Une intensification des relations, déjà assez bonnes du reste, est sérieusement envisagée entre les deux pays. La désignation du cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, 75 ans, à la tête de l'émirat du Koweït est, selon les observateurs internationaux, une excellente nouvelle pour ce petit pays du Golfe qui se voit gouverné par l'un des plus habiles politiciens du monde arabe. La nouvelle est également très bien accueillie à Alger, pour la simple raison que le nouvel émir du Koweït passe pour être un allié sûr de l'Algérie. Rompu à la politique étrangère, l'homme a occupé le portefeuille des Affaires étrangères de 1963 jusqu'en 2003. Durant les années 60 et 70, Abdelaziz Bouteflika et cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah ont donc dirigé les diplomaties de leurs pays respectifs et, l'un comme l'autre ont démontré de grandes capacités de négociations sur des sujets réputés difficiles au plan international. Une proximité du fait d'une gestion commune de nombreux dossiers qui a permis aux deux hommes de nouer des relations d'amitié qu'aucune crise n'a réussi à défaire. L'on perçoit nettement cette estime réciproque dans le message adressé par le président de la République au nouvel émir du Koweït. «Les souvenirs des longues années et des multiples rencontres, qui nous ont réunis depuis les années 1960 nous ont permis d'échanger nos vues sur différentes questions, notamment politiques, lorsque nous avions la charge des affaires étrangères de nos pays respectifs, sont encore vifs dans ma mémoire et le demeureront car ils font partie de ce legs politique dont je m'enorgueillis tout comme je m'énorgueillis des amis sincères qui se sont attelés à son édifice en ce tout début de notre parcours national, parmi les diplomates et autres hommes politiques arabes dont votre noble personne, vous en qui je voyais, et je continue à vous considérer tel le doyen, voire le pilier de la vie politique du peuple koweïtien et un grand ami avec lequel je ne me lasserai point de me concerter et de coopérer», a souligné le chef de l'Etat dans son message. Et d'ajouter: «Votre désignation aujourd'hui à la tête de l'Etat frère du Koweït est pour moi motif d'un grand optimisme pour un avenir prospère des étroites relations qui lient nos deux peuples. Ma détermination à consolider notre coopération et notre concertation au mieux de nos relations en est d'autant plus confortée». Cette désignation qui met fin à près de 15 jours de crise politique au Koweït, n'est donc pas sans annoncer un raffermissement des relations entre l'Algérie et le riche émirat du Golfe. Une intensification des relations, déjà assez bonnes du reste, est par conséquent sérieusement envisagée entre les deux pays qui ont traversé, rappelons-le, une période de froid au moment de la première guerre du Golfe en 1991. L'on se souvient qu'à l'époque, l'Algérie était l'une des rares nations à n'avoir pas participé à l'offensive américaine pour libérer le Koweït. L'on se rappelle également les manifestations de soutien organisées à Alger par l'ex-FIS. Autant de prises de position, assez mal accueillies par Koweït City et qui ont eu pour conséquence le développement d'une méfiance mutuelle. L'arrivée de Bouteflika au pouvoir en Algérie, en avril 1999, et la nomination de Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, en juillet 2003, à la tête du gouvernement de son pays, ont constitué deux événements majeurs dans le réchauffement des relations entre les deux Etats. Il est évident que la prise de pouvoir de cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah est vraisemblablement le troisième acte important dans la vie des deux nations qui appellera sans doute une confirmation de l'excellence des relations politiques, mais consolidera la coopération économique. Il est de notoriété publique que l'émirat passe pour être l'un des pays les plus riches au monde. Un besoin de gros investissements se manifeste et l'Algérie pourrait être l'une des principales destinations des capitaux koweïtiens. L'on voit déjà le gros effort fourni dans les télécoms avec l'implantation de Wataniya et l'on s'attend à ce que le Koweït implante des banques d'investissement en Algérie. Une perspective à même de doper l'investissement direct étranger en Algérie.
