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«Le théâtre est un espace de liberté absolue»
FATIMA GALLAIRE (DRAMATURGE) À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 12 - 04 - 2005

Apprendre à «parler» par le corps est ce que tendra à «enseigner» durant quelques jours, au TNA, cette dame, et notamment aux comédiens...
L'Expression : Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs.
Fatima Gallaire:Je préfère dire que je suis écrivain, parce que l'écriture c'est pareil. C'est la même peine, la même joie que l'on fasse du théâtre ou de la narration. Je suis devenue dramaturge parce que je ne suis pas encore sortie de la tradition orale. Et c'est très bien comme ça. Parce que c'est une richesse à sauvegarder. Lorsque je me suis mise à écrire sérieusement - parce que quand on a écrit à l'internat à 15, 16 ans, c'est un petit journal sans intérêt et des poèmes que l'on se presse de détruire, bien sûr - je me suis aperçue que je faisais beaucoup de dialogues. Ce sont les autres qui m'ont dit que j'étais dramaturge. Cela m'a fait très peur, parce que je connaissais très peu le théâtre. C'est un endroit public, mixte, je n'étais pas contente d'arriver comme par mégarde, par intrusion sur la scène du monde...
Quand j'avais 15 ans je rêvais d'être une grande romancière. Il me reste à le prouver puisque j'ai commencé ma saga familiale qui comportera plusieurs tomes. Etre au théâtre, cela me convenait qu'à moitié. C'est supposé que c'était un mariage de raison et dans un mariage de raison il faut être patient, attendre que la situation évolue dans l'espoir que, peut-être un jour, l'amour se présentera. Je peux dire que maintenant j'aime le théâtre comme il m'aime parce qu'il m'a véritablement happée, il m'a kidnappée à partir du moment où ma première pièce a été lue, a été montée, eh bien j'ai eu des demandes partout de pièces qui traitent de sujets qui fâchent en général, un peu sensibles... Des sujets dont les nations n'ont pas envie que l'on en parle...
Pourquoi cette envie d'animer des ateliers d'écriture et quels sont les thèmes qui vous touchent?
Animer beaucoup d'ateliers d'écriture, oui, je l'ai fait pendant quelques années indépendamment du fait que c'est épuisant et aussi un travail qui interdit l'écriture pendant ce moment-là. Quand on fait écrire, on n'écrit pas. On ne fait d'ateliers qu'à la demande parce que l'écrivain dans la société est une personne qui n'a aucun pouvoir de décision. Ce n'est pas parce que l'écrivain désire que les instances décisionnelles vont s'incliner. C'est l'inverse en général. Le plus grand malheur de la culture c'est d'avoir rencontré la politique. Pour en revenir aux ateliers, j'ai effectivement animé des ateliers divers et variés, en milieu scolaire mais pas obligatoire, j'ai même animée des ateliers ouverts pour analphabètes, des ateliers pour petits de la maternelle...Nous avons bien sûr travaillé sur l'oralité, des ateliers aussi pour des professeurs, des éducateurs, des inspecteurs d'académie, aussi étrange que cela puisse paraître. Il me reste une demande que je n'ai pas encore satisfaite, c'est de faire des ateliers pour les scientifiques. Par exemple, il y a des ingénieurs au Maroc qui me reprochent d'animer des ateliers qu'au profit des littéraires. Cela dit, ils ont raison, ils font de la recherche et ils ont besoin d'écrire. Evidement, c'est une écriture qui est différente mais j'espère les aider un jour...
En quoi consiste votre démarche de travail?
Ma démarche de travail est double. Il y a une démarche et il y a ce je vois. J'arrive, quel que soit le public, surtout pour parler, je mets à l'aise mon public parce que je raconte des histoires et je lui demande d'en faire autant. Et c'est en parlant que nous nous acheminons vers l'écriture, je comprends très bien que le public n'ait pas envie spécialement de faire cet effort.
Parce que c'est un effort. Que ce soit en milieu scolaire ou pour adultes motivés. On peut se mettre au compte de la narration orale. Nous sommes très riches dans l'oralité. J'ai la chance d'être née dans une famille de bavards. Depuis que je sais parler et bien que je peux parler et bien je parle et je continue... Il y a la démarche souterraine qui est à la limite plus importante, qui consiste à mettre à l'aise. Je fais comprendre à ceux qui m'écoutent qu'il y a une chose qu'ils ignorent totalement, qu'il faut qu'ils apprennent sur eux-mêmes ou alors ils la connaissent de façon confuse mais ne l'ont pas verbalisée, c'est qu'ils sont extraordinaires... L'Algérien, le peuple, sont extraordinaires!
C'est un peu de l'expression scénique...
Oui, je veux dire par là qu'il faut que lorsque quelqu'un vient me voir, qu'il apprenne que lui, est une personne bien...
