Rien ne va plus au sein d'Air Algérie. Après une énième paralysie de la compagnie jeudi, suite à une nouvelle grève du personnel navigant commercial, les vols ont repris, hier matin, suite à la suspension du mouvement de grève. Alors que la situation semble être revenue à la normale après la grève de la semaine passée déclarée illégale par la justice, les passagers ont été pénalisés avant-hier. Tout a commencé avec l'annonce de la décision de sanctions à l'encontre de sept syndicalistes prise par la Direction générale d'Air Algérie. Cette décision a poussé le personnel navigant commercial à entamer une nouvelle grève, par solidarité avec leurs collègues, provoquant des perturbations sur tous les vols domestiques et internationaux au niveau de l'aéroport d'Alger Houari Boumediène. Au niveau des aéroports national et international, des centaines de voyageurs, perdus, étaient en attente de la moindre information officielle sur leurs vols, tous déclarés retardés sur les écrans d'affichage. Air Algérie a annoncé jeudi avoir pris des «mesures administratives» contre sept (7) personnes qui avaient incité à la grève du personnel navigant commercial lundi dernier. Le directeur de la division des affaires générales de la compagnie nationale, Reda Toubal Seghir, avait précisé à l'APS que la relation de travail de ces sept personnes avait été suspendue en attendant que la justice se prononce. «A la suite du mouvement de grève déclenché le 22 janvier 2018 et déclaré illégal par la justice, Air Algérie a pris des mesures administratives conformément à la règlementation en vigueur», a-t-il expliqué. Une décision qui a relancé les hostilités entre les travailleurs et la direction de la société. Quatre syndicats affiliés à l'UGTA, à savoir le Syndicat des pilotes de ligne, le syndicat technique spécifique, le syndicat du PNC et le syndicat DOS, en plus du Syndicat national des techniciens de maintenance avion, ont exigé la levée «inconditionnelle» des sanctions infligées à l'encontre de leurs collègues du PNC. «Nous mettons en garde la Direction générale d'un éventuel embrasement si les sanctions infligées à l'encontre de nos collègues PNC ne sont pas levées d'une manière inconditionnelle et dans les plus brefs délais», ont écrit ces syndicats dans un communiqué commun. Les signataires du communiqué ont appelé les pouvoirs publics à intervenir en «urgence» afin de mettre fin à ce qu'ils considèrent comme un «massacre entamé par la Direction générale actuelle, et ce, depuis son arrivée, et qui risque de mener la compagnie vers une situation de pourrissement général». Les quatre syndicats ont également mis en garde «contre l'extension du conflit à tous les secteurs de la compagnie», dénonçant «la violation du simple droit syndical» de recourir à la grève. Cependant, la reprise du travail hier ne signifie pas que le conflit entre les syndicats et la direction de l'entreprise soit résolu. Le personnel navigant commercial revendique plusieurs points, dont la révision de la grille des salaires. Ce que les responsables de la compagnie écartent catégoriquement. Il y a quelques jours, le directeur de la Division commerciale de cette compagnie aérienne, Zohir Houaoui, avait expliqué que la situation financière d'Air Algérie est «fragile», vu les charges de cette entreprise liées notamment à la masse salariale qui devrait se situer entre 18 et 20% des charges, ainsi qu'aux coûts d'exploitation relatifs à la maintenance et au carburant. Il a précisé que la revendication relative à la hausse des salaires, prévue dans un accord signé il y a une année, ne pourrait pas se concrétiser dans le contexte actuel du fait des équilibres financiers fragiles de l'entreprise.A rappeler enfin que le tribunal de Dar El-Beida avait déclaré lundi dernier illégale la grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie en vertu d'un jugement en référé. Le jugement rendu avait fait obligation au personnel gréviste de ne pas entraver le fonctionnement des services de la compagnie.