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A la rencontre de Badr' Eddine Mili
20ÈME SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D'ALGER
Publié dans L'Expression le 31 - 10 - 2015

Usant d'un argumentaire à la fois fluide et passionné, Badr' Eddine Mili considère que son nouveau roman, Les Abysses de la passion maudite, se décline comme une invitation à revisiter la grande déchirure de la société algérienne des années 1990.
C'est un invité encombrant que ce Badr'Eddine Mili. Les organisateurs de la présente édition du Salon du Livre sont sur le qui-vive. Et ils n'ont pas tort tant les critiques sensiblement acerbes de leur invité de marque ne laissent point indifférents. Pour celui qui a tancé sévèrement la 17e édition de cette manifestation, les salons se suivent et se ressemblent: «Ce sont de gros marchés de livres à écouler. De plus, ces hommages rendus à tire-larigot, en veux-tu, en voilà, à d'obscures plumes, à l'exception de quelques écrivains-phares, ne sont pas faits pour crédibiliser cet important rendez-vous culturel. Sans oublier ces invitations lancées à des cohortes d'étrangers, pompeusement, présentés comme «des amis de l'Algérie» qui viennent effectuer des virées touristiques à Alger, aux frais de la princesse, sans produire, à leur retour chez eux, le moindre compte-rendu sur leur randonnée en 'pays indigène''». Pour l'auteur de La Brèche et le Rempart, cette façon de faire du lobbying est une parfaite supercherie: «Si ce type d'action avait débouché sur des résultats visibles, on l'aurait su depuis longtemps et on ne traînerait pas, encore, les effets du camouflet que fut pour nous la loi française sur les bienfaits de la colonisation.» Cette incapacité à favoriser un retour sur l'investissement est, de son point de vue, loin d'être fortuite, irriguée qu'elle est «par l'existence de groupes de pression francophiles qui, très actifs et incrustés dans le paysage culturel national, brouillent la vision et faussent les données.
Le devoir des intellectuels algériens patriotes est d'y réagir vigoureusement.» Est-ce pour cette raison qu'il se fende de fortes humeurs contre les écrits de certains de leurs icônes? A commencer par la romancière Malika Mokeddem à qui il administra une imparable volée de bois vert: «Ayant, vous-même consenti à lever cette immunité, ne vous étonnez pas de me voir dans l'obligation de faire exception à la règle basique de ma morale, pour vous remettre à la place que vous n'auriez jamais dû quitter et mettre à l'index votre crasseuse ignorance de l'histoire authentique de mon pays et de mon peuple que vous jugez avec une légèreté désopilante au travers de votre lorgnette d'auteure hybride.»
Contre une conception réductrice de la Révolution algérienne
Cette véhémente mise au point était une réponse à un brûlot que nous devons à une auteure qui a soudainement oublié qu'elle appartenait à un camp qui n'avait jamais accepté le recouvrement de la souveraineté nationale par le peuple algérien: «Que n'eussiez-vous pas, plutôt, choisi d'enquêter et de protester contre le sort inhumain qui fut réservé aux ouvriers de votre région natale par les colons capitalistes, exploiteurs des mines de Kenadsa, pendant plus d'un siècle et dont témoigne, affreusement, le musée de Béchar qui montre comment les mineurs de l'Erg occidental mouraient à moins de 30 ans dans les boyaux des houillères.»
