La cerisaie de Larbaâ Nath Irathen a été décimée En 2015, la cerisaie locale a produit 20.000 quintaux. Ce qui fait donc que cette année, il n'y aura sur les étals que 10.000 quintaux approximativement. Le capnode, insecte qui cause des ravages aux cerisaies de Kabylie semble gagner toutes les batailles que les agriculteurs et services concernés lui déclarent. Le coléoptère appelé également «scintillante jolie» vient d'ailleurs de remporter une éclatante victoire à Larbaâ Nath Irathen où il a eu raison de la prestigieuse fête de la cerise. Connue pour son prestige qui a dépassé les frontières algériennes, la fête de la cerise de Larbaâ Nath Irathen, qui est à sa 10ème édition cette année, vient d'être célébrée dans la tristesse. Passée presqu'inaperçue, la fête n'a réuni qu'une dizaine de cultivateurs de cerisiers tous issus de la région. Elle s'est tenue tout le long de la semaine dernière avec pourtant le faste qui lui est habituel. La présence des autorités locales était fortement visible aux côtés des tambourins pour donner de l'ambiance. Rien n'y fait, la fête a été gâchée par le capnode. Les cultivateurs présents ne comptaient pas beaucoup sur les services concernés, malgré la bonne volonté de ces derniers. Toutes les batailles menées contre ce coléoptère ont été perdues. La cerisaie de Larbaâ Nath Irathen a été décimée. Quelques chiffres renseignent suffisamment sur les ravages causés par cet envahisseur qui sème l'horreur depuis deux décennies. D'abord, il est bon de mentionner que la cerisaie de Tizi Ouzou représente 21% de la production nationale. C'est donc un fait établi que les dégâts causés à celle-ci se répercutent inéluctablement sur l'offre nationale. Les prévisions pour cette année, sont pessimistes annonçant une production faible n'atteignant pas la moitié de celle de l'année dernière qui était déjà mauvaise. En 2015, la cerisaie locale a produit 20 000 quintaux. Ce qui fait donc que cette année, il n'y aura sur les étals que 10 000 quintaux approximativement. De quoi faire de la confiture à la maison. Aujourd'hui, beaucoup se sont rendus à l'évidence en déposant les armes face à l'ennemi. Beaucoup de paysans ont abandonné le combat. La culture de la cerise ne fait plus partie de leurs occupations. Ils ont carrément changé d'activité. D'une part, en cause, le manque de moyens pour une culture professionnelle. En effet, la difficulté pour les services agricoles de la wilaya à lancer des campagnes de lutte réside dans le fait que les producteurs cultivent des espaces familiaux par centaines alors qu'ailleurs, la nature de la production n'est pas familiale. Aucune campagne ne peut atteindre ses objectifs dans ces conditions, estiment beaucoup de spécialistes de l'agriculture. D'autre part, ce sont les procédés de lutte contre le capnode qui ont fini par décourager les propriétaires locaux. Les campagnes de plantation et de greffage ne semblent guère porter les fruits escomptés. Bien au contraire, les arbres plantés représentent une nourriture supplémentaire. Ce sont quelque 55.000 nouveaux plants et 30.000 greffes qui sont attendus cette année. Mais, le résultat semble suivre la courbe des années précédentes. Des centaines de milliers de nouveaux plants ont été décimées par le capnode. Pourtant, les indicateurs de l'échec étaient visibles depuis plusieurs années. Des signaux clairs étaient émis par des connaisseurs. Malgré les multiples foires et fêtes traditionnelles consacrées à ces fruits, chaque saison, l'on constatait que la cerise se vendait sur les trottoirs dans des conditions d'hygiène lamentables. D'autres producteurs ne trouvaient meilleurs marchés que les abords des autoroutes pour écouler leur production. Les services agricoles reconnaissaient d'ailleurs leur incapacité à organiser les filières en question. Seuls 4% de la production étaient vendus sur le marché formel; le reste circulait hors circuit. Enfin, rappelons que les batailles perdues contre ce coléoptère risquent de se propager vers d'autres variétés d'arbres. Ce ne sont pas les fêtes organisées qui sauveront ce patrimoine arboricole de l'extinction. Mais, c'est plutôt une autre approche pour le développement du créneau avec d'autres stratégies adaptées à l'air du temps.