Il fallait une sacrée dose de culot et ne pas avoir peur du ridicule pour oser affronter les urnes dans la conjoncture politique actuelle que traverse le pays. L'Algérie est un grand pays. Il est donc tout à fait légitime qu'il ait pour ambition de s'offrir un chef d'Etat à la hauteur des aspirations de son peuple. Un homme ou une femme qui puisse ancrer la démocratie au sein de la société, des institutions, faire de la justice sociale, de la justice tout court, de la liberté d'expression des piliers de cette République en marche. Un président de stature internationale qui puisse traiter d'égal à égal avec ses homologues, ceux des grandes puissances notamment. Un dirigeant qui diversifierait une économie qui reste chevillée à son pétrole générateur d'une manne financière fabuleuse qui est pratiquement à l'origine de tous les maux et de toutes les dérives qui ont conduit le pays à la faillite. Un scénario qui s'est écrit à de nombreuses reprises sans en retenir les leçons. Voilà planté schématiquement le décor qui est à l'origine de la naissance du mouvement de contestation populaire qui est né des marches populaires du 22 février, qui puise lui-même son essence dans les marches historiques de Kherrata du 16 février contre le cinquième mandat. Un contexte qui a poussé l'ex-président de la République à la démission. L'application de l'article 102 s'est soldée par la désignation d'un chef d'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, pour une durée de 90 jours. Période au cours de laquelle il devait organiser une élection présidentielle. Elle fût fixée pour le 4 juillet. Rejetée par la majorité du peuple algérien et faute de candidats, les plus sérieux se sont retirés à la veille du dernier délai de dépôt de leurs dossiers, elle se dirigeait vers une annulation inéluctable. C'était sans compter sur deux candidats inconnus au bataillon au demeurant qui ont décidé de faire durer le suspense, de donner libre cours à des scénaris improbables. Et si l'Algérie héritait d'un illustre inconnu? Cette question s'est posée sur de nombreuses lèvres. Un luxe que ne peut se payer un pays d'une telle envergure en proie de surcroît à une crise double: économique et politique porteuse d'ingrédients explosifs. Il fallait donc une sacrée dose de culot et ne pas avoir peur du ridicule pour oser affronter les urnes dans la conjoncture politique actuelle que traverse le pays. Ces «lièvres» de la République ont pris le risque d'aller à l'encontre de la volonté populaire, qui ne veut rien entendre d'une élection présidentielle qu'organiseraient les résidus d'un système qu'elle a pris pour cible pour en faire table rase. Ils auront fait durer un suspense dont le pays aurait pu se passer et tenu en haleine des millions d'Algériens, dont une des revendications majeures était le rejet du scrutin du 4 juillet. Il aura donc fallu attendre quelques jours supplémentaires pour qu'ils puissent savourer leur victoire. Le challenge était de taille pour qu'il connaisse des perturbations orchestrées par des individus mus par des desseins égocentriques pour entretenir des rêves chimériques inaccessibles. Amuser la galerie. Etre sous les feux de la rampe, exister le temps que le rideau tombe pour remettre les pieds sur terre. Du temps de perdu, de l'insouciance, de l'irresponsabilité en ces moments difficiles que traverse le pays qui a beaucoup plus besoin d'une solution de sortie de crise que de bouffonneries qui dévaloriseraient la fonction présidentielle.