Ce lundi en soirée à la salle El Mouggar à Alger, Malya Saadi est montée aux côtés de Anouar Tsabast pour rendre hommage à son père Hsissen Saadi. Agréable et chaleureuse fut l'ambiance lors de cet hommage organisé par l'Office National de la Communication et de l'Information (ONCI). La salle était à moitié pleine. Les quelques présents à cette soirée particulière dédiée à H'sissen Saadi ont bien profité en appréciant une bonne musique traditionnelle entonnée dans le calme et la chaleur des belles soirées ramadhanesques algéroises. D'emblée, la belle Malya, fille de son père, fait une entrée remarquable sur scène. Vêtue d'un très beau bedroun noir, et juchée sur de hauts talons, elle ouvre le bal avec Sobhane ellah Ya L'tif. En compagnie d'un orchestre composé de six musiciens au mandole, banjo, violon, qanoun, derbouka et tar, elle interprète sans difficulté cette chanson du patrimoine musical algérois souvent ou presque toujours chantée par des hommes. Bien qu'elle ait gardé le style original de cette chanson, elle réussit toutefois à lui donner un cachet particulier, subtil et surprenant grâce sa voix suave. «Cette soirée est dédiée à mon papa, c'est pour cela que j'ai tenu à lui faire un petit cadeau en interprétant une chanson inédite qu'il a composée», lance-t-elle devant un public ravi qui n'a pas arrêté de l'encourager avec des youyous. Ya Lhadjera B'ghir Sbab est alors entonné avec une grande sensibilité et profondeur. Elle enchaîne ensuite avec Chhilet L'aâyani et Meriouma avant de céder la scène à Anouar Tsabast. Ce dernier, à l'instar de Malya dans la voix féminine, fait partie de la nouvelle génération de jeunes chanteurs de chaâbi qui relèvent parfaitement le flambeau de leurs aînés. Proche de la famille Saadi, Anouar a beaucoup travaillé avec Malya durant ses concerts. «Si Malya est sa vrai fille, je peux dire que je suis son fils spirituel», dit-il. A. Tsabast fut également élève de H'sissen Saâdi au Conservatoire d'Alger (qui n'est plus, puisque dispatché en petits fragments à peu partout, à Aïn Benian, à Kouba…) où il enseigne actuellement à son tour. Anouar Tsabast a eu en 2011 le premier prix du 6e festival national de la chanson chaâbie. Une distinction qu'il a reçue des mains du défunt maître Boudjemaâ El Ankis. «C'est un honneur pour moi de participer à cet hommage. C'est un artiste que j'aime beaucoup et que je considère comme l'un des plus grands chanteurs de chaâbi algérien», dira Anouar Tsabast. Place au maître Très attendu, le roi de la soirée fait une entrée discrète et distinguée sanctionnée chaleureusement par les applaudissements et les youyous du public. Son mandole à la main, H'sissen gratifie l'assistance de belles chansons du patrimoine chaâbi traditionnel tel que Mahboubi Nemchilou, Win saadi ghab n'ssafer et Ya H'lal Ramdhan. «Cet hommage est une surprise pour moi. Je ne m'y attendais pas du tout car en ce moment, je ne fais pas beaucoup de scène, vu que je me consacre à la peinture. Je tiens donc à remercier l'ONCI d'avoir organisé cette soirée en mon honneur», nous dira H'sissen Saadi en marge du spectacle. Questionné sur sa chanson Ya L'hadjra B'ghir Sbab que lui a dédiée Malya durant cet hommage, il nous dira que c'est une chanson qui parle de séparation, inspirée du vécu des gens qui l'entourent. «C'est une chanson que j'ai chantée très peu il y a longtemps». Artiste polyvalent possédant plusieurs cordes à son arc, H'sissen Saâdi est l'un des plus anciens élèves d'El Hadj M'hamed El Anka. Saadi est aussi artiste peintre. Il a pour cela édité un beau livre où il combine entre des vers du patrimoine chaâbi illustrés avec de très beaux tableaux de sa propre composition. Ses expositions sont nombreuses. La prochaine sera inaugurée le 17 juin courant à l'hôtel Hilton à Alger.