L'auteur Farouk Zahi a été l'invité, ce mardi, de la librairie Chaïb Dzaïr ( ANEP) pour raconter Bousâada, sa ville et présenter l'ouvrage «Bou sâada en quelques traits», qu'il lui a dédié. Cité du bonheur, oasis d'Alger, porte du désert ou l'enfant unique de sa région, bien des appellations nomment la cité de Bousaâda. Un endroit particulier qui a vu naître un panel de personnalités et qui enflamma l'imaginaire de nombre de créateurs, romanciers, poètes, journalistes, peintres, ethnologues, sociologues et artistes, tels que Youcef Nacib, Mostefa Lacheraf, Barkahoum Ferhati ou encore Etienne Dinet, Isabelle Eberhardt, Guy de Maupassant. Dans sa communication, Farouk Zahi ne s'est pas contenté de lire un texte qui ne restitue en rien la richesse et la beauté de Bousaâda, mais a projeté un diaporama d'images de sites et monuments historiques de la ville, donnant lieu à une sorte de visite guidée, que les présents ont vivement appréciée. Entourée de palmiers, Bousaâda, qui est appelée à devenir wilaya, est actuellement une commune de la wilaya de M'Sila. Elle se trouve à 250 km au sud-est d'Alger. La porte du désert Elle est surnommée «Porte du désert» car elle est l'oasis la plus proche du littoral algérien. Fondée au VIe siècle de l'Hégire, Bousaâda, dont le nom signifie en arabe «le père du bonheur», se situe aux pieds des montagnes des Ouled Naïl. Sa position au croisement d'axes fondamentaux entre le Mzab et le Tell a fait d'elle une ville prospère, peuplée d'un mélange de races et fréquentée par les nomades. «Elle fut le point d'un grand commerce et un centre caravanier important» indique Farouk Zahi. Cet expert au verbe aiguisé dira que «peu de gens savent que Bousaâda a détenu les attributs de l'Etat algérien, qu'il soit l'Etat moderne de l'Emir Abdelkader ou celui d'aujourd'hui. D'ailleurs ,Khaled El Hachemi, fils de l'émir Abdelkader, s'est installé à Bousaâda sur recommandation de son père. Même s'il n' y est resté que 6 ans, il est mort et enterré là-bas», a souligné le conférencier. En faisant défiler les images sur la ville de Bousaâda, Farouk Zahi a longtemps commenté l'armoirie de Bousaâda en rappelant que seules 22 cités algériennes en ont. Les 5 coupoles au-dessus de l'armoirie renvoient aux fractions qui constituent la ville. Une ville fondée par Sidi Tamer Ben Ahmed El Fassi, (venu de Fès) avec Sidi Slimane. Il dira en ce sens que la chienne ou le lièvre de ces pères fondateurs nommé Saâda, est à l'origine du nom de la cité. Ainsi, en commentant ses symboles, il dira aussi que Bousaâda n'est pas une ville ou un village, mais une cité en vue de sa civilisation. «Il faut préciser aussi qu'avant leur arrivée à Bousaâda, et bien avant Sidi Tamer et Sidi Slimane, les Bdarna, une fraction des Beni Soulaim issus des Beni Hilal, avaient trouvé à Bousaâda des passeurs berbères. Preuve que la cité existe depuis très longtemps...» Richesses et authenticité Photo après photo, Zahi aura raconté toute l'histoire et la richesse patrimoniale de Bousaâda. De la place des chameaux, au jardin de l'hôtel Kartala, en passant par la vieille médina, le tombeau de Nasreddine Dinet, le vieux ksar, le fort Cavaignac, le moulin Ferrero, le souk de l'artisanat et la zaouia d'El Hamel, les sanctuaires où reposent Mohammed Ben Belgacem, fondateur de la zaouia Rahmania d'El Hamel et sa fille Lalla Zineb et son musée doté d'une bibliothèque de 6 000 ouvrages, le quartier européen… Farouk Zahi, qui reste parmi les premiers à avoir lancé des SOS concernant la protection de Bousaâda, n'aura pas manqué de raconter les tribus des Ouled Naïl et ses fameuses danseuses à la beauté unique connues pour leurs youyous particuliers imitant le chant de la huppe, le saâdaoui, danse du cheval, l'histoire du Beylicat d'Alger, les chefs spirituels originaires d'Andalousie, la Qoubba de Sidi Brahim, Lucien Challon, l'école de filles mythique de Bousaâda construite en 1936 qui avait ses deux cours, l'une pour les filles françaises et juives, et l'autre pour les filles arabes… Clanisme En outre, il précisera aussi qu'avant, chaque clan, car Bousaâda était constituée de clans et que ces derniers avaient chacun son propre cimetière. Il s'étalera aussi sur la valeur architecturale des jardins verts de la ville avec des murs «si bien construits qu'on oublierait presque qu'on n'est pas dans une zone désertique». Il dira aussi que c'est dans ces lieux en 1966, que fut tourné le seul western jamais réalisé en Algérie, «Trois pistolets contre César» d'Enzo Peri et Moussa Haddad. Ayant travaillé plus de 30 ans dans le secteur de la santé publique en tant que cadre, Farouk Zahi dira qu'il n'a jamais eu de prétention littéraire car il n'est ni auteur, ni journaliste, ni écrivain, ni anthropologue encore moins sociologue…, mais un observateur averti qui dépoussière de grands personnages. A travers ses nombreux écrits et analyses, Zahi contribue fortement à l'enrichissement de l'histoire de Bousaâda. Son ouvrage «Bousaâda en quelques traits», préfacé par Kamel Bouchama, en dit long sur son combat.