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Entretien
ENTRETIEN AVEC LE COLONEL ALI HAMLAT, ALIAS EL HADI, ALIAS YAHIA Voil� comment sont n�s les services secrets alg�riens� 1re partie
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 06 - 2008

De mani�re paradoxale, la publication de ce t�moignage doit beaucoup � un universitaire alg�rien qui, dans les id�es qu�il d�veloppe, ne fait pas secret de son hostilit� � l�institution militaire et aux services de renseignements en Alg�rie. Il lui est parfaitement loisible de professer de telles id�es, ce n�est pas cet aspect des choses que je lui reprocherais. Dans l�examen de questions aussi sensibles, je l�aurais, volontiers, invit� � plus de discernement gr�ce � une rigueur m�thodologique plus �prouv�e. En tous les cas, c�est bien par le biais de la lecture critique de l�entretien accord� par Addi Lahouari, durant l�hiver 1999, � l�organe disparu du FFS Libre Alg�rie, que j�en suis arriv� � r�diger ce t�moignage.
Examinant les rapports entre le pr�sident de la R�publique Abdelaziz Bouteflika et l�Arm�e Nationale Populaire, l�auteur s��tait livr�, dans cet entretien, � des raccourcis excessifs qui ne reposaient ni sur une argumentation s�rieuse ni sur des preuves probantes. Ainsi, notre auteur pour �tayer, faussement, un pr�suppos� (M. Abdelaziz Bouteflika fait partie du Malg, les services de renseignements durant la guerre de lib�ration nationale) cultive-t-il l�amalgame entre les structures militaires de la Wilaya V et le Malg, proprement dit.Cela constitue, d�j�, une contre-v�rit� historique. De mani�re plus contestable, cependant, c�est l�aspect moral des propos d�velopp�s par notre auteur qui a le plus retenu mon attention. Addi Lahouari qui, sans les appuyer de preuves irr�futables, s��tait livr� � des jugements de valeur intempestifs sur les cadres de ce fameux Malg �non�ait, avec force assurance, que �ces fameux enfants de Boussouf (�les Boussouf�s boys�) voyaient des tra�tres partout et nourrissaient une haine pour les �lites civiles�. A la lecture de cette sentence, c�est l�image du Commandant Ahmed Zerhouni (Ferhat), depuis disparu, qui s��tait impos�e � mon esprit. Pour ne pas avoir toujours adh�r� aux points de vue de cet ain�, je ne saurais lui d�nier, cependant, ses qualit�s d�intelligence, de disponibilit� aux activit�s de l�esprit ni occulter les relations d�harmonie qu�il entretenait avec une partie importante de l��lite intellectuelle du pays. Convaincu que la sentence prononc�e �nonc�e par Addi Lahouari ne correspondait pas, au moins, au cas de l�officier que je viens d��voquer, je fus amen� � m�int�resser, globalement, � l�encadrement des services de renseignements alg�riens en tentant de recueillir des informations sur l�origine sociale de ceux qui en ont �t� l�ossature, sur leur cheminement intellectuel et leur itin�raire intellectuel. Les recherches effectu�es ont permis de recueillir des donn�es pertinentes sur le caract�re �minemment intellectuel de la d�marche qui, d�s le d�part, avait inspir� les fondateurs des services de renseignement alg�riens. Il s�agissait de regrouper dans un cadre organis� l��lite du pays, de lui faire subir une formation politique et militaire appropri�e pour consolider en elle le sentiment patriotique et encourager les facult�s d�analyse, puis de lui confier les t�ches complexes qu�il fallait assumer dans le cadre de la confrontation ouverte avec la puissance coloniale. Des premiers pas du processus, c'est-�-dire depuis la mise en place des structures de la Wilaya V jusqu�� l�ach�vement, en apoth�ose, de la mission confi�e au Malg, la dimension intellectuelle n�a jamais �t� absente dans les activit�s de renseignements en Alg�rie. Ce t�moignage vise, pr�cis�ment, � corriger une injustice largement cultiv�e � l�encontre de ces �soldats de l�ombre� en levant le voile sur cette premi�re promotion des cadres de la Wilaya V, dont les membres