Le terrorisme de la route continue de tuer, de blesser et de handicaper. Donner des nombres à trois ou quatre chiffres, ne rime à rien. L'essentiel est que des Algériens meurent tous les jours... Un accident de la route n'est plus banal lorsque la mort est au rendez-vous. Trois joyeux cousins de Azeffoun (Tizi Ouzou) descendent sur la capitale pour accompagner l'un d'eux à Dar El Beida. Ce voyage se terminera par un drame que seules les familles sans histoire où tout baigne dans le bonheur, vécu au bord de la Méditerranée, en Grande Kabylie par exemple, connaissent. Mohand, Maâmar et Younès A. sont cousins et copains. Il y a plus d'un semestre, ils empruntèrent l'axe Azazga - Alger via Boumerdès en guise de promenade car les voyages sur cette route sont moins dangereux du fait que la circulation est moindre, la nuit, surtout qu'ils ont décidé d'accompagner Mohand H, un autre cousin émigré à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger d'où il s'envolera très tard dans la nuit. Il pleuvait des cordes et le risque était périlleux. Ils auraient mieux fait de s'arrêter au regard de cette pluie qui ne cessait de tomber, mais le cousin Mohand ne devait pas rater son avion qui devait atterrir très tôt à l'étranger! Pour ne pas être en avance sur l'horaire prévu, les trois compères choisiront de faire une halte dès que l'un d'eux éprouve le besoin de faire quelque chose Chemin faisant, ils s'arrêtèrent, le temps de casser la croûte et prendre des verres sans savoir que le drame qui montrait le bout du nez, allait fracasser la vie que menaient jusque-là ces familles! Le voyage continuait sans encombre lorsque vers une heure du matin, un stupide accident survint sur la RN 5 (Tizi-Alger) au niveau du quartier Ben Amor - Corso, suite à la perte du contrôle de la voiture appartenant à Maâmar A. cousin et compagnon du soir. Younès A. succombe après avoir été transporté d'urgence à l'hôpital de Thénia (wilaya de Boumerdès) où on constata sur place une grave blessure à la tête avec une hémorragie qui l'emportera. Mohand s'en sortira indemne, mais tout de même sonné par la vision de l'accident car le violent choc, a fait que l'auto a percuté de plein fouet un pylône supportant la pub et nous vous prions de croire que le soutien pèse lourd. Ajoutez le dérapage du véhicule en plein mauvais temps et vous aurez une idée de la situation! Quant à Maâmar A. il fut examiné sur place et les analyses envoyées au laboratoire national de la Police scientifique et technique, donnèrent un taux d'alcoolémie étourdissant de «un virgule trente six»! Soit sept fois ce que prévoit la loi! Cependant, l'avocat de Maâmar (on ne saura jamais le but de son inattendue sortie) avait, au cours de l'énoncé des questions préjudicielles, attiré l'attention de Chahinez Ghallèche présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boumerdès sur le fait grave, que les analyses avaient été réalisées la veille de l'accident, «pas la nuit du sinistre»... Une hypothèse inouïe qui ne marche pas du seul fait que l'inculpé se trouvait la veille à Fréha (Azazga). L'essentiel est qu'un jeune homme de 33 ans est mort à la suite du dérapage et que son cousin a perdu le sommeil ainsi que deux familles proches. Le drame a frappé toute la famille et toute la région. La justice, interpellée en février 2018, sur l'homicide involontaire et conduite d'un véhicule en état d'ivresse, faits prévus et punis par l'article 288 du Code pénal et 74 de la loi sur l'organisation de la circulation routière, sa sécurité ne peut offrir que ce que la loi a prévu! Même les demandes de Sofia Naidj'oum, la procureure de l'audience, n'ont pas dépassé les limites de la loi car, le parquet est libre de requérir sans dépasser la raison qui veut qu'en la matière, il s'agit d'un «accident où l'imprudence a mené» au décès de Younès que personne ne peut rendre à la maman qui a pourtant pardonné à l'inculpé lequel n'est pas près d'oublier cette nuit du 9 du mois. Par les motifs qui ont fait que la mort est survenue, le tribunal condamne l'inculpé à une peine d'emprisonnement ferme de 2 ans et une amende aussi ferme de 200 000 DA, ainsi que la suspension pour une période de 4 ans, à compter de la date de l'énoncé du verdict. Après avoir entendu la lecture du dispositif de la sentence de cette regrettable affaire, nous pouvons affirmer que le tribunal a frappé fort, très fort, probablement pour dissuader ceux qui boivent, prennent le volant et tuent, involontairement, mais tuent quand même. Comme quoi, il faut dorénavant choisir: boire ou conduire! Il y va de la vie des uns et des libertés des autres ceux qui ont choisi de ne pas boire, de ne pas prendre le volant, donc de ne pas prendre de risques inutiles et de rester à l'abri des ennuis!