Il arrive souvent que des personnes s'énervent et commencent par déverser des torrents d'insultes. Il arrive aussi que l'humilié se taise et ne dise mot à la police, et par voie de conséquence à la justice qui déclenche aussitôt sa lourde machine infernale avec ses audiences renvoyées, ses exaspérantes lenteurs et assez souvent ses secs verdicts ! Mardi, Folla Ghezloune, la magnifique présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hadjout (cour de Tipasa) a entendu un couple se déchirer à la barre, comme le feraient des adversaires rompus aux grands procès qui se terminent en queue de poisson. Ghezloune, en magistrate avertie, mène son procès avec maestria. Elle parle lentement sans se presser car il s'agit d'un article de loi « hallouf ». En effet, l'article en question évoque les injures et insultes. « Ce n'était pas un chapelet d'insultes gratuites. Non, avec les mots choisis, c'était des insultes préparées ! Qu'en dites-vous, le tribunal attend de vous une bonne et surtout raisonnable réponse ?» énonce calmement la juge nullement pressée d'en finir avec ce dossier « déguel… » L'inculpé entre dans ses petits souliers. Il ne sait quoi répondre. Il est même incapable de mentir, ce serait plus grave. Nous avons des propos d'une victime et ceux d'un inculpé ! Nous ne sommes pas en criminelle ! Il fait l'éloge des gendarmes et du centre d'expertise de Bouchaoui qui travaille avec des instruments de pointe. La preuve n'existe pas. Le tribunal le sait. Nous avons des propos des uns et des autres. Le tribunal est la balance. Le parquet se goure mais jamais le tribunal !»