ont, effectivement, constitu�, pour la plupart, l�ossature du Malg. Sur l�origine des stagiaires de cette promotion, le degr� de leur engagement, la qualit� de l�enseignement dispens� et le mode d�organisation des cours th�oriques ainsi que la nature de la pr�paration militaire subie, ce sont les membres de la promotion eux-m�mes qui, l�gitimement, t�moignent. Le Colonel El Hadi n�est, en r�alit� que le porte-parole de tous ses compagnons dont le t�moignage, chaque fois que possible, a �t� recueilli. Il s�agit bien d�un t�moignage collectif m�me s�il s�exprime par la bouche d�un t�moin particulier. Il est souhaitable que ce premier essai soit suivi par d�autres tentatives destin�es � reconstituer le fond commun de l�histoire nationale, y compris ses aspects li�s aux activit�s de renseignements. C�est � ce prix que l�Alg�rie pourra r�concilier sa jeunesse et la convaincre de s�inspirer avec fiert� du combat de ses ain�s. A Bela�d Abdesslam qui �tait en charge de l�enseignement relatif � l�histoire du mouvement national alg�rien, Abdelhafidh Boussouf avait notifi� cette br�ve consigne : �Ces jeunes combattants doivent comprendre que le Premier Novembre n�est pas tomb� du ciel�. Que nos jeunes comprennent que rien ne leur aurait �t� acquis sans le sacrifice de leurs a�n�s. C�est ainsi que se perp�tue l�esprit de d�fense qui fonde les grandes nations.
Entretien r�alis� par Mohamed Chafik Mesbah
Mohamed Chafik Mesbah : Je vous salue amicalement, Colonel Hamlat, vous qui �tes plus connu sous le pseudonyme de Si Yahia. Je vous remercie d�avoir accept� d�accomplir ce devoir de m�moire qui doit, notamment, nous �clairer sur l�apport de l��lite intellectuelle du pays � la guerre de Lib�ration nationale. C�est bien de cela qu�il s�agit puisque notre entretien porte sur l�histoire de la premi�re promotion des cadres de la Wilaya V, compos�e d��tudiants et de lyc�ens et organis�e par le d�funt Colonel Abdelhafidh Boussouf, durant les premi�res ann�es de la guerre de lib�ration nationale�
Ali Hamlat : Oui, c�est une promotion particuli�rement int�ressante dont l�histoire gagne � �tre port�e � la connaissance des Alg�riens. Notez, cependant, que je me soumets � l�exercice avec la condition expresse que les informations dont je fais �tat au cours de cet entretien soient valid�es par d�autres compagnons qui doivent conserver d�autres souvenirs des choses � propos des conditions de d�roulement de cette promotion .Cette promotion est int�ressante en ce qu�elle illustre, notamment, l�aboutissement d�une d�marche intellectuelle laborieuse. Une d�marche initi�e par le d�funt Si Abdelhafidh Boussouf (Si Mabrouk) lequel, tout homme de pouvoir qu�il n��tait pas, �tait tr�s pragmatique. Nationaliste et militant d�termin� de la cause nationale, Abdelhafidh Boussouf avait d�cid�, donc, de cr�er, en Wilaya V, une �cole destin�e � pourvoir l�ALN en cadres de qualit�, intellectuellement outill�s et militairement form�s. Cette d�cision est le r�sultat d�un examen attentif de l��volution de la lutte r�volutionnaire, tout particuli�rement, du syst�me de guerre qui, de mani�re empirique, se mettait, progressivement, en place. La d�marche ne sortait pas des laboratoires d�une �cole savante de type acad�mique. C�est � l��preuve du terrain, suffisamment t�t toutefois, que Abdelhafidh Boussouf s��tait rendu compte qu�il fallait anticiper sur les �v�nements, qu�ils fussent d�ordre politique ou militaire. Sur le plan militaire, tout d�abord, Abdelhafidh Boussouf s��tait rendu compte qu�il ne suffisait pas d�avoir un fusil et d��tre arm� de sentiments patriotiques pour gagner une guerre d�ind�pendance. Abdelhafidh Boussouf s��tait rendu compte que le fusil ne pouvait pas, � lui seul, ramener la victoire. La victoire exigeait l�apport des �tudiants et des intellectuels, c�est-�dire de la s�ve intellectuelle. Je veux dire qu�Abdelhafidh Boussouf avait tr�s vite compris que si la guerre r�volutionnaire devait s�appuyer sur la masse, la victoire �tait subordonn�e � l�implication de l��lite. Sur le plan militaire, justement, Abdelhafidh Boussouf avait pris acte que le moudjahed avait certes rapport� un certain nombre de r�sultats mais qu�ils �taient rest�s, h�las, inexploit�s. La raison ? L�absence de cette s�ve intellectuelle qui donne de la valeur ajout�e au r�sultat brut.
