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Qui est le vrai voleur?
Publié dans L'Expression le 06 - 02 - 2016

Le jeune Biskri se fait happer deux portables neufs remis par le revendeur...
Radja Bouziane est une excellente juge du siège à El Harrach (cour d'Alger) qui a, à sa droite, un certain parquetier Ferradji. Mardi, vers 11 heures, Abdelouahab M.,21 ans, s'avance de la barre avec le statut de détenu inculpé de vol, fait prévu et puni par le redoutable article 350 du Code pénal.
Originaire de la ville des Zibans, le détenu s'était retrouvé à El Harrach (Alger), dans de beaux draps, car le scénario avancé par Abdelouahab est, à lui, seul édifiant. Maître Djediat a dû tourner sa langue 10 fois avant d'accepter de défendre ce pauvre bougre! Oui, c'est tellement gros, comme couleuvre, que l'on a de la peine à vous «monter» cette chronique Follow-me!
Selon le détenu, il passait devant un revendeur de mobiles au centre-ville, lorsqu'il eut envie de jeter un oeil sur la vitrine où étaient exposés une quarantaine de portables toutes marques et tous calibres confondus.
Il entra au magasin. Le revendeur le dévisagea et l'entendit lancer cette longue phrase:
«Monsieur, j'ai envie d'offrir à ma soeur qui vient d'avoir un bébé un portable. Elle est d'ailleurs dans la voiture à 100 m d'ici, à l'angle de deux artères.»
«C'est bon jeune homme, voilà deux modèles dernier cri. Elle aura le choix. Tenez, prenez votre temps!», dit confiant le commerçant qui avait pris la précaution de suivre le «client» qui s'enfonça sur le trottoir se dirigeant vers la fameuse auto garée dans les parages. Et ce qu'allait voir le pauvre commerçant était tout simplement effarant. A un moment de la traversée du trottoir, un individu ou plutôt une «ombre» surgit et hop! Les deux appareils étaient volatilisés. La consternation s'était mêlée à l'indifférence des passants, dont beaucoup s'étaient accommodés à de telles situations nées de la petite criminalité... Le pauvre Abdelouahab n'avait même pas retrouvé ses esprits que le commerçant le prit au collet: «Espèce de voleur. C'était combiné comme méfait! Vous êtes un bandit! Vous êtes entré dans mon magasin avec une tête apparemment honnête. Sinon, je ne vous aurais pas remis deux combinés de valeur. Vous allez payer cher le coup prémédité avec votre complice qui vous attendait sur le trottoir d'en face (il assène deux coups de poing sur la nuque de Abdelouahab qui essaie de les esquiver, en vain). Vous allez voir que devant la police vous cracherez la vérité!», avait rugi le pauvre commerçant qui avait, sans le vouloir, ameuté les voisins accourus en attendant l'arrivée des policiers. Dans la voiture-radio, le malheureux gus, piégé par le destin, ignorait tout de l'article 350 du Code pénal qui dispose que: «Quiconque soustrait frauduleusement une chose qui ne lui appartient pas, est coupable de vol et puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 800.00 DA
La même peine est applicable à la soustraction frauduleuse d'eau, de gaz et d'électricité. Le coupable peut, en outre, être frappé pour un an au moins et cinq ans au plus, de l'interdiction d'un ou plusieurs des droits mentionnés à l'article 9 bis 1 et d'interdiction de séjour dans les conditions prévues aux articles 12 et 13 de la présente loi. La tentative du délit prévue à l'alinéa précédent est punie des mêmes peines que l'infraction consommée. Et cet article (loi n°06-23 du 20 décembre 2006) est né de la section I: vols et extorsions - chapitre III: crimes et délits contre les biens. Et ce discret procureur de la République connaît très bien la loi. Il a dû y penser avant de requérir la peine d'emprisonnement de trois ans ferme sans prendre en considération que ses éléments de la police judiciaire aient pu amener le vrai voleur de portables qui s'est véritablement volatilisé, comme l'aurait souligné Maître Djediat au cours de l'interrogatoire excellemment mené par cette merveilleuse Radja Bouziane qui a pris beaucoup d'assurance et de métier. D'ailleurs, son verdict prononcé une semaine plus tard, va permettre au Biskri de regagner le Sud grâce au sursis (une année!) et comme à la parade, elle a rendu justice, estimant que les arguments présentés ci-dessus par l'avocat d'Alger étaient suffisants.
Quant à Abdelouahab, il a encore le tympan qui résonne de cette grosse phrase humiliante à la limite: «Attendez, vous allez payer et dur, espèce de bandit», lança le bonhomme qui balança au passage des coups de désespoir... avant d'arriver au poste de police... A la barre, en l'absence de la victime qui n'a pas daigné se déplacer le jour de l'audience, le détenu a confirmé ses premières déclarations après que Bouziane, la juge, eut martelé: «Inculpé, avez-vous oui ou non volé?»
«Non madame. C'est la vérité, je portais les deux portables sans leurs boîtes. Ce qui a permis au voleur de deviner d'où je venais et ce que j'avais à la main.»
Devant le silence de Farradji, le procureur, Maître Djediat intervient, de quoi encourager le gus à ne dire que la vérité: «Madame la présidente, il est venu de Biskra et donc, ne connaît personne dans la capitale où il a mis les pieds pour la première fois de sa vie.» Plus tard, l'avocat de Patrice Lumumba avait su développer les arguments de défense: «Premièrement, il est innocent, car il n'a pas fui après l'ignoble acte du vrai voleur.
Deuxièmement, il n'a pas résisté et même pas répondu aux coups qu'il a reçus. En droit, madame la présidente, quelqu'un qui est en faute, détale, prend ses jambes à son cou et s'évapore dans la nature. Soyons sérieux, madame, Abdelouahab est réellement innocent, surtout que l'on n'a jamais retrouvé les deux portables sur lui. En plus de nier, Abdelouahab a une tête très sympathique. Pourquoi aurait-il laissé Biskra pour voler dans la capitale et surtout El Harrach? oui, El Harrach, dont je peux me passer de qualifier cette commune, celle du beau football!» avait plaidé l'avocat brun que suivait de loin, son confrère, ami et copain Me Benouadah Lamouri, fraîchement grand-père pour la énième fois (Allah bénisse) et cet événement ne l'empêchera pas encore de mettre sa robe noire dans le placard. Non, Me Lamouri adore les «escapades» dans les juridictions.


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