La survalorisation des examens de fin d'année y est, pour l'essentiel, dans cette hécatombe qui devrait intéresser les spécialistes en la matière. Elle était seule devant son pupitre. Elle a indiqué son code d'inscription au BEM. La réponse était dure à supporter. Son coeur s'arrêta d'un seul coup; elle n'a pas supporté le choc de son échec. Elle, c'est une jeune élève de la commune d'Akfadou, dont le décès a plongé dans l'émoi toute une région. Comme elle, de nombreux malheureux candidats aux différents examens de fin d'année scolaire sont soumis au même risque. Celui de perdre la vie spontanément, comme c'est le cas de la jeune fille d'Akfadou, ou par le geste fatal du suicide. Chaque année, les résultats de fin d'année arrivent avec leur lot de joie et de malheur. Des jeunes filles et garçons partent à la fleur de l'âge pour avoir échoué à un examen. La survalorisation des examens de fin d'année y est pour l'essentiel dans cette hécatombe qui devrait intéresser les spécialistes en la matière. Depuis qu'un succès, aussi banal que l'examen de 5ème est fêté à grande pompe, la pression sur les candidats aux différents examens de fin d'année s'est démultipliée. Les parents avides de succès de leur progéniture s'adonnent à un exercice aux conséquences incalculables. Réussir à tout prix. Voilà le maître-mot chez de nombreuses familles. S'il est légitime d'inciter son enfant au travail dans le but de réussir, il reste la manière de s'y prendre et surtout les motivations dont, notamment celle de réussir parce que le fils ou la fille du voisin l'a fait, ce qui induit des conséquences dramatiques. Pour satisfaire l'intérêt des parents, il arrive trop souvent qu'au cours de l'année de l'examen, l'élève se démultiplie en vain. Parti avec une base faible, engendrée par l'absence de suivi durant les années qui précédèrent l'examen, l'élève fait de son mieux pour réussir. Ce n'est pas souvent facile. Et à l'annonce des résultats, le drame arrive. A défaut d'une fête grandiose rêvée à l'occasion, la famille vivra un drame qu'elle n'a pas vu venir. S'il est évident que l'examen du baccalauréat est le plus important dans le cursus scolaire de chaque élève, il n'en demeure pas moins que ces dernières années, même la 5ème et le BEM sont placés sur le même piédestal, à telle enseigne qu'ils deviennent une question de vie ou de mort. Le succès de sa progéniture aux différents examens de fin d'année, entendre par là le Bac, le BEM et la 5ème, est devenu une obsession pour les familles. Outre le fait d'avancer leurs congés annuels pour aider leurs enfants, les parents dépensent sans compter dans les cours, qui n'ont de soutien que le nom. Après tant d'efforts, ils sont gagnés plus que leurs enfants par l'angoisse des résultats. On les retrouve là, devant les centres d'examen à espérer une fin d'année heureuse, récompensée par le succès qui permettra à leurs enfants de passer au stade supérieur. La tension qui est présente chez eux se traduit souvent par une autre pression qui monte, imposée au candidat à tel point qu'il s'oublie et ne pense qu'à satisfaire ou plutôt à ne pas décevoir. En Algérie, rares sont les parents qui pensent aux études de leurs enfants en dehors des périodes d'examen. Cela bien sûr n'est pas pour les soutenir afin de subir les épreuves dans les meilleures conditions psychologiques, comme cela se fait dans les pays avancés, mais plutôt pour leur mettre davantage de pression. La preuve, plusieurs candidats frôlent la dépression le jour même de l'examen. Si certains arrivent à se maîtriser, d'autres cèdent. Il en est de même lors de l'attente des résultats, le jour de leur annonce et bien après. Face à ce constat, il n'est donc pas étonnant d'entendre parler de drames par-ci par là. Ainsi va la scolarité des enfants algériens dans une société où la provocation et l'égoïsme n'ont pas de limite.