Par Boubakeur Hamidechi [email protected] La charte pour la r�conciliation, consid�r�e comme le socle doctrinal du r�gime, serait-elle devenue la pomme de discorde de son alliance partisane ? Bien qu�elles se gardent de la remettre fonci�rement en question, certaines chapelles n�h�sitent plus � en faire quelques lectures critiques. Une mani�re comme une autre de marquer, d�abord, une diff�rence id�ologique, ensuite de pr�parer le terrain politique pour d�hypoth�tiques virages. Les coups de griffes ass�n�s par le RND d�Ouyahia au laxisme qu�elle a g�n�r� ne sont s�rement pas le produit de la mauvaise humeur des militants mais bel et bien l�amorce d�un d�bat sur le sujet. Celui qui devra concerner bient�t la tro�ka qui gouverne. Au path�tique secr�taire g�n�ral du FLN qui la consid�re comme un dogme en dehors duquel il n�est gu�re possible d�accompagner en rangs serr�s le pr�sident, le RND estime qu�il n�en est rien et qu�il y aurait mieux � faire, pour aider le chef de l�Etat, en d�sacralisant un texte. Surtout, ajoute ce parti, que dans le contexte actuel, il y a une s�rieuse opportunit� � �bilanter� ses effets d�vastateurs sur le moral du pays. Substantiellement, il ne remet pas en cause le principe de la paix n�goci�e avec l�islamisme arm� mais il voudrait bien reconsid�rer le volet des concessions qui lui furent accord�es tout au long de ces quatre ann�es. En focalisant avec justesse sur le cas des groupes d�autod�fense dont on a sold� d�une mani�re humiliante la contribution, les dirigeants de ce �rassemblement� se seraient d�j� engag�s � imposer une autre interpr�tation du texte. La d�marche sugg�r�e � travers le r�quisitoire d�un dirigeant de premier plan de ce parti est sans nul doute inspir�e et d�sir�e par le palais lui-m�me. En butte � l�hostilit� grandissante de l�opinion qui estime que les tergiversations de l�Etat ont fini par se transformer en capitulation, le pouvoir souhaiterait donc revenir aux fondamentaux de la concorde de 2000, sans pour autant assumer publiquement l��chec global d�une option laiss�e criminellement ouverte. L�on a encore en m�moire, qu�� ses d�buts, la solution pr�conis�e se d�finissait comme l�alternative patriotique � la guerre civile. Se donnant pour finalit� le d�sarmement des maquis en contrepartie d�une amnistie p�nale, elle �dictait dans le m�me temps un postulat politique qui allait oblit�rer l�ensemble des actes de l�Etat. �Combattons seulement le radicalisme violent, a-t-on d�cr�t�, mais gardons-nous de l�exclusion de l�islamisme du champ politique. � C�est ce r��quilibrage du rapport au b�n�fice des crypto-th�ocrates, qui tir�rent d�ailleurs des dividendes en termes d�influence, qui fait aujourd�hui probl�me pour le pr�sident. Devenu l�otage de sa propre th�orie, l�on suppute qu�il s�efforce actuellement de s�en affranchir s�il souhaite donner � son 3e mandat une autre perspective. Mais comment le peut-il sinon par l�amendement d�une charte qui a conditionn� moins les devoirs des �repentis� qu�elle ne leur a fourni un arsenal de passe-droits ? En red�signant un politicien madr� qui jadis se voulait �r�publicain� pur jus et en �cartant symboliquement un j�suite de l�islam devenu encombrant, Bouteflika esp�re y parvenir tr�s vite afin de fourbir une nouvelle tonalit� � son discours. Autrement dit, il attend du RND qu�il redevienne ce pourquoi il fut cr�� en 1996. Ce �rassemblement � con�u in vitro pour faire pi�ce � un FLN alors hostile au �janvi�risme � de 1992, ne s��tait-il pas donn� comme credo l��radication des int�grismes ? Tant que cette ligne eut les faveurs d�un Zeroual et ses g�n�raux, ce m�me Ouyahia sut la d�cliner � merveille. Puis vint un autre temps et avec lui d�autres rep�res doctrinaux. La chapelle changea alors d�oripeaux et entra dans les bonnes gr�ces du nouveau pr�sident. Ainsi se r�v�la la nouvelle facette du va-t-en-guerre de la veille devenu un rh�toricien de la n�gociation au nom de la paix. Comme quoi, un Ouyahia cache toujours un autre. Semblable par sa rouerie mais diff�rent selon les missions... Pour lui donc, aujourd�hui, il n�est plus question de faire l��loge d�une �paix des braves� qui a montr� ses limites mais de s�atteler � rafistoler le cr�dit du pouvoir quitte � aller avec la pointe du canif pour d�noncer une application cahoteuse. Par petites touches, il �tablit des mots d�ordre et mobilise le personnel de son parti afin qu�il fasse campagne dans ce sens, escomptant � court terme que le FLN le rejoigne sur ce terrain afin de donner des assurances � l�opinion. Le chef de l�Etat n��tant plus en mesure de r��diter la fameuse mise en sc�ne de �Seif el hadjadj �, il ne peut par cons�quent que s�appuyer sur ces partis leaders pour lui d�fricher le terrain du d�bat. RND d�abord et FLN par la suite seront charg�s de dire ce qui va changer dans cette charte. Eclaireurs pour un autre marchandage politique, ils auront pour mission d�amortir les critiques des islamistes d�un c�t� et de glaner l�adh�sion des r�publicains de l�autre. Au moment �opportun�, le chef de l�Etat n�aura plus alors qu�� annoncer sa double r�vision : celle de la Constitution et celle de la charte pour la r�conciliation. L�ann�e 2009 sera alors celle du bouteflikisme nouveau dont Ouyahia et le RND sont d�ores et d�j� les griots. Il reste cependant � conna�tre l��tat d�esprit des autres formations. Celles qui implicitement consid�rent le 3e mandat comme une fatalit� pourront-elles au moins rebondir dans le d�bat sur la charte et demander son abrogation, l� o� le pouvoir va se contenter de son amendement ?