Alors que les Tunisiens et les Algériens interdisent l'entrée de capitaux étrangers dans le paysage audiovisuel local, les Marocains font toujours exception à la règle et autorisent l'entrée d'un important partenaire émirati Nekst Investments et Steeds Medias dans le capital de la chaîne Medi1 TV. La télévision marocaine qui s'apprête même à devenir une entité émiratie est en parfaite contradiction avec les nouvelles règles maghrébines. Avec ce soutien financier, Medi1 TV compte sur l'expérience dans l'industrie audiovisuelle de ses nouveaux actionnaires pour rebondir et revenir sur le paysage maghrébin après une chute vertigineuse. Nekst Investments et Steeds Medias sont deux grands noms de la scène médiatique arabe qui devraient injecter 800 MDH dans les caisses de la chaîne marocaine à travers une augmentation de capital. Cette enveloppe devrait permettre de financer l'investissement dans les équipements technologiques, la programmation et le renforcement des compétences humaines. L'opération n'attend plus que l'autorisation de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), qui est déjà acquise. Ce n'est en effet un secret pour personne que les trois chaînes marocaines peinent à se maintenir dans le paysage audiovisuel maghrébin et surtout arabe. Les recettes publicitaires dans le secteur sont en chute libre depuis deux ou trois ans et aucun signe de reprise ne se profile à l'horizon. Le top management de Medi1 TV s'en défend: si la chaîne n'est pas encore rentable, cela ne veut pas forcément dire qu'elle constitue un mauvais investissement. Et pour cause, durant ces trois ans d'existence, l'objectif principal était la construction d'un actif de valeur, que ce soit à travers le renforcement des moyens techniques et humains ou de l'image et du positionnement sur la scène nationale. «C'était d'ailleurs le deal passé avec les actionnaires historiques. Ces derniers étaient prêts à supporter les pertes de la chaîne tant que celle-ci améliorait la valorisation de son actif. C'est ce qui a été fait durant les trois dernières années», explique Abbas Azzouzi, P-DG de la chaîne, avant d'ajouter que «pour toute entreprise nouvellement créée, les investissements sont nettement plus importants que les recettes qu'elle peut dégager durant ses premières années d'existence». Cela dit, cet engagement des actionnaires actuels de Medi1 TV était arrêté dans le temps. Il était en effet prévu, dès le départ, que ce soutien s'estomperait en 2013. Ainsi, un road show de plus de 18 mois avait été initié et les responsables de la chaîne ont rencontré plusieurs opérateurs dans le secteur et ce, en Europe, aux Etats-Unis, dans le Golfe et même au Maroc. Selon M. Azzouzi, au moins cinq grands opérateurs étaient intéressés par Medi1 TV. Mais Nekst Investments et Steeds Medias ont réussi à faire pencher la balance de leur côté grâce à deux facteurs principaux: la proximité culturelle avec le Maroc et le fait qu'ils font preuve d'une expérience non négligeable au niveau opérationnel. [email protected]