Et sur le plan politique ?
Je n�en ai pas termin� avec l�aspect militaire. Abdelhafidh Boussouf avait, en fait, compris que, dans la conduite d�une guerre r�volutionnaire, la victoire militaire tenait, principalement, � la disponibilit� d�une base arri�re. Une base d�appui pour, � la fois, organiser le soutien logistique aux op�rations militaires men�es � l�int�rieur et assurer la formation des cadres n�cessaires au combat. Le commandement de la Wilaya V, la wilaya la plus �tendue du territoire national, a dispos�, en effet, rapidement de possibilit�s inattendues pour le d�veloppement de l�action r�volutionnaire, sans pouvoir en tirer profit sur-le-champ. Pour preuve, les r�seaux de transmission de l�arm�e fran�aise �taient tr�s d�velopp�s, avec donc des possibilit�s importantes d�intrusion de la part de l�ALN mais celle-ci �tait d�munie de moyens techniques et de cadres rompus � l�utilisation des �quipements, le recueil de l�information et, surtout, son exploitation. Au fur et � mesure du d�roulement de la guerre de lib�ration, il apparaissait combien le d�veloppement du r�seau militaire fran�ais de transmissions offrait de possibilit�s. Il fallait, donc, dans un premier temps, organiser les r�seaux d��coute radio, c��tait capital. C�est le commandant Omar Tellidji, originaire de Laghouat, qui a jou� dans ce domaine, un r�le important parall�lement au d�veloppement des r�seaux de liaisons g�n�rales. C��tait un d�serteur des rangs de l�arm�e fran�aise, officier des transmissions au sein d�une unit� militaire stationn�e au Maroc. Approch� par Si Abdelhafidh Boussouf, il avait accept� d�accomplir son devoir national en rejoignant les rangs de l�ALN. Avec l�aide de certains intellectuels alg�riens originaires d�Oujda dans un premier temps et, dans un deuxi�me temps, avec d�autres Alg�riens qui r�sidaient au Maroc, il a r�ussi � former une s�rie de promotions de techniciens et d�op�rateurs des transmissions. Les Fran�ais se trouv�rent alors rapidement, face � des unit�s militaires de l�ALN parfaitement �quip�es en moyens de transmissions. Ceci n�est pas une digression inutile puisque la formation des cadres de la promotion Larbi Ben M�hidi �tait, notamment, destin�e � former des cadres capables d�exploiter la masse d�informations recueillies par l��coute �chang�es entre unit�s de l�arm�e et entit�s de l�administration fran�aises. Pour recadrer, cependant, le sujet par rapport � la promotion Larbi Ben M�hidi, il faut mettre en �vidence deux autres contraintes militaires apparues au niveau de la Wilaya V et li�es au d�veloppement de la guerre de Lib�ration nationale. La premi�re concernait la mission de contr�le au sein des unit�s de l�ALN. Ce contr�le �tait indispensable pour ma�triser l��volution de la lutte arm�e et r�pondre aux exigences du combat et du commandement. D�autant que la qualit� de l�encadrement militaire des unit�s �tait � parfaire au regard des faibles qualifications des moudjahidine de la premi�re heure. La seconde se rapportait � la n�cessit� d�exploiter utilement la masse d�informations recueillies. En r�sum�, la premi�re promotion des cadres de la Wilaya V avait pour but de former des officiers capables, d�une part , d�assurer le contr�le interne des unit�s de la Wilaya V et, d�autre part, d�exploiter, rationnellement et efficacement, les informations recueillies par tout moyen disponible. En rapport avec les transmissions, mais aussi des informations recueillies aupr�s de prisonniers et toute autre source susceptible d�am�liorer notre capital documentaire.
