La constitutionnaliste A en croire les explications de la constitutionnaliste Fatiha Benabou, l'Algérie est confrontée à une crise constitutionnelle majeure à cause des décisions prises par le président sortant en dehors de la légalité constitutionnelle. Le forum d'El Moudjahid et l'émission «Rétrospective» de la Chaîne 3 étaient des espaces propices pour aborder lancinante question de la légalité constitutionnelle du pays, sur fond de situation politique exceptionnelle que traverse l'Algérie après l'élan du 22 février et l'exigence de changement du système. Dans ce sens, la constitutionnaliste Fatiha Benabou et l'économiste Smaïl Lalmas et l'ex-ministre Abdelaziz Rahabi ont essayé d'approcher la problématique institutionnelle dans laquelle se trouve le pays après le report de l'élection présidentielle par le président sortant. De ce point de vue, Fatiha Benabou est revenue sur cette situation qui ressemble à un véritable imbroglio en soulignant que «c'est une crise qui risque de plonger le pays dans le chaos. Aucune disposition légale n'autorise le président sortant à outrepasser ses prérogatives et ses compétences telles que définies par la Constitution». Benabou a élucidé la problématique et le blocage né de la décision du président sortant de reporter l'élection présidentielle en indiquant à ce propos que «le président sortant a le droit de convoquer des élections comme les dispositions de la Constitution l'exigent, mais il n'a pas le droit de reporter lesdites élections», mais elle est allée très loin dans sa lecture de ce contexte d'impasse et de crise institutionnelle, né de la décision du report de la présidentielle en qualifiant la démarche de «fabriquée sciemment par le président sortant pour pousser à une crise institutionnelle», a expliqué Benabou à ce propos.A en croire les explications de la constitutionnaliste, l'Algérie est confrontée à une crise constitutionnelle majeure à cause des décisions prises par le président sortant en dehors de la légalité constitutionnelle. Dans ce registre, Fatiha Benabou a qualifié le report de l'élection présidentielle comme étant «un cadeau empoisonné de la part du président sortant», c'est une manière de créer une crise institutionnelle aux conséquences néfastes, quant au fonctionnement de l'Etat et ses institutions. L'interlocutrice s'est attelée à définir la notion de souveraineté populaire comme expression d'un processus électoral qui passe inexorablement via les urnes. En reportant l'élection présidentielle, le président sortant avait piétiné cette souveraineté de l'urne qui est consacrée dans la Constitution. Mais la gravité qui s'esquisse, selon Fatiha Benabou, réside dans cette faillite constitutionnelle créée par le président sortant en «remettant en cause la légitimité et la légalité constitutionnelle», et d'ajouter que «dans cette situation de crise, il ne reste que la légitimité sécuritaire pour gérer une transition démocratique, ce qui est aussi un choix très controversé et qui risque de replonger le pays dans un cycle de chaos», a-t-elle souligné.Selon Benabou, la solution réside dans «l'application de l'article 102 qui explique dans certains alinéas que la vacance du poste de président peut être déclarée pour une raison de décès ou de démission. Une manière de revenir au processus légal et constitutionnel».Quant à Abdelaziz Rahabi, la question «nécessite une solution politique en donnant du temps aux représentants du mouvement populaire à travers ses entités qui l'animent, les étudiants, les médecins, les syndicats et les travailleurs et autres organisations pour se structurer dans le but de leur permettre d'être prêts à une transition en mesure de déboucher sur une élection législative qui décidera de la Constitution que le peuple veut adopter».