Cette suspension est plutôt d'ordre technique que stratégique. Après 15 heures d'intenses débats, le chef du gouvernement et la délégation des 24 ont décidé de suspendre la séance en raison du Conseil des ministres qui devait se tenir dans l'après-midi d'hier. Les deux parties ont passé une nuit blanche au palais du gouvernement dans l'espoir de solutionner l'épineuse incidence relative à la dissolution des assemblées issues des élections législatives et locales de 2002. Mais aucun accord n'a été signé dans ce sens jusqu'à 9h hier matin. Ainsi, Ouyahia et les 24 ont convenu de se séparer pour se donner rendez-vous à 10h aujourd'hui. Le porte-parole de la délégation des archs, Belaïd Abrika, intervenant à la salle Ibn Khaldoun après la rencontre, souligne : «Pour le moment, puisque aucun résultat n'est obtenu, on se refuse à toute déclaration.» Ce qui est certain, c'est que cette suspension est plutôt d'ordre technique que stratégique. En plus du programme chargé du chef du gouvernement appelé à assister au Conseil des ministres, les 24 ont besoin d'une petite pause pour se reposer et reprendre aujourd'hui. Ainsi, il est prémonitoire de parler d'un quelconque échec en sachant que le dialogue est toujours en cours. A signaler que la 6e incidence est posée par l'interwilayas comme préalable au dialogue sur la mise en oeuvre de la plate-forme d'El-Kseur. D'après les délégués rencontrés à la salle Ibn Khaldoun, les élus de Kabylie sont non seulement illégitimes, mais ils sont également derrière l'arrestation de nombreux délégués du mouvement citoyen. Dans cette optique, il est à rappeler que dans certaines communes de la région, l'administration a installé des P/APC avec deux voix exprimées lors du scrutin. Au niveau des APC, APW et APN, les partis politiques ciblés par cette incidence sont essentiellement le FFS et le FLN. Durant ces deux élections, le mouvement citoyen a non seulement appelé au boycott, mais il a empêché leur déroulement. Dans certaines localités, on a enregistré des affrontements entre les électeurs et les délégués des archs. Appeler au rejet des élections à cette époque était somme toute acceptable, mais empêcher un citoyen de voter est un acte antidémocratique. C'est un geste qui nous rappelle, tristement, les menaces des terroristes appelant les citoyens à refuser toute consultation électorale. Le mouvement citoyen, qui se revendique de la démocratie et de la citoyenneté, devrait désormais se démarquer de toute action à contre-courant de ses principes directeurs. Concernant les autres localités, le ministre de l'Intérieur a déclaré, à plusieurs reprises, que les élections partielles auront lieu prochainement. A signaler que la délégation des 24, en séjour à Alger depuis mardi, a refusé d'être prise en charge par le gouvernement. Interrogé sur cette position, un délégué, dépassant la cinquantaine, explique: «La tradition veut que lorsque nous sommes en désaccord avec quelqu'un, nous ne mangeons pas avec lui. Lorsque nous arriverons à régler notre problème avec Ouyahia, nous mangerons avec lui.» De ce point de vue, les 24 ont amplement raison, car le mot arch lui-même rime avec tradition.