Cette promotion ne visait pas des objectifs politiques ?
Il ne faut pas d�former la r�alit�. Les imp�ratifs op�rationnels �taient pr�dominants dans la formation qui nous avait �t� dispens�e. Nous avions vocation � devenir des officiers de renseignements en charge du soutien op�rationnel et de l�inspection des unit�s de l�ALN dans la Wilaya, Abdelhafidh Boussouf tenait, cependant, � ce que les cadres de la R�volution soient bien form�s politiquement aussi, afin de pouvoir comprendre les enjeux de la lutte qui �tait engag�e. Avait-il un autre objectif qu�il n�avouait pas ? Abdelhafidh Boussouf songeait, probablement, � faire des cadres de cette promotion un des noyaux de l�encadrement politico-administratif de la future Alg�rie ind�pendante. Non point dans le but d�accaparer le pouvoir mais, plus prosa�quement, dans le but de fournir � l�Alg�rie ind�pendante des cadres de qualit�, capables de faire face aux d�fis que poserait son d�veloppement. Laroussi Khelifa, le directeur de stage, nous r�p�tait volontiers avec une mani�re particuli�re de prononcer le t : �Vous �tes les futurs ministres de l�Alg�rie ind�pendante !�
Vous avez parl� de techniciens de transmissions form�s � l�initiative du commandant Omar Tellidji. Il semblerait que la promotion Larbi Ben M�hidi n�ait pas �t� la premi�re promotion de cadres form�s en la Wilaya V ?
Oui, vous songez, probablement, � ce qui fut appel� la Commission de contr�le et d�information, une promotion de contr�leurs form�e durant l��t� 1956 et dont les membres eurent � exercer des fonctions de commissaires politiques. Le directeur de stage �tait si Abdelhafidh Boussouf luim�me. La promotion, de composition mixte, comportait, selon les informations dont je dispose, dix-neuf membres dont huit jeunes filles. Ne vous m�prenez pas sur cette mixit�. Rien d�extraordinaire, la Wilaya V a compt� bien des h�ro�nes comme Saliha Ould Kablia, tomb�e au champ d�honneur les armes � la main dans la r�gion de Mascara en 1956. Notez, plut�t, sens politique �vident, que les moudjahidate de cette promotion avaient pour mission de s�enqu�rir de l��tat d�esprit de la femme rurale face aux contraintes de la lutte arm�e. C��tait un travail d�auscultation politique et psychologique des entrailles de la population. Les membres de cette promotion �taient tous d�un niveau de formation secondaire. Seize d�entre eux ont �t� d�p�ch�s sur le territoire de la Wilaya V pour le contr�le des zones, une inspection multiforme comme je l��voquais. Parmi les membres de cette promotion, citons, notamment, les noms de Hadjadj Malika, Miri Rachida, Hamid Ghozali, Abdessmed Chellali, Berri Mustapha, Mohamed Semache et Kerzabi Smail. La dur�e de cette formation, faut-il le souligner, a �t� d�un mois, plus courte, comme vous le voyez, que pour la promotion Larbi Ben M�hidi. Pour cette promotion de 1956 que vous �voquez, il serait int�ressant, sans doute, de reconstituer son programme de formation et de recueillir le t�moignage de ses membres. Elle participe, probablement, de cette d�marche �clair�e d�Abdelhafidh Boussouf en direction des jeunes intellectuels du pays.
