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"Regardez-nous!"
PROJECTION DE RENGAINE DE RACHID JAIDANI AU FICA
Publié dans L'Expression le 13 - 12 - 2012

img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P121213-04.jpg" alt=""Regardez-nous!"" /
«Durant une heure quinze minutes, vous allez nous regarder et pas pouvoir détourner votre regard, vous allez devoir vous assumer. On est là, on existe» fera remarquer le réalisateur, mardi.
De l'amour et rien que de l'amour est distillé derrière chaque plan. Cela saute aux yeux. «Bien sûr, il y a des choses personnelles dans ce film. Ce qui gravite tout au long du film c'est aussi l'âme de ce petit être qui est ma fille et qui, à travers elle, passe un message d'amour. Quand parfois je regarde Rengaine, j'ai le sentiment de chuchoter des mots universels à l'oreille de ma fille». Et de confier encore avec sa voix fluette mais tendre: «Si je pouvais, j'aurai accentué encore plus les gros plans mais hélas je ne peux pas sinon on ne verrai plus les visages. Quand je me suis lancé dans cette aventure filmique, je voulais montrer des personnes que l'on ne voit jamais au cinéma. Farid, Karim et tous les autres personnages. Je voulais monter à travers mon film, qui est un acte politique, qui nous sommes. Durant une heure quinze minutes, vous allez nous regarder et pas pouvoir détourner votre regard, vous allez devoir vous assumer. On est là, on existe. Regardez nous!» Beau tacle annoncé lors du débat par Rachid Jaidani auteur du sublime et nerveux film Rengaine, présenté mardi soir à la salle Ibn Zeydoun, dans le cadre du Festival du film engagé. «Bizarre!» n'avait cesse de dire une spectatrice dans la salle à son amie, déroutée sans doute qu'elle était par l'entrée en matière de ce film pas comme les autres, car résolument contemporain tant par son processus esthétique qu'il déroule, que par ses idéaux qu 'il développe, qu'il dérange ainsi, que ce soit par sa forme ou par son contenu. D'abord la forme: celle-ci est prise dans un étau psychologique angoissant. La caméra bouge la majorité du temps. Place à quelques moments de répit, la roucoulade amoureuse de ces deux tourtereaux, aussi ces moments de flottement insaisissables nimbés de mélancolie puis cet apaisement qui survient un peu vers la fin. Mais toujours des gros plans et ces regards qui crèvent l'écran. Des expressions, tantôt
sereines, colériques ou passionnées... Tournée caméra à l'épaule avec zoomage particulier, l'image est d'emblée balisée, parfois sombre, énigmatique, mais brutale, frontale rehaussée d'une force incroyable. Bref, ça cogne pas mal à l'esprit dans Rengaine. Le contenu cette fois: sans doute il vous semblera bourré de clichés, un peu trop pour un seul film. Mais nécessaire. C'est le risque qu'a pris ce réalisateur qui a voulu mettre tout son coeur et ses tripes dans ce film coup de poing avec rage et ténacité. L'histoire se passe à Paris aujourd'hui. C'est le mois de Ramadhan. Dorcy, un jeune noir chrétien comédien de son état, qui essaie du mois au théâtre et au petit boulot, veut épouser Sabrina, une jeune Algérienne musulmane, musicienne. Sabrina aime Dordy donc et veut l'épouser aussi. Mais ses frangins, une quarantaine s'y opposent, enfin pas tous, surtout le grand frère Slimane. Celui-ci se montre assez dur, contre ce mariage et profondément attaché aux traditions et aux valeurs... Toutefois, lui aime de son côté une juive et veut également l'épouser mais n'en parle à personne. C'est clair et net: pas de mariage entre Noirs et Arabes. Cela ne se fait pas. «Respecte ta religion mec!»» une phrase que chacun va balancer à la figure de l'autre pour signer son territoire. Décortique le propos vers lequel semble se diriger le film. Des amis oui, mais beaux-frères non! Une scène encore où un jeune homme s'adresse à Slimane et ses frères pour leur proposer de faire un sondage «à des gens comme vous qui passent leur temps à la gare» - sous-entendu à des délinquants - est des plus significatives et résume à elle seule le propos du film qui tente, grappe par grappe, carte par carte, à déjouer, dénouer et débusquer les stéréotypes ou préjugés là où ils se planquent. Thème du recensement: «Les minorités communautaires». Profil choisi, ou suggéré dicté le fameux délit de faciès. «Elle peut pas l'épouser mon frère c'est un renoi, enfin tu vas quoi..» dit Kamel (Kamel Zouaoui) à son ami, lui aussi Noir, avant de se taire, gêné par la maladresse de son propos. Et son copain de rétorquer: «Vas-y je te laisse je vais donc rejoindre ma famille les Négros» une séquence cultisme et délicieusement drôle. Aussi est-elle cocasse et terrible à la fois, bien symptomatique du malaise social qui secoue la société française d'aujourd'hui plutôt bien plus sectaire que l'on croit et dévoile si besoin est «le retour du radicalisme en France» comme soufflé à juste titre par un spectateur dans la salle. Démesurément étrange, brute, Rengaine se lit comme une musique intérieure qui crie son ras-le-bol, contre une vision hypocrite, violente d'une mentalité, cloisonnée dans un carcan de pseudo réflexe archaïque. Rengaine fait par ce Rocky Balboa du cinéma n'a pas la prétention de panser des blessures, mais tend à vouloir donner à voir et dénoncer peut-être (un mot à prendre avec des pincettes) un racisme bien évident et bien ancré en France. Il semble témoigner de certaines situations intolérables tout en prônant la tolérance, l'ouverture d'esprit et l'altérité. «Ce film a été un voyage d'initiation, une errance qui a duré 9 ans. Je suis fier de le présenter dans le pays de mes racines et de mon sang», a déclaré Rachid Jaidani. Sur un plan technique, et s'agissant de cette extraordinaire magie de construction du film il dira: «Il faut savoir que le film est fait à la base en quatre tiers. Et là vous l'avez vu dans un format 16/9. C'est-à-dire pour avoir cet format-là, il a fallu zoomer dans l'image. Donc accentuer plus cette option qui, en fin de compte, est complètement assumée» dira Jaidani (de mère soudanaise et père algérien Ndlr). Ce dernier expliquera aussi avoir été ancien boxeur puis passé à l'écriture de romans, fait du théâtre avec Peter Brook puis arrivé au cinéma en autodidacte. «Avant d'arriver sur un ring, il faut s'entraîner. Au cinéma j'y suis allé tout en apprenant de mes erreurs, et cette évolution fait l'identité de Rengaine.». Au-delà du ressenti et des absurdités décriées, ce sont en effet, ces gros plans épidermiques que l'on retiendra incontestablement comme l'a fait remarquer Jaidani. Pari réussi donc pour cette proposition artistico-politique qui a su jouer avec les règles pour nous enfanter cet «hors normité» des plus originales. superbe écriture est ce film rehaussé d'un cadrage presque déréglé, mais paradoxalement beau car nous projetant directement dans l'intime. Rengaine est fait de ces petites indélicatesses qui font son charme en conférant à son auteur, sa sublime pâte de cinéaste à part entière, à notre sens, un réel bonheur cinématographique à voir son film, sans fioriture ni démagogie. Un magnifique coup de pied dans la fourmilière cinéma de Madame la France d'aujourd'hui avec lequel il faudra composer. Il s'appelle Rachid Jaidani souvenez-vous enfin de ce nom!!


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