«Toutes les mesures ont été prises pour combattre la spéculation dans l'habitat précaire pour acquérir un logement social.» C'est à partir d'Oran, où il présidait l'ouverture du Salon international de l'habitat, la construction, les matériaux de construction et des travaux publics, que le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme a fait cette déclaration. On pensait qu'il s'agissait d'inaugurer une autre politique du logement social qui soit juste avant qu'elle ne soit hors de portée des spéculateurs. A moins que l'un n'aille pas sans l'autre, ce qui a rarement été décelable dans les discours officiels en la matière. On n'attendait peut-être pas tant, mais s'agissant de «spéculation dans le logement social», il faut quand même admettre que le «volet» bidonvilles et habitat précaire ne représente pas de proportion majeure dans le plan global des spéculateurs. Le «phénomène» appartient plutôt à la légende – ou le mythe – racontée dans la douceur des chaumières qu'à la réalité. Une réalité qui s'est rarement manifestée au grand jour. «Il se dit» qu'un quidam a un bidonville dans toutes les wilayas, ce qui lui permet d'obtenir plusieurs logements chaque année, comme il se dit qu'un mendiant possède une villa à trois étages, roule en Mercedes le soir venu et passe ses vacances en Espagne. Par contre, de hauts fonctionnaires et des… journalistes qui ont acquis des logements «sociaux» dans chaque wilaya, des ministres «spécialisés» dans la distribution «désintéressée» d'appartements, ça, c'est une pratique qui a toujours eu cours tout au long de la période où le logement social était la seule formule d'accès à une habitation. Il y a sûrement des petits malins qui tentent d'ériger une baraque à chaque fois qu'il sentent qu'il y a une opportunité dans un endroit ou un autre. Il doit aussi bien y avoir quelques marchands de misère et des «placeurs», toute faune qui tire profit de la détresse des pauvres et des errements politiques en la matière. Mais les occupants d'habitat précaire, comme ceux qui évoluent à sa périphérie, ne sont pas un «axe» prioritaire et stratégique dans la guerre – si guerre il y a – à livrer à la spéculation. Il faudra peut-être commencer par s'entendre sur les mots. La spéculation est un terme imprécis qui désigne des opérations économiques ou financières peu vertueuses, rarement utiles, mais souvent légales. Il faudra sûrement trouver autre chose pour nommer ceux qui font fortune dans le logement social. Mais d'ici là, on aura peut-être songé à l'essentiel. Loin des bidonvilles. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir