Une fois n'est pas coutume! C'était un rassemblement pas tout à fait comme les autres, même dans la forme, celui qui s'est tenu jeudi dernier devant le siège de la wilaya, puisqu'il a eu lieu le dernier jour de la semaine contrairement aux autres mouvements de contestation qui interviennent en début de semaine. Ce ne sont pas les ouvriers professionnels, ni même les contractuels de la Fonction publique, comme on a l'habitude de les voir venir revendiquer une augmentation des salaires à la hauteur du Snmg et un statut de permanent ou l'intégration et autre statut. Ce sont des promoteurs immobiliers qui réclament plus de «considération, gratitude et du respect» à en croire le président de leur association, Samir Djama, pour qui le fait de n'avoir pas été reçu par le premier responsable de la wilaya est une expression, on ne peut mieux, du manque de considération, mais du côté de la wilaya justement, ce n'est pas le cas, puisqu'une délégation représentant ladite association a été bel et bien reçue par le wali, mais en l'absence de son président qui se trouvait à l'étranger. «Nous ne revendiquons pas une simple entrevue, mais plutôt une véritable séance de travail technique avec le premier responsable de wilaya et son exécutif, afin de discuter de tout, notamment les blocages et surtout l'application de la loi 15-19 qui fixe les délais relatifs à la délivrance des actes d'urbanisme...une réunion programmée par l'ex-wali, mais reprogrammée et avant sa tenue, mais comme un responsable assume le passif, et l'actif nous réclamons sa tenue tout simplement», nous révèle-il, avant d'ajouter: «Cette action se veut aussi une pression sur les autorités concernées pour le déblocage des permis de construire retenus illégalement au niveau de la wilaya.» Pour rappel, cette procédure à l'origine de ce blocage a été exigée et appliquée par l'ex-wali Zitouni dans le souci de contrôler l'urbanisation de la ville, qui faisait transiter ces actes par la wilaya en lieu et place des guichets uniques des APC. Voilà ce qui a provoqué l'ire des promoteurs qui réclament une fluidité et voire même une rapidité dans la délivrance de ces actes. Mais, la question qui se pose d'elle-même est: qu'a-t-on fait de l'urbanisation de la ville conçue, malheureusement, par addition des permis de construire au détriment d'un cadre de vie aux normes urbanistiques reconnues? Ce ne sont pas justement une grande partie de ses promoteurs immobiliers, qui n'ont rien promu en la matière hormis la promotion pure et dure de statut social, qui ont défiguré nos villes et cités. Ce mouvement de contestation pourrait avoir des répercussions plutôt positives sur le fond, pourvu qu'un débat d'idées soit engagé objectivement loin des calculs mercantilistes et autres intérêts personnels et spéculatifs? Cette action de protestation n'est pas fortuite, en somme, puisqu'elle intervient quelques jours seulement après l'installation officielle par le wali, du comité de wilaya d'architecture. Une prise de position claire et sans bavure du premier magistrat de la wilaya en faveur des architectes longtemps marginalisés en matière de production architecturale et de réflexion de la ville. En effet, le «petit architecte» qui était à la merci du promoteur doit avoir enfin son mot à dire en matière de réflexion... Aujourd'hui, plus que jamais, l'architecte est appelé à s'impliquer comme partie prenante et à part entière dans la réflexion de la ville... Un cadre vient d'être offert justement pour lui redonner toute sa latitude en la matière, à la grande joie de la corporation. Car en l'absence d'un secrétariat d'Etat chargé de la Ville, comme cela existe dans les grands pays développés très jaloux de leur ville et sa politique d'urbanisation. Une très ancienne revendication de l'ordre des architectes à juste titre d'ailleurs, pour éviter justement certaines anarchies irréfléchies à l'instar du projet de la gare maritime de Béjaïa qui pourrait constituer une véritable tache noire en matière d'urbanisme et de la ville, le comité de wilaya est appelé justement à réguler et à freiner l'urbanisation anarchique de la ville. Faut-il rappeler l'autre catastrophe relative au Pdau intercommunal qui a rendu la côte Ouest de Béjaïa urbanisable et qui a supprimé les zones rurales des communes à l'instar de celle de Béjaïa? Les dégâts sont palpables malheureusement...mais le plus important c'est d'en tirer les leçons afin de sauver ce qui reste, car au rythme où s'implantent des promotions immobilières, c'est la mise à mort de nos villes, de nos côtes et de leur cadre de vie.