Du côté FLN, les ponts avec la chefferie du gouvernement sont entièrement coupés. Trois instances internationales - la Ligue arabe, l'Organisation des Nations unies et l'Union africaine - enverront bientôt à Alger leurs délégations pour une mission dite de «reconnaissance». Elles tâteront le champ politique national et le degré de la faisabilité d'une élection sans accrocs. Aussi, le «oui» du Parlement européen à se joindre à ce trio est attendu pour les jours prochains. Le chef de l'Exécutif, agissant sous les ordres du président de la République, a pris le soin d'inviter les observateurs à y venir massivement, histoire d'éteindre les voix criant à l'insuffisance numérique de «la mission étrangère». Peine perdue. Les candidats en lice - hormis, bien entendu, M.Bouteflika - continuent à nourrir des soupçons inextinguibles quant à la «bonne volonté du pouvoir d'organiser la présidentielle dans les strictes règles de la régularité». Du côté FLN, les ponts avec la chefferie du gouvernement sont entièrement coupés. S'exprimant sur le sujet, M.Dahdouh, chef de cabinet de M.Benflis, nous a confirmé que le FLN maintient toujours sa position arrêtée auparavant. En dépit de l'engagement solennel d'Ouyahia à multiplier le nombre d'observateurs, le FLN se montre toujours fermé de croire «à la disposition du pouvoir à assurer la régularité de la présidentielle». La même perplexité taraude le RCD; la formation de Sadi récuse de fond en comble la manière avec laquelle le pouvoir envisage de faire fonctionner l'observation étrangère. «Je renvoie d'abord Ouyahia à la déclaration qu'il avait faite lors des législatives de 1997 où il avait dit que l'Algérie n'a pas besoin d'observateurs internationaux», a tempêté Hamid Lounaouci, chargé de communication du parti, que nous avons. S'agissant de la mission, notre interlocuteur a estimé qu'«une observation internationale ne se prépare pas la veille d'une élection, mais un semestre au moins avant l'échéance» car, a-t-il poursuivi, «le travail est énorme». Ce travail, selon Lounaouci, touchera l'épuration des listes électorales, le contrôle des bureaux de vote le jour J, ainsi que l'exploitation des résultats. Notre source a prédit l'échec de ce «coup de théâtre» puisque «l'ONU ne dépêchera pas de délégation et les délégués arabes et africains doivent promouvoir la démocratie chez eux, afin qu'ils puissent être ses garants ailleurs». Même topo du côté de Sid Ahmed Ghozali, secrétaire général du parti non agréé FD. Pour lui, le recours aux observateurs internationaux «doit avoir un effet rétroactif». Il exige des représentants de l'ONU, de l'UA et de la Ligue arabe de «se pencher sur les six mois passés où le candidat-président a usé et abusé des moyens de l'Etat à des fins électoralistes». Le MRN de Djaballah ne voit même pas «l'utilité d'une telle opération». «C'est une opération non fonctionnelle vu le nombre de bureaux de vote. A El-Islah, nous avons demandé son annulation pure et simple», nous a confié M.Benabdeslam, le préposé à la communication. Les prétendants à la magistrature suprême ne sont guère rassurés. Ils craignent tous que la présence internationale s'avère en fin de compte «de la poudre aux yeux».