Les raisons de la colère de Badr'Eddine Mili, s'il est permis de paraphraser à tout le moins John Steinbeck, sont fondées et font suite à une curieuse plaidoirie de Malika Mokeddem en faveur de Benjamin Stora comme si cet Algérien de confession juive ne pouvait pas se défendre. Les sorties de l'époque de cet historien n'avaient pas manqué de susciter dans les milieux de la presse nationale de nombreuses indignations parmi lesquelles celle de Badr'Eddine Mili qui accusa Stora de pécher par quatre tares contre lesquelles il s'était inscrit en faux. Celle du messalisme dont l'historien a fait un porte-drapeau pour délégitimer le FLN en tant que force révolutionnaire armée, sa préférence allant aux solutions libérales. La deuxième tare est liée au fait que Benjamin Stora ait une conception réductrice de la Révolution algérienne qu'il présente comme une lutte entre clans et chefs mettant hors du coup le peuple dont il minore le rôle et les sacrifices humains et matériels. Le renvoi, dos à dos, des protagonistes de la guerre, et le fait de les mettre sur un même pied d'égalité et de les créditer, tous deux, de l'usage inconsidéré de la violence, figurent parmi les griefs reprochés à cet enfant de Constantine. Enfin, et ce n'est un secret pour personne, l'autre reproche fait à la même personne, est l'occultation des causes premières de l'insurrection du 1er Novembre 1954 qui remontent à l'expédition décidée par Charles X, en 1830 et ce, pour des raisons économiques et stratégiques notoires: «Tels sont les griefs et un désaccord de fond - et non un conflit personnel - que j'ai formulés à l'encontre de Stora auquel je reproche de vouloir reconstruire l'histoire de l'Algérie selon une grille de lecture subjective et, forcément, déformatrice, une approche qui a un nom: le révisionnisme. Sans plus.
D'ailleurs, vous n'êtes pas loin de certaines de mes observations quand vous avouez explicitement que Stora a puisé ses biographies de militants nationalistes dans les archives de la police française entreposées à Aix-en-Provence.» Cela souligné, pour mieux faire émerger la personnalité de l'invité du Sila et non moins auteur des Editions Chihab, la rencontre littéraire à laquelle a été convié le public a permis à l'auteur de mettre l'accent aussi sur son expérience romanesque grâce à une trilogie dont le dernier tome a été présenté hier au stand de la maison éditrice. Entamé avec La Brèche et le Rempart (2009), adapté à la télévision puis traduit en arabe dans le cadre de «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», suivi par Les Miroirs aux alouettes (2011) et Les Abysses de la passion maudite (2015) qui vient de sortir, le triptyque a été conçu par l'auteur sous la forme d'une reconstitution romanesque de l'Histoire contemporaine de l'Algérie et, notamment, de ses périodes les plus cruciales: la guerre de libération, l'indépendance et la grande crise des années 1990. Les Abysses de la passion maudite décrit et décrypte «les moments les plus tragiques de cette crise qui avait ébranlé l'unité de la Nation algérienne et les fondations de son Etat».
Usant d'un argumentaire à la fois fluide et passionné, Badr'Eddine Mili considère que ce troisième volet se décline comme une invitation à revisiter la grande déchirure de la société algérienne des années 1990. On y lira la façon dont les Algériens ont géré le terrorisme et les oppositions idéologiques, politiques et culturelles qui en découlèrent, avec Stopha, un héros malgré lui, pris dans l'oeil du cyclone.
Une histoire sans fard, ni manichéisme, ni surdétermination
On y découvrira aussi comment la société a trouvé dans le recours à Novembre et à son actualité les ressources vitales pour mener son combat contre l'horreur, sortir la tête de l'eau et repartir à la conquête de la modernité et du progrès dans un consensus enrichi du pluralisme et de la diversité nécessaires à la liberté et à la viabilité d'un Etat de droit. C'est la leçon magistrale que nous a administrée cette halte salutaire et ce face à soi-même qu'a constitué la commémoration du Cinquantenaire de l'Indépendance. Un cinquantenaire qui a vu les présidents algériens à l'épreuve du pouvoir, de Ferhat Abbas à Abdelaziz Bouteflika, grâce à un essai où la veine patriotique de l'auteur ne laisse subsister aucun doute quant au devenir de notre merveilleux pays. D'une actualité certaine, Les Abysses de la passion maudite semble, en effet, suggérer la ligne générale à emprunter pour nous en sortir présentement: le nationalisme révolutionnaire. Comme pour s'excuser enveloppé qu'il est dans le manteau de l'humilité et du militantisme, il vous confiera que son intention première était de raconter, dans sa trilogie, une histoire vraie qui ressemble aux Algériens, dans laquelle ils pouvaient se reconnaître facilement et qui les ramène à un temps qu'ils revisiteraient avec beaucoup d'émotion: «J'ai choisi de raconter cette histoire sans fards, ni manichéisme, ni surdétermination. Je l'ai fait pour que cela serve à ranimer une flamme en ces temps où les gens cherchent des repères pour se ressourcer d'un monde en plein bouleversement.»


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