Revenons � la promotion Larbi Ben M�hidi proprement dite. Comment s�est effectu� le choix de ses membres et quel a �t� le mode de leur regroupement?
Un appel � la mobilisation des �tudiants avait �t� lanc� par le commandement g�n�ral de la Wilaya V apr�s la gr�ve de l�Ugema. Si les �tudiants de cette promotion provenaient de familles d�Alg�riens install�es au Maroc, la composition �tait, cependant, assez diversifi�e. Certains stagiaires venaient d�Alger ou de France. Nous comptions parmi nous Ouali Boumaza (Tayeb), un jeune lyc�en d�Alger qui fera trembler l�Etat fran�ais, lorsque, gr�ce au r�seau de renseignement qu�il avait tiss� � Paris, il put acc�der, lors des n�gociations p�troli�res men�es avec la France, aux documents classifi�s du Quai d�Orsay. La caract�ristique g�n�rale pour ces membres de la promotion Larbi Ben M�hidi r�sidait dans leur niveau intellectuel. Ils �taient tous lyc�ens et, pour certains, bacheliers. Autrement, il fallait, simplement, �tre un Alg�rien anim� de sentiments patriotiques pour faire partie de notre promotion. A cette �poque, ce n��tait pas ce qui manquait dans un mouvement parfaitement organis� � l�int�rieur des villes marocaines dans le cadre de l�Ugema, elle-m�me contr�l�e par l�organisation FLN du Maroc.
Dans quel �tat d�esprit ces �tudiants et ces lyc�ens ont rejoint leur lieu de mobilisation ?
Certes, ces lyc�ens et �tudiants vivaient, au Maroc, dans des conditions de vie parfaitement pacifiques et heureuses. Des conditions qui �taient tout � fait d�s�quilibr�es, cependant, par rapport � celles de leur peuple et de leurs fr�res �tudiants qui mourraient en Alg�rie. R�pondre � l�appel de l�ALN c��tait pour eux la possibilit� de r�tablir cet �quilibre perdu. Aucun d�entre nous ne s�est trouv� dans l�obligation de rejoindre, par la contrainte, les rangs de la Wilaya V. C��tait une adh�sion, totalement, volontaire. D�ailleurs, il faut souligner que les lyc�ens et �tudiants mobilis�s au titre de la promotion Larbi Ben M�hidi militaient d�j�, malgr� leur jeune �ge, dans les structures de l�Ugema et du FLN. Cherif Belkacem, plus connu sous le nom de Si Djamel qui a appartenu � la promotion, �tait un responsable de l�Ugema au niveau du Maroc et il avait d�j� rejoint le FLN. Notre responsable au sein de l�Ugema, dans la ville de Mekn�s ou je r�sidais, �tait Mahfoud Hadjadj et il relevait, d�j�, de l�Organisation du FLN. En r�alit�, il faut remonter plus loin dans l�histoire pour comprendre notre adh�sion au combat r�volutionnaire. Nous �tions tous des scouts et les Scouts Musulmans Alg�riens �taient une v�ritable �cole et une p�pini�re de cadres r�volutionnaires. Nous apprenions les chansons patriotiques d�s l��ge de 10 ans, nous apprenions � vivre en pleine campagne, sans secours. Les SMA �taient pour nous une premi�re �cole patriotique avant m�me l��cole des cadres. Tout ce contexte historique a contribu� � former la conscience collective de la jeunesse alg�rienne.
