La problématique du logement s'est toujours posée avec acuité à Tizi Ouzou. En plus, elle se complique davantage malgré tous les programmes lancés ces dernières années pour résorber un tant soit peu le manque en la matière. Au fil des années, le nombre de demandeurs ne cesse d'augmenter d'une manière exponentielle, alors que l'offre reste en dessous de la demande. Tous les programmes lancés, dans le cadre de l'habitat rural, du logement social participatif (LSP), du logement social locatif ou celui de l'AADL, ne prêtent guère à une baisse de la tension. Bien au contraire. Le logement est considéré comme une véritable bombe à retardement qui risque d'éclater à la figure des autorités d'un moment à l'autre. Il est même à l'origine de plusieurs mouvements de contestation parfois violents. A chaque attribution de logement, la colère des demandeurs recalés éclate sur la place publique. Contestions des attributions, accusations de passe-droits, de favoritisme, pluie de recours, blocages de routes et de sièges des APC, et la liste est encore longue. En effet, on ne se souvient pas d'avoir assisté à une quelconque attribution dans le calme. Le logement social reste le programme le plus contesté dans le domaine. En plus de la complexité des critères d'attribution, les programmes de réalisation connaissent des retards montres. Les commissions de daira auxquelles échoit la délicate mission d'attribution sont débordées par l'ampleur de la demande. Elles doivent veiller au respect des conditions d' attribution, des modalités de traitement des demandes, des critères et barèmes de cotation, etc. Dans la commune de Tizi Ouzou, la commission de daïra a reçu près de 3000 recours de demandeurs qui se sont sentis lésés. Sur ce nombre de recours, près de 400 ont été définitivement écartés car ayant déjà bénéficié d'une aide quelconque de l'Etat. Sont exclus de cette attribution les citoyens ayant déjà bénéficié d'un logement public locatif, les propriétaires d'un lot de terrain, ceux possédant en toute propriété un bien immobilier à usage d'habitation et les personnes ayant bénéficié de l'aide de l'Etat pour l'achat ou la construction d'un logement… Dans certaines cas, nous assistions à des contestations qui remettent en cause le non-respect d'un ou de puiseurs de ces critères. C'est pourquoi certains demandeurs ayant déposé leurs dossiers depuis plusieurs années parlent de favoritisme. Dans le domaine du logement en général, la wilaya de Tizi Ouzou enregistre un retard énorme. C'est dire que depuis toujours, le secteur de l'habitat végète malgré les programmes tous segments confondus dont la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié. Il n'en demeure pas moins donc que ce secteur névralgique reste loin des attentes et de la demande de plus en plus grandissante en la matière. Le programme Aadl 2 est source de colère. Les souscripteurs de la wilaya de Tizi Ouzou se sont rassemblés il y a quelques jours devant le portail principal de l'Agence régionale pour l'Amélioration et le Développement du logement (Aadl) sise à Oued Fali pour exiger le lancement des travaux de leurs logements et d'être convoqués pour le choix des sites réservés pour l'implantation de ce projet. S'agissant de l'habitat rural, plus de 25000 demandes d'aides sont toujours en stand-by. L'année dernière, seul un quota de 1 000 aides dans le cadre d'un apport supplémentaire alloué par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est à mettre à l'actif de cette wilaya. Un chiffre qui reste insignifiant au regard de l'importante demande exprimée par les citoyens pour ce créneau, de l'avis même des responsables en charge du secteur. Ce quota de 1000 aides à l'habitat rural attribué par les pouvoirs publics, ne représente que 4% des besoins exprimés par les citoyens des communes de Tizi Ouzou. D'ailleurs, en raison du nombre insignifiant d'aides à l'habitat rural attribuées ces dernières années à la wilaya de Tizi Ouzou, la majorité des maires des communes concernées ont carrément décidé de ne pas distribuer ces aides afin d'éviter des problèmes avec les acquéreurs dont le nombre de demandeurs dépasse de loin celui des aides accordées. Le dilemme... Si, depuis la mise en place par les pouvoirs publics du système de l'aide à l'autoconstruction, la wilaya de Tizi Ouzou a bénéficié selon les chiffres de la direction du logement de 84 360 aides, il n'en demeure pas moins que le nombre de demandeurs ne cesse d'augmenter chaque année au point ou les présidents de plusieurs APC, n'arrivent plus à gérer le flux des demandeurs. Face au nombre insignifiant d'aides accordés par les services de l'Etat, les maires de ces localités se retrouvent face à un vrai dilemme, eux qui disent ne pas savoir comment distribuer quelques dizaines d'aides sur les centaines voir parfois les milliers de demandeurs.Les responsables locaux fraîchement élus à la tête des Assemblées locales sont devant un véritable dilemme hérité des assemblées sortantes en matière de logements. Il est particulièrement difficile de gérer cette situation sans soulever des tensions.Que feront donc ces maires qui ont hérité de ce lourd quiproquo ? Dans la commune de Timizart, daïra d'Ouaguenoun, à titre illustratif, ils sont pas moins de 2000 demandeurs à avoir postulé à cette aide et les services de la wilaya n'ont accordé que 170 aides à cette commune. Comment répartir 170 aides sur 2000 demandeurs ? Telle est la lancinante question à laquelle font face les assemblées. En plus, les pouvoirs publics refusent d'accorer d'autres aides tant que celle déjà allouées ne sont pas attribuées. On a même annoncé la réaffectation d'un nombre de 600 aides que certaines communes n'arrivent pas à attribuer à d'autres localités de la wilaya. Même topo à Ouadhias où seuls 50 aides ont été accordées par les services de la wilaya au profit des citoyens de cette localité qui compte plus de 16 000 habitants. Une offre jugée dérisoire pour 2000 demandeurs recensés. Plus que ça, les 700 000 dinars qui sont le montant de l'aide ne peuvent en aucun cas permettre au bénéficiaire d'achever son logement. Bien au contraire, ce montant peut à peine couvrir les dépenses des fondations jusqu'à la plate-forme sachant que les prix des matériaux de construction et la main d'œuvre donnent le tournis. Résultat : la quasi-totalité des constructions lancées sont à l'arrêt.