Djamel Boutaleb, ce chanteur chaâbi avide de se créer un genre, souhaite rester dans son élément, celui de ne pas dévier de sa passion, les qaçaïd, contrairement à d'autres chanteurs chaâbi qui ont quelque peu préféré verser dans un autre style de musique. Ce natif de Belouizdad vient de sortir un nouvel album comprenant une série de chansons, sur son quartier algérois, notamment mais aussi des morceaux qui parlent de l'histoire et d'anciennes qaçaïd de cette musique traditionnelle. Djamel estime que cette musique reste pour lui, un trésor pour la culture nationale, pour peu que les pouvoirs publics la considèrent comme partie prenante. Dans cet entretien, il nous parle du chaâbi et de sa carrière artistique. Peut-on revenir sur vos débuts dans la chanson chaâbi ? Mes débuts remontent à loin, dès mon jeune âge, mon oncle maternel m'a initié aux rudiments du chaâbi, trouvant en moi des qualités plutôt exceptionnelles dans ce genre de musique. Quelques dates intéressantes de vos débuts ? En 1986, j'ai obtenu la cinquième place sur les 53 participants au concours organisé par le comité des fêtes d'Alger, alors qu'en 1992 j'ai réussi à me hisser à la première place à la salle Ibn Khaldoun parmi un nombre très important de participants, Il y avait comme membres du jury en ce temps-là Boudjemâa El Ankis et le regretté Mustapha Skandrani. Quels sont les chouyoukh qui vous ont le plus Marqué dans ce domaine? Il y a incontestablement le regretté Sidi Lakhdar Benkhlouf de Mostaganem qui a laissé les meilleures qaçaïd, et Mohamed Errachid qui reste pour moi une bibliothèque dans ce genre de musique. Et comme chanteurs ? Incontestablement, El hadj M'hamed El Anka. Vivez-vous du chaâbi ou avez-vous d'autres activités ? J'ai mon «job», mais parallèlement c'est le chaâbi qui me prend le plus de temps. Donc, c'est un peu votre travail le chaâbi, n'est-ce pas ? Oui, en définitive je passe mon temps à répéter ou à travailler, nous sommes domiciliés généralement à Cheraga. Etes-vous aussi sollicités pour les fêtes ? Oui, je suis très sollicité pour les fêtes, je ne m'en plains pas, cela m'encourage aussi pour travailler davantage, il faut dire que les fêtes sont les seules garanties pour le chaâbi, heureusement d'ailleurs. Vous venez d'enregistrer un nouvel album, peut-on en connaître quelques-unes des chansons ? Oui, il s'agit d'un album où je chante d'abord mon quartier Belcourt, d'autant que beaucoup me l'ont demandé, ensuite une chanson sur El hadj M'hamed El Anka, mais aussi des qaçaïd sur l'histoire du chaâbi avec en prime des morceaux déjà chantés par nos valeureux chouyoukh. Et quand sortira-t-il ? Il est déjà sorti, mais bientôt en vente. On dit que vous étiez un ancien joueur de football ? Oui, j'ai d'abord joué dans mon quartier, Belouizdad, comme gardien de but, ensuite plusieurs personnes m'ont poussé à jouer au niveau d'un club, chose faite, puisqu'un jour je me suis retrouvé au niveau d'un club de Belouizdad qui évoluait en division inférieure, mais comme la musique était pour moi une passion, j'ai préféré arrêter le sport pour me consacrer pleinement au chaâbi. Certains, prétendent que le raï a su s'imposer devant le chaâbi... Où çà ? En Algérie... Ceux qui disent cela sont généralement des profanes dans le domaine de la musique, le raï est un autre style de musique, il n'a rien à avoir avec le chaâbi qui porte bien son nom, c'est une musique dont les textes l'ont davantage enrichi. Vous semblez ne jamais vouloir chanter un autre style de musique, pourquoi ? Ecoutez, je suis un chanteur chaâbi, et je souhaite toujours apporter un plus dans ce domaine, donc vouloir chanter autre chose que le chaâbi, cela ne m'a jamais effleuré l'esprit, parce que tout simplement les autres styles ne m'intéressent pas. Le CR Belouizdad ? C'est mon identité et une longue histoire d'amour. Et l'équipe nationale de football ? Je reste optimiste pour la qualification de notre équipe en Coupe du monde, c'est une bande de copains qui veut aller en Afrique du Sud, je leur souhaite plein succès. Un dernier mot ? Je souhaite que le chaâbi reste à jamais la vitrine de la culture, d'autant qu'il est un trésor pour l'art algérien.