de nos instruments accompagnant le cheikh pour cette nuit. Oulla Gherti men le�ouarem meouchoumat ler�kab cherbou kissan errah. Ena�srou lekhdoud bla a�ker ouentya ma ouedjdnalek tahlila Serais-tu jalouse de nos belles compagnes au cou tatou� d�gustant le nectar et dont les joues ont rougi sans fard alors que toi tu restes inconsolable ? Kaletli nourik yalfahem kif djrali tkoul amdalek men ledjrah. Ma sebt leghraibi khbar ana elli kount fel mrateb ahfila Elle m�a dit laisse-moi te raconter � toi l��rudit ce qui m�est arriv� et tu compatiras de ma douleur, moi qui fut au pi�destal de la f�te. Nous parlerons la prochaine fois des malheurs de la bougie et terminerons avec la r�plique du po�te.