C'est Mikhaïl Bogdanov qui a présidé l'ouverture des travaux Un prix intitulé «Evgueni Primakov», en hommage au célèbre journaliste et orientaliste russe récompensera de 50 000 dollars tout travail journalistique qui mettra en relief le rôle de la Russie dans la lutte contre l'extrémisme. Pas moins de 70 journalistes, responsables politiques, anciens ambassadeurs et représentants d'organisations de la société civile, venus de 20 pays musulmans sont en conclave depuis mardi dernier en Russie, à Moscou. Ce panel politico-médiatique assiste à la deuxième édition du Forum des journalistes des pays musulmans contre l'extrémisme», une rencontre initiée en décembre dernier par un think tank russe appelé «Groupe de vision stratégique» et qui tend à devenir une tradition. C'est l'autre méthode russe pour la lutte contre l'extrémisme religieux. Comme quoi dans ce combat, l'action militaire n'est qu'une partie de la solution. Aux bombardements contre les cibles de Daesh en Syrie, les Russes entendent mener des actions coordonnées et ciblées sur le terrain médiatique jusque-là abandonné au profit des organisations de propagande et de recrutement djihadistes. Pour cette deuxième édition, un prix international récompensera le travail journalistique qui mettra en évidence les actions menées par la Russie dans la lutte contre l'extrémisme, un travail prônant le dialogue des religions et des cultures, la culture de la paix et dénonçant l'extrémisme. Le prix en question a été intitulé «Evgueni Primakov», en hommage au célèbre journaliste et orientaliste russe qui a couvert les activités au Moyen-Orient pour le compte de la radio soviétique et ce, durant la période s'étalant de 1956 à 1970, et qui a fini par occuper le poste de Premier ministre dans les années 1990. Le premier prix est d'une valeur de 50.000 dollars et le second de 25.000 dollars! La rencontre a eu l'appui fort du gouvernement russe. Ce n'est pas sans raison que ce soit le ministre adjoint des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov qui a inauguré l'ouverture de ces travaux. M.Bogdanov est un orientaliste en charge des relations de la Russie avec le Moyen-Orient et l'Afrique, l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ainsi que d'autres organisations musulmanes à travers le monde. La directrice du département de l'information et de la presse au ministère russe des Affaires étrangères, Mme Zakharova, et Igor Moroz, membre de la commission des Affaires étrangères du Conseil de la Fédération, ont également assisté à l'ouverture des travaux marqués par de nombreuses interventions portant sur des propositions et les expériences vécues dans les pays musulmans dans leur lutte contre le terrorisme islamiste. «Le terrorisme est l'affaire de tous, il ne concerne pas un seul pays, une seule région, c'est un fléau mondial qu'il faut combattre par l'entraide», a soutenu le ministre adjoint des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov dans son allocution d'ouverture des travaux. «Nous avons vécu le terrorisme au début des années 1990, nous avons de ce fait cumulé une certaine expérience et nous pouvons donc aider d'autres pays qui en souffrent dont, notamment la Syrie où nos soldats sont toujours sur le terrain pour apporter aide et assistance aux populations qui souffrent», a-t-il affirmé, soulignant que les services de sécurité russe ont réussi à identifier et à interpeller plusieurs membres de Daesh. «Aucun pays n'est épargné. Il y a eu les attentats de 2001 à New York, maintenant c'est l'Europe. Nul n'est à l'abri.» Le coordinateur du «Groupe de vision stratégique», l'ambassadeur Viniamin Popov a estimé que cette rencontre est une «excellente chose pour faire rencontrer des journalistes venant des contrées éloignées et différentes, mais qui partagent la passion d'un dialogue de paix et des rapports de fraternité. Le rendez-vous fait rencontrer des journalistes d'Indonésie jusqu'au Maghreb», a indiqué M. Popov. Parmi les objectifs principaux de cette rencontre également est cet appel «que nous avons lancé aux Nations unies pour prendre des mesures urgentes afin de bloquer les sites de propagande et de chaînes satellitaires qui donnent la parole aux terroristes comme Daesh et Al Nosra», a-t-il insisté soulignant que les recommandations de la première rencontre (en décembre dernier) ont été transmises au secrétaire général de l'ONU. «Il faut reconnaître que l'activité terroriste amène parfois des résultats. Dans les pays développés, les jeunes font face à des difficultés et pour s'en sortir ils cherchent le moyen le plus facile. C'est ce que proposent les organisations terroristes», note encore M.Popov. Dans les pays musulmans, comme en Afrique du Nord par exemple, 30 à 35% des jeunes souffrent du chômage. «Les organisations leur offrent cette possibilité de gagner de l'argent en plus d'une promesse de devenir des maîtres du monde avec l'instauration du Califat musulman. Daesh offre 2000 dollars à ses combattants en plus du partage du butin de guerre. Le tout est assorti du rêve suprême de rejoindre le Paradis», affirme M.Popov qui situe exactement le terrain de lutte. Il s'agit d'abord et avant tout d'une guerre médiatique qu'il convient de mener. «Tout comme le soldat sur le front, le journaliste a un rôle prépondérant dans cette guerre.» Les participants ont tenté de dégager une politique médiatique à même de constituer une digue contre la propagande terroriste. A ce titre, les chiffres révélés par les participants sont effroyables. Les extrémistes disposent de 5000 sites djihadistes, Daesh diffuse 100.000 twitts par jour, sans compter les centaines de milliers de connections vers les réseaux extrémistes «comment lutter contre cette véritable machine de guerre médiatique?». Tel est l'enjeu de cette rencontre que parraine le gouvernement russe.