Le spectacle de ce qui reste de cette �cole implant�e au milieu du site des chalets de Tamechemache � la p�riph�rie sud de la ville de Bordj-Mena�el est navrant. Des six classes, un bloc administratif et des sanitaires, il ne reste plus rien de cet �tablissement qui n�avait jamais �t� inaugur�, encore moins fr�quent� par les �coliers. Cette �cole a �t� construite pour la prise en charge des enfants sinistr�s et livr�e en 2004. Aux dires des citoyens, celle-ci aurait co�t� 1 milliard 200 millions de centimes � l�Etat. L�estimation est plausible pour la simple raison que cette infrastructure a �t� b�tie sur un terrain en pente et glissant. Des murs de sout�nement en b�ton ont �t� �rig�s pour la stabiliser. Cette derni�re op�ration est g�n�ralement tr�s on�reuse. Selon les citoyens qui se sont regroup�s � notre arriv�e, le dernier pillage concernait le portail m�tallique de l�entr�e principale qui aurait �t� d�mont� par un des occupants des chalets. Les d�g�ts sont tels que le commun des Bordjiens jurerait qu�un ouragan a d�vast� les b�timents en pr�fabriqu�. Ces m�mes Bordjiens ne seraient certainement pas tr�s fiers de ce honteux d�sastre. C�est en effet un v�ritable crime qui a �t� commis aussi bien par les voleurs que les responsables qui ont laiss� cette infrastructure � l�abandon. Les portes, les fen�tres, les tuiles de la toiture et m�me le carrelage ont disparu. Les murs de cloisonnement ont �t� d�truits. Les destructeurs se sont acharn�s sur les classes. Pourtant toutes les autorit�s concern�es, notamment l�APC, la da�ra, la direction de l��ducation et les services de s�curit� ont �t� avis�s d�s que le pillage a commenc�, nous ont assur� plusieurs riverains. �Les gendarmes sont venus, ont pos� des questions et pris des notes puis plus rien�, ont ajout� nos interlocuteurs. Justement, un peu plus tard, un officier nous a d�clar� qu�aucune institution de l�Etat ne s�est manifest�e en sa qualit� de victime. �La loi nous emp�che d�ouvrir une enqu�te sans qu�une plainte soit d�pos�e ou que le parquet nous instruise�, pr�cise-til. Les autorit�s que nous avions questionn�es nous ont avanc� des r�ponses floues et contradictoires les unes que les autres. M. Amara, le P/APC de Bordj-Mena�el, rencontr� lors de la venue du ministre de la Justice dans la localit�, nous a d�clar� que l�APC n�est pas concern�e par ce probl�me parce que, selon lui, cette �cole primaire neuve n�a pas �t� officiellement r�ceptionn�e par la commune. Il nous orienta par cons�quent vers la SUSCH de la ville qui, selon lui d�tient le dossier. Ce service s�av�re finalement non concern� par ce probl�me. Notre correspondant au t�l�phone nous a orient� vers la Slep de Bordj-Mena�el qui repr�sente la Dlep, suppos�e �tre le ma�tre de l�ouvrage de ce projet. �Rapprochez-vous de notre direction, vous aurez toutes les informations. Dans ce probl�me nous sommes couverts�, avions nous entendu au t�l�phone de la part d�un interlocuteur de la Slep qui a requis l�anonymat. Pour Mme Chelah, directrice des �quipements publics et du logement (Dlep) de la wilaya de Boumerd�s, c�est le gouvernement qui a d�cid� l�implantation de cette �cole � cet endroit et il avait confi� les op�rations de financement et du suivi de la r�alisation au Cnic (Centre national d�ing�nierie de construction) d�Alger. �L��cole n�a pas �t� r�alis�e sur le programme de la wilaya�, nous at- elle affirm�. De ce fait, elle n�est pas au courant du co�t de cette r�alisation. La responsabilit� de ce d�sastre incomberait donc directement au gouvernement. Or, joint par t�l�phone, M. Bouchenine, P-dg du Cnic donne une autre version du probl�me. Son �tablissement, selon lui, n�a fait que le suivi technique du b�ti (les 6 classes et les blocs annexes) de ce groupe scolaire r�alis� et financ� par la wilaya de Boumerd�s qui avait arr�t� ses besoins en mati�re d��tablissements scolaires le lendemain le s�isme. Quant aux am�nagements VRD et la construction des murs, le suivi a �t� accompli par une autre bureau d��tudes et la r�alisation prise en charge par l�Urba de Blida. �Pour nous la r�ception provisoire a �t� faite le 10 octobre 2005 en pr�sence du Cnic, de la Dlep de Boumerd�s, de l�Urba de Blida, du BET qui a suivi la r�alisation des VRD et du repr�sentant de la direction de l��ducation de Boumerd�s. Le PV d�ment sign� par ces partenaires fait foi�. De son c�t�, M. Bouregba, secr�taire g�n�ral de la direction de l��ducation (DE) de Boumerd�s, apr�s consultation de ses responsables hi�rarchiques, nous a expos� deux arguments pour d�gager la responsabilit� de la DE. C�est, selon lui, la faute aux parents d��l�ves qui auraient refus� de scolariser leurs enfants dans cet �tablissement. De plus, selon les propos de ce responsable, les APC refusent de prendre en charge les frais de gestion des �coles primaires. Malheureusement, cette �cole, toujours en abandon, serait pratiquement irr�cup�rable. Sarcastique, un jeune ass�nera au moment de notre passage : �Elle doit �tre laiss�e en l��tat pour servir de m�morial � la gloire de l�irresponsabilit� et la n�gligence en cours dans notre pays.� Quelques citoyens que nous avions rencontr�s sur place restent en effet dubitatifs. �Qui payera pour une �cole qui a co�t� aux finances de l�Etat la bagatelle de 1 milliards 200 millions de centimes et qui a �t� laiss� � l�abandon et vandalisme ? Le ministre de l�Education nationale demandera-t-il des comptes � la direction de l��ducation de la wilaya de Boumerd�s ? Le wali de Boumerd�s exigera-t-il des explications au chef de la da�ra et au P/APC de Bordj-Mena�el ? Le procureur de la R�publique ouvrira-t-il une enqu�te sur cette n�gligence et cette scandaleuse destruction ?� s�interrogent-ils. Ces citoyens continueront certainement longtemps � s�interroger sans qu�un quelconque �lu � l�APW, d�put�, s�nateur ou haut responsable s�indigne de cette perte s�che au d�triment des deniers publics.