Justement, essayons, � travers votre parcours personnel, d�illustrer l�itin�raire des membres de cette promotion. Comment avez-vous rejoint, pour votre part, le lieu de mobilisation ?
Me trouvant en d�placement � Tanger, j�avais constat�, sit�t rentr� � Mekn�s o� je r�sidais, que l�ensemble des �l�ments de la section Ugema avaient disparu. Je m��tais rendu, alors, dans un lieu o� nous avions l�habitude de nous retrouver apr�s une r�union de section de l�Ugema ou pour rassembler l�argent issu de la vente du journal El Moudjahid. Arriv� sur les lieux, j�avais eu � constater la pr�sence, � l�abandon, des bicyclettes appartenant � mes compagnons et m�me le scooter qui appartenait � Ali Tounsi. J�avais compris que quelque chose d�insolite s��tait produit. Je me suis renseign� aupr�s des familles des compagnons qui se posaient, elles aussi, des questions apr�s la disparition de leurs enfants. Je pressentais que quelque chose se tramait. Nous savions bien qu�il �tait question de rejoindre le maquis mais sans autre pr�cision. Avec l�un de mes amis Djaballah, je me souviens que nous nous sommes rendus avec mon scooter de Mekn�s � Rabat, au si�ge du FLN r�gional au Maroc. J�avais vu, alors, un certain Chaouch aupr�s duquel nous protest�mes violemment que certains d�entre nous pouvaient �tre favoris�s par rapport � d�autres pour rejoindre les rangs de l�ALN. Nous f�mes rassur�s par la promesse qu�un deuxi�me groupe de jeunes allait rejoindre le premier dans un d�lai de quinze jours. Une nuit, un bus effectua, en effet, le ramassage collectif, dans le plus grand secret, nous permettant de rejoindre nos camarades dans la maison des Benyekhlef � Oujda. Tout de suite nous �tions dans le bain. Je me souviens, pour ma part, que j�avais sur moi un pistolet �r�cup�r� dans l�armoire d�un ma�tre d�internat de l�extr�me droite dans le lyc�e o� moi-m�me j��tais, ma�tre d�internat ou selon la formule consacr�e, �pion�. En fait, j��tais en classe de terminale et je pr�parais le baccalaur�at moderne et technique.
Comment s�est d�roul� votre accueil au centre de formation ?
La formation a d�but� au d�but du mois de juillet 1957. A mon arriv�e au centre, j�ai remis mon pistolet au premier responsable qui se manifesta. Je ne me souviens pas s�il s�agissait de Laroussi Khelifa. Il a fallu, ensuite, se d�barrasser de ses habits civils, de ses papiers et m�me� de son propre nom. C��tait comme si on ne s�appartenait plus. C��tait quelque chose qui nous avait profond�ment impressionn�s. Nous n��tions plus nous-m�mes. Nous �tions de jeunes cadres de l�Arm�e de lib�ration nationale. Le choix de pseudonymes �tait le corollaire de ce d�pouillement de personnalit�. C��tait un acte symbolique mais aussi une mesure de s�curit� pr�ventive. Il ne fallait surtout pas que les autorit�s coloniales, civiles et militaires particuli�rement pr�sentes � Oujda, puissent avoir vent de notre pr�sence. Conna�tre nos noms pouvait leur permettre de renforcer leur action sur l�ALN et de retrouver la trace de nos familles au Maroc. Et m�me, dans mon cas, en Alg�rie. Bref, le d�funt Abdallah Arbaoui, l�officier de s�curit� du centre, distribua de mani�re al�atoire les pseudonymes. J�h�ritais, pour ma part, du pseudonyme d�El Hadi, mais ma vie sera marqu�e par une longue histoire tumultueuse avec la s�rie de pseudonymes dont je fus affubl�. Nous avions �t�, aussit�t apr�s, dot�s d�une tenue de combat uniforme et confront�s, d�s la premi�re nuit, � l�abondance de poux.
