A J-2 des élections locales, le taux de participation et les conditions de déroulement du scrutin font l'objet de sérieuses appréhensions. Partis politiques en lice et ministère de l'Intérieur craignent que le scrutin de ce jeudi 29 novembre ne soit qu'une simple formalité pour un simulacre électoral, dont les résultats seraient connus d'avance. Certains partis comptent même saisir le Premier ministre pour le mettre en garde contre une «fraude massive». Par ailleurs, le rassemblement organisé, hier, par les représentants de six formations politiques devant l'APC d'Alger-Centre a pour objectif de sensibiliser électeurs et administration contre toute velléité de fraude électorale. Les «pronostics» du secrétaire général du FLN prédisant un raz-de-marée de son parti comme ce fut le cas lors des législatives du 10 mai dernier laissent planer le doute sur la transparence de l'opération électorale. Et c'est à juste titre que les partis politiques en lice craignent que le «vieux parti» qui dit jouer franc jeu, leur fasse un enfant dans le dos. Déjà, les prémices d'irrégularité du scrutin commencent à se faire jour avec des «fuites» de bulletins de vote «FLN» dans la wilaya de Souk Ahras. Un précédent grave qui pourrait entacher la crédibilité de ces locales. Surtout que, contrairement aux dernières législatives, où le mandat des élus est national, cette fois il s'agit d'élus locaux, donc censés gérer la plus petite cellule de l'Etat. Ainsi, au lieu de donner l'exemple d'intégrité, de droiture et de compétence, certains candidats s'adonnent à des querelles de chiffonniers. Certains en sont même arrivés aux mains. Ça vole au ras des pâquerettes. Comment un prétendant à la gestion d'une commune peut-il avoir la confiance d'un électorat, déjà échaudé par les expériences précédentes? D'autant plus que la piètre prestation des chefs de partis politiques en lice, lors de la campagne électorale, constitue un argument supplémentaire aux électeurs les moins indécis pour déserter l'urne. Quand des candidats et/ou leaders politiques promettant monts et merveilles n'arrivent pas à distinguer entre les prérogatives d'un élu local, d'un député... et du chef de l'Etat, on peut facilement deviner ce que seront les futures assemblées élues. Sur un autre chapitre, il est à se demander si le ministre de l'Intérieur n'a pas été «généreux» en prédisant un taux de participation de 40 à 45%. Pour cause, l'indifférence qui a entouré la campagne électorale et le niveau des discours développés par les chefs des 52 partis en lice, font craindre un taux d'abstention record. En somme, la culture de la «chkara», les considérations tribales dans le choix des candidats, l'implication de certains candidats dans des affaires de corruption, de moeurs et de malversations...ne manqueront pas de déteindre sur un scrutin aussi décisif. Même si pour l'administration, l'exploit aura été d'organiser dans les délais impartis, deux rendez-vous électoraux aussi importants que les législatives et les locales.