Evénement incontournable. Nous sommes le 8 mars. Une journée dédiée à la femme. La plus grande difficulté d'aborder ce sujet qui revient chaque année, sans lasser, est de trouver le moyen de sortir des sentiers battus. Cette année c'est notre calendrier politique qui nous l'offre. Mais avant, une petite précision s'impose. C'est en décembre 1977 que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution instituant une «Journée des Nations unies pour les droits de la femme». La résolution laisse cependant la liberté aux Etats membres d'observer cette journée à la date de l'année qui leur convient. Pourquoi? Le texte de la résolution précise que c'est en fonction «de leurs traditions historiques et nationales». C'est ainsi, par exemple, qu'en Tunisie la «Journée de la femme» a lieu le 13 août de chaque année. C'est ce même jour de l'année 1956 qu'a été promulgué le Code du statut personnel tunisien instituant l'égalité entre l'homme et la femme. Il n'est pas interdit de célébrer la «Journée internationale» le 8 mars et la «Journée nationale» à une autre date. Comme pour «la Journée de la presse» que nous célébrons, chez nous, deux fois. «L'internationale» le 3 mai et «la nationale» le 22 octobre. Ainsi, on préserve nos propres repères tout en étant solidaires avec le reste du monde. D'ailleurs, la première «Journée internationale de la femme» a été célébrée non pas un 8 mars mais le 19 mars 1911 à Copenhague (Danemark). Ceci étant dit, l'histoire de la Journée internationale de la femme a pour principal fondement la revendication du droit de vote par les femmes à travers le monde. Un droit que même des femmes de pays développés n'ont pas obtenu facilement. Un exemple parmi d'autres, en Suisse les femmes ne l'ont obtenu qu'en 1972 au niveau fédéral et ce n'est qu'en 1990 qu'il a été élargi à tous les cantons. En Espagne ce droit n'a été rétabli qu'en 1975 tandis qu'à la même année le Portugal a levé l'exigence qui accordait ce droit aux seules femmes instruites. Quand on sait que ce même droit a été accordé à la femme algérienne dès l'indépendance du pays en 1962, on se doit d'en être fiers. Quand on sait aussi que le droit de vote, tant revendiqué par les femmes à travers le monde, est l'arme absolue dont elles disposent dans leur combat pour l'égalité des chances, on mesure mieux l'acquis dont elles jouissent. Si l'on ajoute à cette arme celle du savoir que la femme algérienne possède également, la voie du progrès lui est accessible. Pour peu, comme l'a si bien rappelé, mercredi dernier, la moudjahida, Mme Zohra Drif-Bitat, que la femme algérienne «mène elle-même ses propres batailles. Personne d'autre n'est en mesure de les mener à sa place». Cette héroïne de la guerre de Libération nationale sait de quoi elle parle. Elle sait que la liberté ne se donne pas. Elle s'arrache. Le ministre du Travail, Mohamed Benmeradi, a donné, jeudi dernier, quelques chiffres. Dans le corps de la magistrature, les femmes représentent 42% de l'encadrement. Dans celui de l'éducation elles occupent 62% des postes. Elles sont, depuis 2012, plus de 30% au Parlement. Cette évolution significative de la condition féminine dans notre pays, est plus que prometteuse pour les autres «batailles» de la femme. La principale de ces batailles n'est que celle à mener contre «les mentalités archaïques» dénoncées, jeudi dernier, par le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa. Qui mieux que la mère, la juge ou la femme parlementaire pour faire reculer l'archaïsme? Nous évoquions au début le calendrier politique. Pour préserver et même protéger le droit de vote si chèrement acquis par les femmes dans le monde, l'Algérienne doit se battre. L'échéance électorale du 17 avril prochain sera, pour elle, un défi à relever. En participant massivement!