D�crivez-nous, sommairement, les lieux successifs qui ont abrit� cette formation�
En fait, il faut parler de deux lieux de formation. La formation th�orique s�est d�roul�e dans la maison des Benyekhlef � Oujda. La formation militaire s�est d�roul�e dans la ferme des Bouabdallah bordant la rivi�re Moulouya. Commen�ons par la maison des Benyekhlef. C��tait une construction mauresque entour�e d�un mur assez haut qui ne permettait pas de voir de l�ext�rieur ce qui se passait � l�int�rieur. Il y avait un patio avec un jet d�eau. Il y avait, �galement, un verveinier dont je garde un bon souvenir tant je me servais de ses feuilles pour me pr�parer une tisane chaque fois que j�en avais la possibilit�. C��tait une demeure assez vaste qui permettait d�abriter, en m�me temps, le commandement de l��cole en bas, et les stagiaires en haut, classes et dortoirs inclus. L��difice �tait carr� avec un patio et un jardin au milieu. C��tait � partir de ce patio que nous entretenions le seul contact avec le monde ext�rieur � travers le ciel que nous prenions plaisir � contempler. Commen�ons par le haut de la b�tisse. Il y avait une grande salle de cours o� nous pouvions tous nous asseoir et travailler, m�me en �tant serr�s. Pour la partie dortoir, nous disposions de trois chambr�es agr�ment�es de lits m�talliques superpos�s. Je me souviens, parfaitement, de la premi�re nuit. Je portais un tricot blanc qui, au r�veil, �tait devenu gris � cause des poux qui pullulaient. Nous disposions de toilettes collectives avec une eau disponible en tout temps.
Les Benyekhlef avaient-ils �vacu� les lieux ?
Absolument. Seule est rest�e notre famille nourrici�re, les Ba�mar, compos�e du p�re, de sa femme et d�un petit enfant. Nous �tions gav�s de lentilles, de pois chiches et de l�gumes secs. Nous vivions dans une clandestinit� totale et je me souviens des cas rarissimes o� un �l�ment �tait sorti de nuit de mani�re tout � fait discr�te pour rendre visite � un m�decin et recevoir les soins d�urgence. Il ne faut pas oublier qu�� l��poque, l�arm�e fran�aise, c'est-�-dire la 30e division d�infanterie, implant�e tout le long de la fronti�re marocaine, �tait particuli�rement agressive, m�me en ville. La pr�sence fran�aise au niveau du consulat d�Oujda se faisait lourdement sentir. Il fallait faire tr�s attention pour �viter que notre pr�sence ne soit �vent�e par les services de renseignement fran�ais. D�ailleurs, pour pr�server toute tentative hostile, nous, les stagiaires, assurions des tours de garde r�glementaires.
Et pour le lieu de votre formation militaire ?
Cette formation s�est d�roul�e dans la ferme des Bouabdallah, situ�e en territoire marocain. L�avantage qu�elle offrait pour nous �tait cette possibilit� de vivre � l�air libre, sans ce climat de suffocation qui pesait sur nous � Oujda. Cette ferme �tant situ�e au bord d�une rivi�re, la Moulouya, o� nous nous sommes exerc�s, subrepticement, � p�cher des poissons � l�aide de menus b�tons d�explosifs dont nous disposions. C��tait l� l�une des rares sources de notre alimentation en prot�ines. Nous vivions dans des �curies, mais bien contents d�en disposer. Ces �curies nous servaient de dortoir, la salle de cours, c��tait un hangar o� nous pratiquions �galement du close combat. Nous avions confectionn� une grande maquette au 1/50 000e repr�sentant un th��tre d�op�rations, en l�occurrence la zone montagneuse sur laquelle nous pratiquions nos entra�nements dans le cadre de la progression sur le terrain avec m�me la position des pi�ces, des unit�s, des sections et des groupes de combat pour illustrer la mani�re dont il fallait notamment franchir les barbel�s.
