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T�MOIGNAGE
EL-ASNAM - 10 OCTOBRE 1980
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 11 - 2009

10 octobre 1980. Ce vendredi restera longtemps inscrit dans la m�moire des Asnamis en souvenir de ce terrible tremblement de terre qui avait �branl� toute la r�gion de la plaine du Cheliff. Il �tait 13h20 pass� du c�t� de la banlieue de la Bocca Sahnoun. J'�tais assis tranquillement dans un coin ensoleill� de la terrasse. Branch� sur ma radio, avec une grille du PSA de cette journ�e du Championnat national rempli et valid� dans la poche.
Dans l'attente du coup de sifflet du d�but de la premi�re rencontre. Une belle journ�e paisible semblait s'annoncer en perspective. Comme celle de tous les vendredis sportifs. J'�tais d�tendu et accapar� par cette journ�e du championnat et je r�vais � un sans faute de ma grille. Et dans ma t�te, je me disais, que cette fois-ci peut-�tre ce sera mon jour de chance. Et je me disais, peut-�tre la chance sera de mon c�t� cette fois-ci et que mon pronostic, arr�t� et valid�, va me rapporter un treize unique qui me rendrait millionnaire. D�j�, je me voyais au ciel nageant dans le bonheur et la prosp�rit� gr�ce au PSA. Emport� par mon r�ve, je ne m'attendais pas � un tel r�veil brusque et secou�. Soudain, je sentis que tout se mis � trembler et � gronder autour de moi. Je n'ai pas r�alis� sur le coup ce qui se passait. Je voyais juste � mes c�t�s les grands arbres d'eucalyptus qui, entouraient notre maison, se secouer comme si un engin les poussait pour les d�raciner du sol. A ce moment pr�cis, j'entendis des cris qui fusaient de partout, de chez moi et du voisinage : �Ezenzla ! ezenzla ! ekhourdjou !� (Le s�isme ! sortez !) C'�tait la ru�e vers la porte de sortie ; tout le monde se pr�cipitait vers la sortie, les gens �taient apeur�s et paniqu�s par le tremblement de terre. D�valant aussit�t les marches de la terrasse � grandes enjamb�es, je me suis retrouv� dans la cour de la maison avec le reste de ma famille, qui semblait saine et sauve. La maison avait r�sist� � cette premi�re secousse. N'emp�che qu'une grande peur se lisait sur tous les visages des membres de ma famille qui avaient encaiss�s le coup par surprise. Juste le temps de les mettre � l'abri du danger dehors. D�autres petites r�pliques se faisaient sentir au milieu des pleurs et des cris des plus fragiles. Des personnes du voisinage, pr�sentes sur les lieux, essayaient de les rassurer. Une demi-heure apr�s avoir mis mes proches en s�curit�, dans un grand jardin priv� � c�t� de mon domicile, je me suis s�par� d'eux pour quelques instants. J'�tais tr�s inquiet et tendu. Je ne savais rien du sort des autres membres de ma famille, qui r�sidaient dans le centre-ville.
