Si Tarek crie avoir eu trois joints et non pas trois cents grammes, Hakim, lui, nie farouchement, et pour ce faire, ne prend même pas d´avocat. Tarek, lui, a vu son père lui chercher un grand conseil. Il finira par le dénicher à El Harrach alors qu´il plaidait fort. Maître Benouaddi Lamouri était sur un brasero du fait que son client, inculpé très lourdement dans une sale affaire de trafic de drogue, risquait une moche peine de prison ferme outre une forte amende. Pauvre Hakim! Le procureur met du sien en interrompant les propos de Tarek, le coïnculpé, dont les réponses aux questions de l´avocat rouquin «soulageaient» le client. Hakim tient bon. Il déclare au tribunal qu´il connaît Tarek à Staouéli. «Comme ça», et que ce n´est même pas une connaissance. «Je n´ai jamais touché à la drogue. Je n´ai pas encore compris pourquoi il m´a mouillé.» Tarek maintient ses dires: «Hakim a déposé le paquet chez moi. Trente minutes après, les policiers sont arrivés et découvert le pot aux stups», mâchonne-t-il avant que le représentant du parquet ne s´exclame sur le pourquoi Hakim et pas un autre jeune. «Les deux inculpés revendent de la drogue.» Rien que pour cela, il requiert un an de prison ferme pour chacun des deux prévenus, permettant ainsi à l´avocat de ricaner, car il va soulever de la poussière en défiant le parquet. Presque meurtri, le défenseur prend à bras-le-corps sa percutante plaidoirie en s´appuyant sur la personnalité du codétenu venu, aujourd´hui, en qualité de prévenu en liberté provisoire. «Si Hakim est un drogué notoire en pleins soins, Tarek mon client, un tôlier, est loin de tout ce qui peut mener en taule», a bruyamment affirmé le conseil qui saute une ultime fois sur la personnalité de son client. «Il ne fume même pas de tabac ordinaire, relaxez-le au nom de l´innocence, car le procureur n´a même pas de preuves d´une quelconque drogue trouvée sur lui.» Amusée, presque souriante, la présidente prononce le verdict en fin d´audience. Tarek est condamné à une peine de prison de six mois ferme tandis que Hakim a été relaxé purement et simplement du fait qu´il ait été victime d´une méprise. Mais la justice est là. Elle veille à la bonne réputation et tant pis pour ceux qui n´y croient pas, sauf ceux qui sont victimes de cette même justice où se terrent des magistrats pourris contre qui Tayeb Belaïz, ce valeureux cavalier de la réforme, n´y peut rien, tant les boucliers l´en empêchent. «Mais la vérité qui est l´émanation du Tout-Puissant, finit toujours par éclater», comme le crie, de temps à autre, cet «aigle» qu´est Maître Benouadham Lamouri, souvent suivi par ses cadets Maître Abdelkrim Bouderbal de Bordj El Kiffan, Hachemi Menaouar de Aïn Taya et surtout ce terrible Hakim Aïnouz qui a été formé par son paternel, aujourd´hui fier que son grand Hakim soit sur la bonne voie. Enfin, revenons à ces demandes émanant du procureur qui, souvent, ne justifient jamais l´an ferme, les trois ans ou même les cinq ans. A méditer.