Vous lui redonnez confiance en lui...
Exactement! D'une part, cette personne doit se mettre à l'aise et d'autre part elle va s'exprimer dans un espace de liberté absolue. Maintenant, lorsque l'atelier est un peu plus spécialisé comme au TNA où je vais intervenir cette semaine avec des comédiens, nous ne travaillerons pas seulement sur l'oralité, qui est l'art du théâtre dans sa perfection mais aussi sur les autres langages et notamment sur le langage du corps. Je ne sais pas du tout ce qu'il en sortira. Mais je sais qu'il en sortira quelque chose de bien parce que le terrain est riche et le terrain est demandeur.
De quelle façon se fait le langage du corps?
Parler est un acte physique. Il faut parler d'une façon intelligible, sortir sa voix, je voudrais bien que les comédiens fassent du chant par exemple, il faut apprendre à respirer et il faut apprendre à se faire comprendre quelle que soit la position du corps. Vous pouvez parler à quelqu'un si vous êtes couché ou si vous lui tournez le dos ou bien vous êtes occupé à quelque chose qui vous prend toute votre attention et la personne vous fait répéter parce que vous n'avez pas bien articulé. La position fait que votre cage thoracique est comprimée et le message ne passe pas. Ce sont des exercices de bons sens. Alors, on va prendre le corps, cet instrument merveilleux, le chef-d'oeuvre de Dieu, et nous allons l'utiliser pour bien nous entendre, pour bien nous comprendre mais aussi pour faire un spectacle en fin de semaine.
Vous devenez quelque part maître dans l'art scénique...
Je ne suis pas metteur en scène. On m'a parfois demandé d'essayer de mettre en scène mes petites pièces et j'ai refusé. En tant qu'auteur de théâtre, je souffre d'une infirmité étrange, c'est que je ne reconnais pas ma droite de ma gauche. Quand on regarde la scène et quand on est sur scène la droite et la gauche s'inversent.
En France, vous avez traité des sujets comme l'émigration, dans les banlieues notamment. Quels seront les sujets que vous aborderez et que vous pensez être propres à l'Algérie?
J'ai très peu écrit sur l'émigration. C'est sans doute une chose qui reste à faire. Je ne me vois jamais obligée de faire du journalisme. Il y a d'excellentes compétences pour cela. Je suis un auteur qui se donne le temps, le temps du temps parce que je ne veux pas faire de reportage. Je veux «manger» la réalité parce que nous sommes d'une certaine façon des prédateurs, nous les artistes, nous sommes obligés de regarder la réalité puisque c'est le maître de l'imaginaire, de la laisser se transformer en nous et de la rendre par le travail. Cela s'appelle de «la création». Quand j'aborde un atelier, je ne prépare rien parce que c'est lui qui décide. Les thèmes que nous aborderons, ils se révèleront très vite, car je vis toujours dans le sens que l'on m'indique. Je prends en charge ce désir de travailler avec moi, mais je respecte les volontés qui sont là pour s'exprimer, les histoires qui sont prêtes à sortir ou tout autre désir de s'exprimer par la musique, la danse, l'acrobatie, le mime, un peu de silence pour une nation bavarde comme nous, c'est magnifique!
Vous avez fait aussi des études de cinéma. Cela nourrit ainsi, je présume, le jeu de scène, le théâtre... Il y a un rapport entre les deux?
Je suis le pur produit de mon histoire, c'est-à-dire que mon bilinguisme est largement en faveur du français. C'est une lacune que j'ai l'intention de combler bientôt. Parce que j'aimerais bien faire du théâtre en bilingue, dans les deux langues. Mais dans un pays comme le nôtre, l'image est à mon avis plus importante que l'écrit.
Je ne dis pas qu'il faut supprimer l'écrit. Je veux dire que l'écrit doit persister, mais nous devons avant que notre mémoire ne disparaisse définitivement, faire de l'image, du documentaire. La première raison, c'est qu'une image est facile à lire, la deuxième raison est parce que depuis plus de 40 ans, notre mémoire en la personne de maquisarde, guérilleros ou simplement pères et mères de famille qui sont devenus grands-parents et qui ont tiré leur révérence, notre mémoire s'en va. Il s'agit de la retenir, de la fixer, pour la postérité, pour nos enfants, petits-enfants et pour écrire nous-mêmes notre propre histoire. Une autre raison, il y en a sans doute d'autres, je m'en tiendrai à ces trois raisons principales, il y a une demande, un désir de parler devant la caméra, devant les journalistes, les écrivains, un désir d'expression intense et nous n'allons pas nous, artistes, nous défiler jusqu'à la fin des temps. Nous allons le prendre en charge avec toute la rigueur requise et le respect.


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