Les puissances occidentales, y compris celles qui n´ont laissé jusque-là aucune chance au traitement des conflits armés internationaux par le dialogue, se rendent progressivement à l´idée que la voie diplomatique reste la meilleure. Cette solution, l´Algérie l´avait pourtant avancée en son temps pour résoudre le conflit interne libyen dont l´internationalisation irréfléchie et précipitée n´a pas ramené, comme promis, la stabilité politique à ce pays du Maghreb. Pire, la guerre de Libye a eu des conséquences désastreuses sur le Sahel et provoqué la partition du territoire malien.
La voie du dialogue Une situation qui n´aurait jamais dû se produire si les appels incessants du gouvernement algérien à une exploration en profondeur de la voie du dialogue avaient eu des échos parmi les partisans de la solution militaire. Les «alliés» – et leurs alliés locaux – trop motivés par des intérêts économiques et géostratégiques évidents, ont voulu remettre d´actualité cette stratégie de faillite dans la région du Sahel, sans le moindre souci d´en évaluer les risques locaux et l´impact négatif sur la stabilité et la sécurité régionale. Le forcing diplomatique en faveur de l´exploration à fond de la voie du dialogue que le gouvernement algérien a déployée auprès des gouvernements de la Cédéao commence à porter ses fruits. Les gouvernements occidentaux comprennent mieux les craintes légitimes de l´Algérie de ne pas donner l´occasion aux groupes terroristes d´utiliser l´argument de l´intervention étrangère pour ouvrir au Sahel un nouveau front afghan.
Ne pas faire le jeu d´Al Qaïda ! Depuis que l´idée de la mise en place d´une force par la Cédéao a été avancée par des puissances occidentales, Al Qaïda a commencé à battre le rappel des volontaires pour soutenir Aqmi et le Mujao. Il sera difficile de convaincre les djihadistes du monde musulman et d´Europe que ces deux organisations terroristes ne sont pas en train de «mener la guerre sainte» contre l´Occident, dans la mesure où les pays de l´Alliance atlantique vont apporter le soutien logistique, le renseignement et la technologie de guerre aux 3500 soldats de la force africaine. Des délégations du gouvernement malien du MNLA et d´Ançar Eddine seraient à Alger, selon des «sources crédibles» contactées par le Temps d´Algérie. D´autres délégations de ces trois parties concernées par la crise malienne se sont déjà rendues à Ouagadougou pour solliciter la médiation du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Les Touareg, les modérés du MLNA comme les radicaux d´Ançar Eddine, rejettent toute alliance avec les groupes terroristes d´Aqmi et du Mujao. C´est un argument fort.
Le MLNA à Paris Les Etats-Unis comme le Royaume-Uni ont progressivement adhéré à la démarche dialoguiste préconisée par Alger. Même Paris, encore sur la lancée du va-t-en-guerre en Libye de Sarkozy, explore la voie du dialogue. Une délégation du MNLA est reçue à Paris. La solution d´une autonomie de la région de l´Azawad dans le cadre de l´intégrité territoriale du Mali et de l´unité de son peuple fait son chemin. Elle pourrait prendre forme à condition que fructifie le dialogue entre les deux branches du mouvement nationaliste des Azawad autour de la même table avec le gouvernement malien. Cette démarche est la seule à pouvoir redonner au Mali sa stabilité politique et sa capacité militaire pour mettre hors d´état de nuire les groupes terroristes qui infestent sa région nord, avec l´engagement des pays de la ligne de front contre ce fléau et le soutien logistique de la communauté internationale.