Les membres de «Ness El Ghiwane» au rythme de la musique Ils ont rafraîchi et donné un sens nouveau à la langue populaire, avec des textes à la fois poétiques et rebelles. Le film documentaire du réalisateur marocain Omar Benhamou «Ness el Ghiwane» a été projeté à la cinémathèque d'Alger dans le cadre du programme de la troisième édition des «Journées cinématographiques d'Alger». Un film qui retrace le parcours exceptionnel et l'évolution d'un groupe mythique. Omar Benhamou nous fait voyager dans l'histoire de Ness el Ghiwane, à travers les témoignages recueillis de ses derniers membres encore en vie, Omar Sayed, Allal Yaâla, Moulay Abdelaziz Tahiri ainsi que des proches et des amateurs invétérés du groupe. Des témoignages étonnants sur la formation. Une aventure sur les traces des «bâtisseurs» de cette légende populaire, liée indéniablement à l'histoire de «Haï el Mohammadi», l'une des cités les plus pauvres, oubliée au fond de Casablanca, et qui avait vu naître la formation. L'histoire d'un quartier populaire qui abritait des ouvriers venus de toutes les régions du Maroc. Les mem-bres du groupe se sont nourris de la diversité artistique et culturelle produite à Haï Mohammadi autour du théâtre populaire de la Halqa. Ils puiseront leur influences de la poésie soufie et d'une littérature populaire dialectale très imagée. Présents avec leur musiques sur les places publiques, certains membres fondateurs se verront attirés par le café théâtre «La comédie» tenu à l'époque par le dramaturge marocain Tayeb Seddiki où ils entameront leur première prestation musicale face au public. Le dramaturge algérien Mohamed Boudia, directeur du Théâtre national d'Alger (Tna) après l'indépendance avait d'ailleurs invité la troupe pour une tournée en France. Le documentaire a évoqué également l'influence du théâtre et de la poésie engagée de Larbi Batma et Boudjmîa Hagour qui dénonçaient certains aspects tabous de la société. Boudjmîa Hagour décède en 1974, remplacé par le Gnawi et troubadour Abderrahmane Kirouch dit Paco. Le groupe de Nass el ghiwane commence alors à explorer de nouveaux horizons musicaux, grâce aux nouveaux rythmes et les sonorités envoûtantes du goumbri de Abderrahmane Kirouch renforçant ainsi les influences traditionnelles du groupe. Des textes souvent dénonciateurs d'une époque où les jeunes marrocains étaient «rongés par les injustices et les libertés d'expression étaient inexistantes». La formation de Hai Mohammadi a continué, à l'exemple de son succès «Soubhane allah», de propager un vent de liberté chez ces jeunes. Un groupe qui s'était vite retrouvé sur la scène internationale grâce à des chansons cultes telles que «Lebtana». Les plus grands artistes et musiciens des années 70 et 80 les admiraient: Jimmy Hendrix, Bob Marley, Peter Gabriel, les Rolling Stones ainsi que toute une communauté de hippies qui se trouvaient au maroc. Martin Scorsese les avait d'ailleurs surnommés de «Rolling Stones de l'Afrique» et qui avait même tenté de faire appel en 1988 au groupe Ness El Ghiwane afin de l'autoriser à utiliser la chanson Ya Sah dans son film, La dernière tentation du Christ.» Une admiration qui a fini par engendrer des collaborations musicales ouvertes sur des horizons de fusion encore inédits. Le documentaire de Omar Benhamou a pris fin en montrant la nouvelle génération de la jeunesse marocaine, admirative et emplie de reconnaissance. Une jeunesse qui a rendu hommage aux incorruptibles et légendaires Ness el Ghiwane. Un documentaire qui a su rendre la reconnaissance de plusieurs générations, du talent musical aux diverses consonances, rock fusion gnawi et musique populaire. «Ness El Ghiwane» ont rafraîchi et donné un sens nouveau à la langue populaire, avec des textes à la fois poétiques et rebelles.