Le Conservatoire central d'Alger ou conservatoire de la Casbah est en pleine disparition. Toute une vie et un patrimoine culturel sont en branle de cette perte qui embarque avec elle des trésors, dont des instruments de musique datant du 18e siècle. L'établissement qui a formé des générations d'artistes est resté ces dernières années en ruine, à l'abandon avant que les autorités ne décident de le fermer mardi dernier. Une grève organisée par les élèves (anciens et nouveaux), les artistes et les professeurs de l'institution a eu lieu avant-hier devant l'établissement. Cette «évacuation est dite temporaire par les autorités concernées qui expliquent le besoin de procéder à des opérations de rénovation du bâtiment en déclin». Les élèves et les professeurs de musique du Conservatoire d'Alger s'indignent de la méthode jugée peu cavalière avec laquelle les autorités ont procédé à cette entreprise de destruction. Venus comme d'habitude assister aux cours et passer des examens de musique, ils ont ainsi appris la fermeture de cette institution «jusqu'à nouvel ordre, pour rénovation». Ils ont été fortement surpris de découvrir à leur arrivée des lieux vidés de leurs biens et de leurs instruments. Selon des sources concordantes, le gérant du Conservatoire d'Alger, l'établissement Arts et Cultures a en réalité été sommé par les autorités publiques de «déguerpir des lieux illico presto». L'APC de la Casbah et la wilaya d'Alger évoquaient «un site dangereux» devant subir des réhabilitations. Cette situation est d'autant plus grave sachant que les adhérents ont déjà payé les frais d'inscription et les professeurs sont liés depuis des années par des contrats à l'établissement. Une situation de «non-droit» accentuée par la perte de cet établissement culturel centenaire. Les adhérents du Conservatoire d'Alger ont ainsi annoncé leur intention de lancer une pétition et «entamer des procédures administratives et juridiques» pour la réintégration des lieux. «Des démarches seront également entamées auprès des institutions nationales de sauvegarde du patrimoine pour dénoncer la détérioration des biens et des instruments de musique durant l'évacuation du Conservatoire. «Nous condamnons aussi la manière dont les instruments de musique, datant des 18e, 19e et 20e siècles, ont été déplacés et détériorés», souligne un élève. En attendant, les cours de musique devront se poursuivre dans les conservatoires municipaux de Kouba, Bir Mourad Raïs, El Biar et Bologhine.