C'est dans la paix des braves et une ambiance festive totale que le rite de Taâchourt a été célébrée ce jeudi en Kabylie, lors d'un rendez vous qui a vu les habitants de cette région affluer vers les lieux du déroulement de la cérémonie, à travers les villes et les villages. C'est ainsi que plusieurs régions de la wilaya de Tizi Ouzou, en particulier en haute Kabylie, ont célébrée avec faste la fête de l'Achoura ou Taâchourt. Cette fête qui est surtout marquée par de véritables rites et cérémonies de réjouissance comme timechrat et zerda est aussi une occasion de retrouvailles. Les différents et nombreux mausolées éparpillés à travers les localités et villages de la haute Kabylie, notamment à Larbaâ Nath Irathen, à Béni Douala, à Aïn El Hammam, à Mekla, à Souamaâ, à Bouzguène, Illoula…, ont constitué, l'espace d'une journée, un lieu de convergence pour des milliers de personnes qui viennent en quête de baraka des saints patrons des lieux.Une cérémonie qui s'est répétée en cette année 2018 dans la quiétude et le calme qui a régné, au sein d'une convivialité qui a été de mise auprès de tous les citoyens qui se sont rendus soit dans les places des villages, où encore dans des sites qui abritent les tombaux de saints vénérés par les populations locales, comme ce fût le cas à El Abbad chérif au niveau du village Ait Bouhini qui culmine dans les cieux sur un mont d'environ 900 mètres d'altitude, séparant la commune d'Azazga et la commune de Yakourène. Un mont distant de quelques 45 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, où femmes, hommes et enfants venus de toutes parts se sont rassemblés au cours d'une journée mémorable de ce jeudi, afin d'observer le rituel de Taâchourt et prendre à l'occasion un couscous offert par les villageois d'Aït Bouhini, qui se sont mobilisés depuis mardi dernier afin de permettre un bon déroulement de cet évènement, qui est ancré dans la tête de beaucoup de citoyens de la région qui fréquentent ce lieu de rituel à chaque fois que cette fête se présente. «Taâchourt pour moi est synonyme d'aller à El Abbad Cherif à chaque fois depuis des années, car je n'ai jamais regretté de venir vu l'hospitalité des habitants de ce village qui ont toujours souhaité la bienvenue à toutes les personnes qui viennent d'ailleurs», nous confia un quinquagénaire qui vient de loin afin de participer aux joutes festives au niveau de ce lieu saint.Ceci alors que son ami de la communauté émigrée concéda le fait qu'il n'est pas reparti avec ses enfants en France à l'occasion de la rentrée scolaire qui a intervenu ça fait deux semaines en avançant : «j'ai préféré reculer ma rentrée juste pour assister à cette rencontre mémorable au sein de ma Kabylie natale, et ce genre de réunions entre toutes les classes de citoyens me rappelle surtout mon enfance et mon adolescence…C'est vraiment grandiose.» Une affluence des grands jours Dès le matin les citoyens ont commencé à affluer vers Azazga, dernier transit avant d'arriver à Ait Bouhini, à bord de leurs voitures personnelles, ou à l'aide des transports collectifs. Et malgré la pluie timide qui s'est abattue sur la région, les gens n'ont pas été dissuadés à aller jusqu'à leur point de prédilection à El Abbad Chèrif. C'est ainsi que femmes, hommes, jeunes et enfants ont défié cette pluie pour continuer vers ce lieu saint. La pluie ne fut que passagère et le ciel s'est stabilisé pour le restant de la journée, et ce n'est que pour le bonheur de toutes ces familles venues de loin. Rien qu'à voir la circulation dense qui a régné ce jeudi au niveau de la route nationale 12, on comprendra que cette journée festive était attendue ardemment après de toutes les populations locales, et ce n'est que vers 19 heures que cette circulation accrue s'est apaisée, alors que beaucoup de citoyens venus d'Alger et même d'Oran et de beaucoup d'autres wilayas du pays rentraient chez eux dans le calme, sans que les services de sécurité n'enregistrent le moindre accident selon des informations que nous avons reçues. Revenant à Ait Bouhini, tous les villageois remercient le comité de village pour l'organisation à sa tête Mohand Mouri, pour la réussite qui a caractérisé cet événement, et aussi les bienfaiteurs qui ont permis de se procurer 5 têtes entre ovins et caprins, en plus d'un gros taureau sacrifiés à l'occasion, afin d'offrir le couscous festif à l'occasion à tout le monde qui a gagné le sanctuaire El Abbad Cherif, et qui ont passé la journée sur place assis ça et là sous un soleil doré et doux qui nous rappellera qu'on est à l'avant dernier jour de la saison estivale. Tout a baigné dans la paix «S'il y a eu une réussite, c'est grâce à Dieu et grâce aussi aux volontaires du village Aït Bouhini» nous déclarera un organisateur que nous avons réussi à joindre à la fin des festivités. «Tout le monde a passé une belle journée dans le calme, la sérénité et le convivialité», et ça prouvera que nos citoyens aiment la paix et le vivre ensemble pourvu qu'elle soit de mise. Ce lieu saint qui inspire beaucoup de foi pour de nombreuses familles kabyles a toujours drainé une grande foule. Une foule qui a été encore cette fois présente en grand nombre pour une célébration dans ce lieu saint où tout âme à trouvé un petit moment pour prier, faire un souhait ou tout simplement venir remercier le saint pour un vœu exaucé. Notons seulement à l'occasion que Sidi el Abbad Cherif est un homme de culte qui a construit une petite maisonnette pour consacrer sa vie à la religion et à la méditation sur un promontoire perché en haut du village Aït Bouhini. Le mausolée Sidi al Abbad où repose ce bienfaiteur et homme de culte est devenu un lieu de pèlerinage pour des milliers de personnes qui y viennent des quatre coins du pays. A part Taâchourt ce lieu est réservé chaque jeudi pour la célébration du saint homme, une veillée au mausolée en présence de centaines de personnes pour louer la baraka du cheikh, alors que deux grandes salles accueillent les visiteurs, l'une est réservée aux femmes, l'autre aux hommes. Fêtée au sein de tous les villages de Kabylie, Taâchourt est donc la journée où l'on se souvient des absents et des morts. Nous nous recueillons devant leurs tombes, nous célébrons leur mémoire dans les mausolées, c'est là que les vieux réflexes de solidarité se revivifient pour prendre en charge les pauvres et les démunis en les aidant comme on peut. Taâchourt en Kabylie nous montre des enfants fous de joie, et des personnes bienfaitrices qui donnent de l'argent pour aider les pauvres, c'est vraiment une journée exceptionnelle. Cette année encore la journée de Taâchourt a prouvé que les algériens peuvent vivre ensemble en paix à chaque fois que l'occasion se présente sans trop demander, juste sourire avec un gros cœur plein de joie et de bonté.