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Mouloud Feraoun en haut de l'affiche
LA TERRE ET LE SANG LE 15 MARS À TIZI OUZOU
Publié dans L'Expression le 10 - 03 - 2013


Hamma Méliani
L'événement est double. Le fils de Tizi Hibel, dont on fête le centenaire de sa naissance, est porté pour la première fois sur les planches. C'est le plus bel hommage que pouvait rendre le dramaturge Hamma Méliani au chef-d'oeuvre de Mouloud Feraoun (né le 8 mars 1913 à Tizi Hibel en haute Kabylie et assassiné le 15 mars 1962 à Alger). L'auteur de la pièce Le Lait du père (Prix Amnesty International) a confié avec la sensibilité qui le caractérise, en exclusivité à L'Expression, ses sentiments sur ce roman qu'il a mis en scène et dont il porte désormais l'empreinte. La générale sera donnée le 15 mars à Tizi Ouzou au Théâtre régional Kateb-Yacine.
L'Expression: Comment avez-vous conçu la création du spectacle?
Hamma Méliani: La Terre et le sang méritait en son temps une distinction internationale parce qu'à mon sens, ce roman de Mouloud Feraoun, écrit pendant les violences de la colonisation, donnait la parole à la paysannerie algérienne et portait déjà le rêve de l'indépendance nationale. Pour avoir si bien adapté au théâtre cette oeuvre dense et grave, Mohamed Zameich a mis cette pièce à la portée de tous les publics. C'est ce que j'ai essayé d'exprimer théâtralement en arabe algérien (derja) pour cette version; tout en étant une courroie de transmission à la fois de l'écrivain et de cette période historique...
Comment avez-vous découvert ce texte?
Adolescent, le roman de Feraoun m'avait déjà marqué. Porter ce drame à la scène est un souhait. Le projet avait mûri entre les mains de la dramaturge Fouzia Aït El Haj qui était alors la directrice du Théâtre régional de Tizi Ouzou. Elle m'avait confié la création du spectacle en deux versions, kabyle et arabe algérien. En découvrant l'adaptation de Mohamed Zameiche et ses qualités d'écriture, j'ai sauté sur l'occasion pour commencer le travail. C'était en 2009. Entre-temps, Fouzia avait quitté Tizi pour diriger le Théâtre régional d'El Eulma et continuait de me soutenir pour créer le spectacle. Smaïl Amiar, qui l'avait remplacée suivait de près le projet, m'encourageait en me demandant de patienter. Il m'a soutenu ainsi jusqu'à son départ.
De 2009 jusqu'à 2013, que s'est-il passé?
Sans pouvoir mettre rapidement en chantier l'oeuvre, je me trouvais désemparé. Mais en moi la frustration me laminait, la colère montait parfois face à la lenteur de ne pas réaliser la pièce. Elle me tenait tant à coeur. La Terre et le sang vivait en moi, chaque personnage vibrait avec ma rage. Tous les personnages se construisaient lentement en moi dans l'attente de pouvoir leur donner vie sur scène et présenter au public cette tragédie majeure de notre société pendant la période coloniale. De son côté, Ali Feraoun me poussait à contourner les obstacles et me couvrait de son affection et de ses conseils. Ses interventions ont été déterminantes pour la mise en chantier, enfin, de La Terre et le sang. Elhadi Ould Ali, directeur de la culture, qui connaissait mon travail avait alors souhaité que je monte la pièce. Séduit par le projet de formation-création que je portais et comme il avait le souci de renouveler l'équipe de création et de donner un souffle nouveau au théâtre Kateb-Yacine, il m'avait confié alors cette mission. C'est ainsi que la réalisation de ce projet a vu le jour.
Former des artistes et créer des spectacles, est-ce difficile?
C'est une mission exaltante. J'avais en face de moi une belle brochette de comédiennes et de comédiens à former. Une jeunesse motivée, respectueuse, possédant des capacités créatrices et un savoir-vivre. Un bonheur partagé, je suppose. Une symbiose, une dynamique collective nous réjouissait autour de ce travail exigeant.
Vous leur apprenez quoi?
La formation de l'acteur, la dramaturgie, ils découvrent la fonction sociale du théâtre et son utilité dans notre pays, le sens artistique. Ils apprennent aussi l'histoire, la culture amazighe et de temps en temps, sous forme de discussions spontanées, nous abordions l'actualité nationale et internationale, les mutations sociales en Algérie, les bouleversements du monde.
Parlez-nous un peu de votre mise en scène...
Dans la mise en scène de cette tragédie, j'articule la dramaturgie à la réalité de l'époque. Exigeant ainsi des comédiens la justesse des personnages, une densité dramatique forte en interprétation, parfois drôle, parfois tragique. Mon travail de création insiste sur la vérité de l'acte théâtral où l'émotion et les sentiments ne sont pas feints mais réellement à vivre dans chacune des situations. Ici, l'âme kabyle y est vivante et avec elle l'ensemble des âmes de la paysannerie de tout le Maghreb. Dans cette tragédie, les décors, l'éclairage, la musique, les accessoires et les costumes sont élaborés, réalisés dans la sobriété et la pureté, tout comme l'oeuvre de Mouloud Feraoun.
