Ce que la poste algérienne, qui n'est pourtant pas un exemple de performance, a réalisé il y a plus de trente ans, les banques, publiques et privées, avec leurs moyens logistiques leur flux financier et leur discours avant-gardiste, peinent à le faire aujourd'hui. Il s'agit, comme on l'aura deviné, de la centralisation du réseau informatique des comptes qui permette aux clients de disposer de leur argent «au moins» dans toutes les agences d'une même banque sur le territoire national. A bien y réfléchir, ce sont les banques qui réalisent là la plus étonnante des performances : quand, en 2010, un quidam qui a ouvert un compte à la BNA de la rue Didouche ne peut pas encaisser un chèque à la BNA du boulevard Amirouche, ce n'est pas de performance qu'il s'agit, mais de génie ! Eh oui, il ya trente ans, quand l'informatique était encore à l'âge du silex, on pouvait déjà voyager de Constantine à Aïn Témouchent sans s'encombrer de grosses liasses pour le séjour et qui sait pour un coup dur, toujours possible. Ce n'est pas le cas aujourd'hui que la technologie est à son apogée en la matière. Quand une banque n'arrive même pas à assurer la fonction, basique pour ne pas dire primaire, de guichet, il n'est plus impertinent de se demander si les questions qu'on se pose sur leur rôle d'outil de développement socioéconomique ne sont pas d'un «autre temps». Au stade actuel de leur (sous) développement, peut-on vraiment aborder sérieusement avec les banques algériennes des sujets comme le financement de projets fiables et utiles, l'accompagnement d'idées innovantes, l'encouragement des moyens modernes de paiement et l'étude des meilleurs placements ? En théorie, les gestionnaires de nos banques ne parlent que de ça. Par prétention et surtout par commodité. Il est plus facile pour une banque en effet de cacher son retard dans l'accomplissement de ses attributs modernes tels que l'encouragement de l'investissement productif que de faire oublier à un client désabusé qu'il attend son chéquier depuis deux mois, ça se sait tout de suite ! Un homme d'affaires qui n'a ni la réputation d'être un enflammé, ni celle d'être une pleureuse a même eu cette terrible conclusion : «Réformer les banques ? Il faudra commencer par en créer !» Le constat est trop dur, mais il est difficile d'en atténuer l'amertume. Il est des choses qu'on ne peut pas cacher et l'archaïsme de nos banques en est la plus cinglante illustration. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir