Le chef des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien, a prédit hier la chute de la monarchie saoudienne et le «renforcement du pouvoir» de l'Iran, un mois après le début des bombardements aériens contre les rebelles houthis au Yémen. «La dynastie saoudienne est aujourd'hui au bord du déclin et de la chute», a lancé le général Mohammed Ali Jafari, cité par l'agence Irna lors d'un discours à Téhéran. «Nous espérons que cela se réalisera rapidement», a-t-il ajouté, selon l'agence Tasnim. «Chaque jour, nous sommes témoins du renforcement du pouvoir et de la dimension de la Révolution islamique à l'étranger», a-t-il affirmé, accusant «l'Arabie saoudite traîtresse (qui) marche dans les pas d'Israël et des sionistes». «Ce n'était pas le cas auparavant et désormais les opposants de la République islamique se révèlent au grand jour», a-t-il ajouté. Le général Jafari a également appelé les responsables iraniens à abandonner toute «réserve» pour condamner la monarchie wahhabite. Ces déclarations interviennent quelques jours après celles du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait comparé les frappes de la coalition «à ce que fait le régime sioniste (Israël) à Ghaza», les qualifiant de «massacre» et de «génocide». «Le gouvernement saoudien doit cesser le plus tôt possible ces crimes catastrophiques», avait-il ajouté. Une coalition des monarchies du Golfe, l'Egypte et le Maroc, dirigée par Riyadh, a lancé une opération militaire aérienne le 26 mars pour contrer l'avancée des rebelles Houthis et de leurs alliés, qui ont pris le contrôle de larges parties du territoire yéménite. Riyadh a annoncé le 21 avril la fin de sa campagne, mais les raids aériens sur les positions des rebelles se sont poursuivis depuis. Les deux puissances régionales rivales avaient opéré un timide rapprochement après l'élection en Iran du président Hassan Rohani en juin 2013. Mais leurs relations se sont détériorées depuis le début de l'offensive des Houthis contre le régime du président Abd Rabbo Mansour Hadi qui a trouvé refuge à Riyadh. L'Iran est accusé de soutenir militairement les rebelles mais Téhéran dément, assurant ne fournir qu'une aide humanitaire. Plus de 1000 personnes, dont une moitié de civils, ont été tuées au Yémen entre le 19 mars et le 20 avril, selon un bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les monarchies du Golfe s'inquiètent plus largement de l'influence de l'Iran au Yémen, en Syrie, où Téhéran soutient Damas, mais aussi au Liban, en Irak et à Bahreïn. Mi-avril, M. Rohani avait toutefois assuré que son pays ne cherchait pas à dominer la région.