La scénographie et la mise en scène sont de vous. Qui a créé la musique et qui a réalisé les décors, les accessoires les costumes? Comment est composée votre équipe artistique?
Djaffar Aït Menguellet avait fait un excellent travail de recherche sur le patrimoine musical kabyle de l'époque et a créé et réalisé une musique de scène appropriée au spectacle. Abdelkrim Arab, de son côté, a travaillé avec moi sur la scénographie et a réalisé décors et accessoires en un temps record. Pour la création lumière et la sonorisation M'hena Aoudia, Temzi Khlifa, Bouakline Mohand et Kader Kaïbi se sont décarcassés avec Réda Amrani, mon assistant, pour créer dans de bonnes conditions la pièce. Et puis, l'équipe de communication pilotée par Chaféa Taâzibt a été efficace dans son domaine.
Peut-on espérer que grâce à votre démarche artistique autour de ce travail, on peut voir la naissance de nouveaux talents pour le Théâtre régional de Tizi Ouzou?
Je l'espère, parce que ces talents existent déjà. Je n'ai fait que les révéler. Krimo, Nassim, Kahina, Ania, Hakima, Lahlou, Mohamed Zaoui, Tileli, Nora et presque tous, représentent la relève et l'avenir de ce théâtre. Il est vrai que mon séjour à Tizi était motivé par la formation et la création. J'ai réalisé un travail d'école de théâtre.
Pourquoi n'ouvrez-vous pas une grande école? Avec l'émergence des théâtres régionaux, des productions de télévision, des nouvelles chaînes, la demande existe...
C'est vrai. Il faut aussi des acteurs et des actrices de qualité pour nos productions cinématographiques et pour nos théâtres; sur tous les plans. Je vous avoue que j'ai déjà déposé un projet de création d'une école des arts du spectacle et du cinéma au ministère de la Culture, il y a de cela deux ans; je n'ai pas reçu de suite depuis. Dernièrement, j'ai remis en main le dossier à M. Brahim Nouel. Sensible à ce projet pédagogique, il a émis le souhait de le soutenir et m'a recommandé de le soumettre de nouveau à Mme la ministre de la Culture. C'est ce que j'ai fait. J'attends, j'espère une réponse favorable.
J'espère avec vous la réalisation de tous vos projets, mais avant de nous quitter pouvez-vous nous résumer l'histoire de ce drame qu'est La Terre et le sang?
Dans cette tragédie, il s'agit de la terre ancestrale, des héritiers à naître, de la vengeance, du colonialisme et de ses violences. La trame tourne autour de ces sujets où les femmes se retrouvent à la fontaine puisant l'eau et les hommes au sein de la tajmaât pour se réunir, discutant et jugeant les travers et les vertus des villageois d'Ighil N'zmane.
Que raconte cette pièce?
Slimane désire venger Rabah son frère assassiné dans une mine en France. Pour laver l'honneur de sa famille, il accuse Amar, son cousin, revenu de Métropole avec Marie son épouse après une longue émigration. Da Ramdane, le beau-père, essaie d'empêcher cette vengeance parce que Amar et Slimane n'ont pas d'héritier et puis la terre familiale risque d'aller à d'autres personnes d'Ighil N'zmane. Hocine et sa redoutable femme encouragent les cousins à faire couler le sang pour racheter ce lopin de terre. Cependant, Hammama épouse stérile de Hocine, a marié celui-ci avec Kamra, une jeune fille jolie et docile pour avoir un héritier et se l'approprier. Kemmouma et Smina, de leur côté, poussent leurs enfants, Amar et Chabha vers la consommation d'un adultère pour avoir aussi un héritier. Amar et Slimane s'entre-tuent alors dans un duel. Où l'on apprend plus tard dans cette tragédie que Marie, l'épouse d'Amar, n'est autre que la fille de Rabah et qu'elle porte enfin l'enfant tant espéré. Marie symbolise le sang de la tribu qui revient à la terre pour donner la vie. C'est la terre et le sang.
C'est pour bientôt la première au théâtre Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou?
Le 15 mars. C'est aussi la journée de commémoration de l'assassinat du chahid Mouloud Feraoun, exécuté par l'OAS le 15 mars 1962 à Alger.
Avez-vous une idée de la programmation?
Une tournée nationale est prévue conjointement avec les activités de la Fondation Mouloud-Feraoun qui fête cette année le centenaire de l'écrivain. Mon souhait est de voir La Terre et le sang participer à tous les festivals internationaux, parce que ce travail est de qualité et la parole et le génie de Mouloud Feraoun méritent de sortir des nos frontières.


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