Des femmes d�nud�es �chapp�es du hammam
Je me suis pr�cipit� alors, en courant � leur rencontre et, chemin faisant, au cours de mon parcours vers le centre de la ville, j'ai rencontr� des gens qui erraient, h�b�t�s et p�les de peur, et courraient dans tous les sens, surpris par ce tremblement de terre. Devant moi, une fourgonnette a �t� stopp�e juste au milieu de la route par la violente secousse qui lui avait d�jant� la roue avant. Elle �tait abandonn�e en plein milieu de la chauss�e. Le canal suspendu, qui traverse le quartier Chara avait perdu deux buses et l'eau s'�coulait en grande quantit�, inondant ainsi tout le tunnel, le rendant impraticable. Alors, contournant le double tunnel, j'ai travers� la ligne de chemin de fer et je me suis retrouv� aux portes de la ville. L�, j'ai rencontr� des femmes d�nud�es �chapp�es du hammam, portant seulement des foutas. Elles pleuraient et gesticulaient en se frappant la t�te des deux mains et criaient et suppliaient les passants et les automobilistes de les aider � rentrer chez elles. Une vraie sc�ne de d�sastre. Poursuivant ma route, rue Emir Abdelkader, je vis le premier immeuble affal�, le �progr�s �, dit Benali. Le b�timent s'�tait �croul� comme un ch�teau de cartes. Ce n'�tait plus qu'un amas de pierres et de poussi�re, m�l� aux objets domestiques des locataires. Les quelques rares personnes pr�sentes � ce moment �taient impuissantes devant l'�tendue des d�g�ts. Elles observaient, ahuries, ce b�timent immense couch� � terre. Les personnes rescap�es n'arr�taient pas de psalmodier des versets du Coran devant ce terrible drame. D'autres tentaient d'apporter leur aide aux victimes ensevelies. Plus haut, du c�t� de la Cit� administrative, les d�g�ts �taient aussi importants. L'h�tel du Cheliff avait subi le m�me sort. Ce n'�tait plus qu'une montagne de cloisons et de dalles press�es les unes contre les autres. Pas un seul mur n'�tait rest� debout. Une vingtaine de personnes, parmi elles des bless�s ensanglant�s, �taient encore l�, sous le choc. Elles observaient, impuissantes, les r�les des victimes, encore vivantes, qui provenaient de dessous les d�combres. Une personne qui venait d'arriver sur les lieux, nous informa que le centre commercial, dit le Monoprix avait subi le m�me sort. L�h�pital de la ville avait perdu la moiti� de son infrastructure. Et la plupart des b�timents HLM �taient s�rieusement touch�s. On d�nombrait de nombreux morts.
La mort �tait pr�sente partout en ville
16 heures pass�es. Deux avions de chasse de l'arm�e effectuaient des survols de reconnaissance dans le ciel de la ville et ses alentours. Les m�dias nationaux venaient d'interrompre leurs programmes pour annoncer la catastrophe. C'�tait la premi�re fois que je voyais autant de morts devant moi, sous les d�combres. Des jambes et des bras d�passaient de dessous les dalles. Les morts retir�s des d�combres �taient recouverts de draps sur le trottoir. La mort �tait pr�sente partout en ville. La nuit commen�ait d�j� � tomber. Le centre-ville �tait anim� par de petits groupes de volontaires autour des immeubles touch�s. Ils essayaient de sauver et d'assister les rescap�s, en attendant l�arriv�e des grands secours. La ville �tait plong�e dans l'obscurit� totale. Abandonn�e � elle-m�me. Il n'y avait plus d'h�pital. La population �tait occup�e � chercher un g�te s�r pour la nuit. C�est dans l'obscurit� totale que je fais le chemin inverse pour retrouver les miens. Nous avions pris place, moi et ma famille, dans un jardin proche de notre demeure pour passer la nuit. Notre domicile avait r�sist� � ces deux grandes secousses. C'�tait une construction l�g�re. Mais nous ne pouvions y rentrer de peur qu�une nouvelle secousse l�ach�ve totalement. Par contre, la maison mitoyenne avec la notre, construite avec des mat�riaux de terre et de pierres, �tait tomb�e sans faire de victimes. Toute la nuit, les grondements suivis de secousses se sont multipli�s et n'ont cess� qu'au petit jour. Plus de peur que de mal. Allong�s sur des nattes et bien couverts sous des abris de fortune, nous sommes rest�s toute la nuit �veill�s dans l'attente de la lev�e du jour. Le lendemain matin, les nouvelles de la ville �taient l�. Elles s��taient r�pandues gr�ce au t�l�phone arabe. On savait que flen avait perdu toute sa famille la veille dans le Monoprix. Et que d'autres avaient eu plus de chance et ont surv�cu miraculeusement dans l'h�tel du Cheliff. Cette premi�re journ�e, pass�e en dehors de nos toits, annon�ait le commencement d'un grand deuil pour la ville et le pays. Et le d�but de grandes souffrances pour les jours � venir. La population allait affronter des �tapes incertaines. Et qui allaient durer longtemps pour les sinistr�s asnamis. Non loin de moi, une radio rediffusait pour la circonstance la chanson hazni alik ya lesnamia comme en 1954. 26 ans apr�s.


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