Cela voulait-il dire que vous �tiez � l�abri d�attaques de l�arm�e fran�aise ?
Pas du tout. Nous devions nous d�placer sous camouflage car la reconnaissance a�rienne fran�aise �tait quasi permanente. D�ailleurs, nous effectuions des exercices de marche de nuit au cours desquelles nous d�mes plonger dans des mares de boue pour �chapper � la vue d�unit�s de l�arm�e fran�aises en patrouille. Je me rappelle que vers la fin de la formation militaire, le centre avait fini par �tre rep�r� par un avion d�observation fran�ais, un piper, qui nous avait survol�, moteur �teint et � tr�s basse altitude. Nous pouvions m�me voir le visage du pilote alors que nous proc�dions � un maniement d�armes en plein air. Abdallah Araboui avait pris, le soir m�me, la sage d�cision de faire �vacuer le centre qui fut d�truit, le lendemain, par deux avions T6 de l�arm�e fran�aise. C�est vous dire que la fronti�re n��tait pas un obstacle �tanche pour l�arm�e fran�aise qui consid�rait cette partie du territoire marocain comme une zone permanente de combat.
D�crivez-nous, � pr�sent, la composition de la promotion Larbi Ben M�hidi...
D�abord, arr�tons-nous au nombre. Le recensement effectu�, in fine, par l�Association des anciens du Malg a permis de situer � soixante-douze le nombre de stagiaires de cette promotion. Pour la majorit�, nous venions des classes de terminale ou de premi�re secondaire des lyc�es marocains. La promotion comprenait �galement des membres qui �taient d�j� � l�universit� et qui ont rejoint l�encadrement p�dagogique du centre. Je me rappelle, notamment, de Noureddine Delleci, Abdelaziz Maoui et Mustapha Moughlam. Pour ce qui concerne l�origine sociale et g�ographique, les membres �taient tous issus de familles alg�riennes �tablies au Maroc. Ce n��tait pas un choix d�lib�r�. La Wilaya s��tait retrouv�e en pr�sence d�une masse d��tudiants disponibles, volontaires, patriotes, d�j� structur� au sein de l�Ugema et m�me du FLN. C�est tout naturellement que le commandement de la Wilaya V a recouru � ce vivier inesp�r� pour, d�une part, combler les besoins apparus � la lueur du d�veloppement de la lutte arm�e et, d�autre part, absorber l�impatience de jeunes �tudiants qui, ayant observ� l�ordre de gr�ve de l�Ugema, r�vaient d�en d�coudre avec l�occupant colonial. Je me souviens, d�ailleurs, d�un fait important, survenu juste apr�s le d�tournement de l�avion des cinq dirigeants du FLN. Nous, jeunes Alg�riens du Maroc, �tions particuli�rement r�volt�s par cet acte de piraterie et �tions pr�ts � organiser des repr�sailles, de mani�re autonome, sans l�accord du FLN. Je me souviens, �galement, de l�assassinat de notre voisin et ami, le pharmacien Rahal � Mekn�s qui avait re�u un colis pi�g�, entra�nant dans sa mort son p�re et ses enfants. Nous �tions particuli�rement r�volt�s et nous voulions agir. Je pense que cet �tat d�esprit a d� conduire le commandement de la Wilaya V � pr�cipiter notre mobilisation.
Sur le plan social, quelle �tait l�origine des membres de cette promotion Larbi Ben M�hidi ?
Encore une fois, tous �taient issus, en r�gle g�n�rale, de familles de r�fugies, de fonctionnaires au service du gouvernement marocain ou, accessoirement, de commer�ants et d�agriculteurs �tablis au Maroc de longue date. La petite bourgeoisie, pour utiliser une formulation marxiste�
M. C. M.


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