En moins de temps qu�il n�en fallait, la rumeur journalistique a fini par devenir un �v�nement �tay� par des voix cr�dibles. A l�origine de l��moi, les man�uvres politicardes du cadet de la tribu des Bouteflika. On lui avait m�me attribu� quelques pr�tentions malsaines. Au bout de dix ann�es pass�es � l�ombre du fr�re a�n� et pour lequel il tint le r�le de grand chambellan, cet ordonnateur des messes �lectorales �prouverait, nous dit-on, le d�sir d�appara�tre � la lumi�re et de se mettre en sc�ne. Une ambition en soi respectable, mais qui ne peut se concevoir qu�� d�autres sauf � lui pr�cis�ment. C�est qu�il y va, � travers son projet, de la morale r�publicaine ! Car le n�potisme, � l�origine de sa pr�sence dans les hautes sph�res de l�Etat, serait-il de surcro�t un tremplin pour s�autod�signer � la plus d�testable des successions ? Quand bien m�me l�on trouva � se sc�nario quelques pr�c�dents � du c�t� de Cuba par exemple �, on le fit cependant avec une certaine ironie. C�est que n�est pas Raul qui veut ! Surtout lorsqu�on s�appelle modestement Sa�d sans connotation h�ro�que. C'est-�-dire indigent de hauts faits r�volutionnaires et de glorieuse servitude de l�Etat. Plus que des nuances, il y a deux incomparables diff�rences entre le Raul de l�-bas et le Sa�d d�ici. En effet, sur l��le en question, le castrisme se perp�tue d�abord sur la base de la fid�lit� � certains id�aux sauf que le hasard du sang et du nom s�y m�la. Mais est-ce le cas de notre bouteflikisme d�nu� de doctrine jusqu�� vouloir adosser sa p�rennit� � la fratrie ? C�est justement cet aspect qui heurte les consciences politiques m�me celles qui se sont assoupies dans la servilit�. Un �parti pr�sidentiel� enfant� et dirig� par le fr�re est-ce un projet raisonnable dans une r�publique qui a d�j� sold� tous les contre-pouvoirs ? Posons la question autrement : pourquoi un nouveau �machin� alors qu�il n�y a pas p�ril en le palais et que la machinerie ancienne ob�it toujours au quart de tour ? Finalement, c�est autour de cette double interrogation qu�il faut chercher les v�ritables r�ponses � cette intempestive initiative. Ce n�est donc plus de Sa�d qu�il s�agit vraiment mais plut�t de Abdelaziz. Car, � l��vidence, il y a un exc�s de soup�ons dans toutes les courtes interpr�tations des faits. D�s l�instant o� l�on sait que ce �cadet-l� n�agit jamais pour son propre compte, l�on ne devrait pas lui faire, par cons�quent, l�injure de planifier uniquement son futur destin. Du moins ce genre de mauvais proc�s, nous semble pr�matur� au moment o� le �fr�re � pr�sident� entame � peine son troisi�me round. En clair, l�horizon 2014 est encore loin pour tirer d�ores et d�j� de tels plans sur la com�te. Ceci expliquant cela, l�id�e d�un nouveau parti, que l�on a laiss� circuler, pourrait plut�t �maner du chef de l�Etat lui-m�me. Inspirateur volontairement en retrait, c�est avec son approbation que les contacts vont se prendre et que s�affinera la formule. Apr�s dix ann�es de concubinage avec un mammouth � trois t�tes (FLN, RND, MSP), Bouteflika n�estimerait-il pas venu le temps de d�graisser ce bloc encombrant ? Reste le choix entre deux options : soit en le fusionnant qualitativement dans un partie unique bis, soit en l��vacuant abruptement du premier cercle par la nouvelle force politique qu�il aura concoct�e � partir des r�seaux de soutien. Alors que les appareils, qui jusque-l� sont demeur�s fid�les, sont d�j� en butte � des crises internes (le FLN et le MSP notamment) lui prend les devants pour soustraire � ces pesantes influences son �pouvoir de fait�. Celles qui, pendant longtemps, l�avaient contraint � de futiles arbitrages avec tous les d�g�ts que l�on imagine. R�fractaire, par culture, � toute id�e de d�l�gation de pouvoirs, il devra dor�navant faire la preuve qu�il est capable, par lui-m�me, de refonder un Etat fort dont il incarnerait exclusivement le socle. D�ailleurs, la surprenante reconduction d�un gouvernement cafouilleur, dont il n��tait pas justement satisfait, explique parfaitement pourquoi il veut aller vers cette chirurgie. Pour lui, un seul objectif compte : r�former fonci�rement sa relation avec cette multiplicit� de courants. Or qu�y a-t- il de plus urgent que de rendre solubles ces chapelles dans une seule �religion � (la sienne, �videmment) et qui serait l�unique vivier de son Etat ? Sa�d Bouteflika promu, pour la circonstance, � la fonction de sondeur des reins et des intentions de la classe politique, a, justement, l�avantage sur d�autres personnalit�s de parler officiellement au nom du palais. Sa proximit� familiale bien plus que sa �neutralit� partisane lui conf�re une sorte de primat dans la future r�partition des r�les. Bien loin des rumeurs qui courent � son sujet, il n�est sorti, en fait, � la lumi�re qu�afin de mieux y retourner quand tout sera accompli selon les v�ux du fr�re � pr�sident. En mission command�e, il a la lourde t�che de circonscrire les niches partisanes de cette �alliance� dans une seule et unique basse-cour. L� o� les enseignes politiques et les factices identit�s doctrinales n�auront plus de sens. R�ussira-t-il � substituer � cet alphabet de la courtisanerie chamailleuse (FLN-RND-MSP) un sigle de l�unicit� minette ? De la r�ussite ou de l��chec de cette op�ration d�pendra son propre avenir. Car, c�est seulement par l�acquisition d�une �paisseur politique qu�il sera alors pris au s�rieux. Mais comment s�y prendra-t-il alors pour s��manciper de l�ombre port�e du grand fr�re ? Nul ne le sait par avance. Pour l�instant, il demeure un fid�le lieutenant malgr� le nom qu�il a en partage.