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Les anti-héros du XXIe siècle...
8E FICA À EL MOUGGAR
Publié dans L'Expression le 07 - 12 - 2017


Scène du film Nous n'étions pas des héros
Quel est le véritable sens du mot engagement? Qu'est-ce que cela signifie ou entraîne-t-il comme attitude pour acter son désir de changement justement? C'est ce que nous avons appris mardi en regardant deux films, l'un cubain et l'autre algérien.
Le premier est intitulé Cuba libre de Jorge Luis Sanchez. Un film qui aborde la fin de la guerre hispano-cubano-nord-américaine au XIXe siècle, mais aussi l'avènement des Américains qui après avoir aidé les Cubains à libérer le pays, occupent à leur tour le pays où comment après la fête de la victoire se met en place une nouvelle colonisation qui prendra de court les Cubains. Certains s'y opposeront, mais d'autres y abdiqueront facilement, éblouis par l'amour de l'argent. Mais c'est aussi l'histoire de deux enfants qui s'opposent et se rivalisent pour au départ gagner l'attention de sa professeure jouée par la grande Isabelle Santos. Dans ce film la notion d'engagement applique aussi son corollaire, le choix de prendre sa destinée en main, abandonner par lâcheté ou complicité ou se sacrifier pour préserver sa dignité pour l'amour de sa patrie, quitte à mourir. C'est un peu le cas, nous le verrons dans le film algérien Nous n'étions pas des héros de Nasredine Guenifi qui a adapté le livre Le camp de Abdelhamid Benzine à l'écran. Ce titre fait référence à une phrase dite dans le film justement par Abdelhamid Benzine alias Ahmed Rezak qui déclare n'avoir pas été si héroïque tant que ça car se laissant trop laisser faire sans trop lutter contre le système répressif colonial. Se taire, baisser la tête, plier aux exercices des travaux forcés, survivre enfin pour ne pas mourir était ainsi le dessin de la plupart de ses compagnons de camp qui se sont retrouvés dans ce camp spécial pour purger leur peine alors qu'ils subissaient les pires traitements qu'on doit aux prisonniers de guerre. Si le film rend bien compte de tout cela il pèche par un détail assez important néanmoins, en effet on ne saura rien de la vie de ses compagnons de guerre. Tout tourne autour de Abdelhamid Benzine, journaliste, communiste et présumé chef commissaire du groupe. Ses codétenus sont là, mais nous ne connaissons pas grand-chose sur leur passé ce qui aurait contribué peut-être à nous les rendre plus attachants.
Le film rendra compte d'une succession de malheurs collectifs au sein de ce camp spécial au fur et à mesure que le temps passe jusqu'à la délivrance et l'avènement de l'indépendance et puis l'édition du fameux livre qu'il consignera en clandestinité alors qu'il se trouvait dans ce camp.
Un film qui, bien évidemment, sera fortement applaudi par le public pour la charge patriotique qu'il dégage. Or, côté émotion, le film cubain en avait à revendre aussi, c'est tout simplement de l'arrière-grand-père de réalisateur. En effet, les images d'archives qui ponctuent le film au générique vont nous renvoyer de plain-pied dans ce passé colonial où ces enfants subissaient toutes sortes de pression, que ce soit des hommes d'église, de leur professeur espagnol tout en gardant même pour eux le fait de parler une autre langue et de ne pas se sentir espagnol.
La propagande et la pauvreté combinées ce film nous rend compte en effet d'un peuple qui souffre de pressions psychologiques intenses. Avec les gros plans sur ces enfants, le film donne à voir un tendre portrait de cette époque toute en finesse en abordant également le sentiment de frustration de ne pas pouvoir se battre comme il se doit quand on est petit. Mais encore faut-il que les grands donnent vraiment l'exemple... Mais la claque cinématographique de la journée nous viendra incontestablement du film Era o hotel Cambridge, le sixième long-métrage de la réalisatrice brésilienne Eliane Caffé.
Un long métrage dramatique sur les conditions de vie des squatteurs au Brésil, ou comment un patchwork de plusieurs nationalités se retrouve à cohabiter ensemble en partageant joie et malheur pour faire face à l'incompréhension indigne des gens quand ce n'est pas leur indifférence ou leur cruauté, car se permettant de juger sans trop prendre la peine de connaître qui sont ces gens qui ont osé tout quitter chez eux pour aller vivre ailleurs y compris dans de mauvaises conditions. Car la vie au squat n'est pas du tout de tout repos et il faudra être toujours vigilant pour ne pas se faire mettre dehors par les gens de la ville, l'administration, la police qui, l'on verra à la fin, emploie les gros moyens pour les déloger. Face à ces difficultés intolérables et humaines s'ajoutent également pour ces gens les infos pas toujours reluisantes de leurs familles restées chez elles, notamment celle de ce poète palestinien dont la soeur vivant à Ghaza survit au milieu des bombes ou encore ce jeune homme ayant gardé son fils au Congo et dont le frère ne sait plus quoi faire de son enfant et de son ex-copine. Que de drame sur drame, si ce n'est quelques moments d'accalmie et de joie qui viendront temporiser cette tragédie contemporaine avec de surcroît une façon de filmer bien proche des acteurs tel dans un cinéma du réel qui nous fera prendre cette fiction pour un documentaire! Entre joie et larmes, ombre et lumière, bruit et silence, la poésie se glisse finement dans la peau de ces personnes qui vont nous introduire dans l'intimité de leur vie en détresse.
Un défi relevé haut la main dans ce film car nous en sortons bluffés et complètement abasourdis par les techniques utilisées, l'émotion et certaines séquences qui nourrissent ce film pétri d'intelligence et d'humanisme. comme le sont fragiles ces vies qui poussent ici et là dans un monde où la chance vient à manquer.
Un monde où pour s'en sortir il faut ruser pour passer outre le système officiel et braver les lois parfois injustes qui ne connaissent de droit à humain que ce qui est dicté dans les textes oubliant le sens des mots hospitalité et solidarité. La gageure de ce film est dans l'utilisation aussi de cette caméra qui se fait elle-même complice de cette fragilité précaire à l'image. Un film qui fait du bien autant qu'il fait mal. Un grand film en soi malgré ses pistes faussement orientées. Un long métrage qui procède d'un souffle humain décalé, original et viscéralement touchant.
Un art d'émouvoir le spectateur en mettant la lumière sur des gens qu'on ne voit pas beaucoup ou que l'on juge trop vite, le plus souvent sans savoir que dans ce monde globalisé, tout le monde peut être dans le même cas d'ici demain tant l'instabilité et la crise économique qui secouent aussi le monde occidental sont bien tangibles et réelles.
Des acteurs crédibles et fort à la fois servis par une extraordinaire mise en scène. Un seul mot pour la réalisatrice: bravo!


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