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«L'intelligentsia au cœur des djebels»
64ème Anniversaire de l'UGEMA
Publié dans L'Expression le 21 - 05 - 2020

Nos universités sont en confinement. Le Covid-19 est une occasion pour que nos blouses blanches, le corps médical, médecins et tous les praticiens de santé, se trouvent en première ligne pour soulager et aider les citoyens contaminés par le coronavirus. Nombreux sont ceux qui comparent l'engagement des praticiens de santé aux étudiants qui ont rejoint le maquis durant la Guerre de Libération nationale. Le 19 Mai 1956, l'Appel a été lancé par la section d'Alger de l'UGEMA: «Avec un diplôme en plus, nous ne ferons pas de meilleurs cadavres! à quoi bon serviraient-ils ces diplômes qu'on continue à nous offrir pendant que notre peuple lutte héroïquement, pendant que nos mères, nos épouses, nos soeurs sont violées, pendant que nos enfants, nos vieillards tombent sous la mitraillette, les bombes, le napalm... Et nous, les cadres de demain, on nous offre d'encadrer quoi? D'encadrer qui?...». En me référant aux sources et aux témoignages, la vérité historique sort de la bouche des acteurs et de leurs positions dans la détermination des faits et l'interprétation de l'Appel de l'UGEMA du 19 Mai 1956 dans sa dimension historique, lorsque la participation de l'élite intellectuelle est d'être aux premières lignes du combat libérateur?
La grève des étudiants déclenchée fut largement suivie par les étudiants, lycéens et un grand nombre parmi eux rejoindra les rangs du FLN/ALN. Il va sans dire que le mouvement des étudiants existait bien avant le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954. Notre militantisme au sein de la jeunesse estudiantine après l'indépendance jusqu'à la création de l'UNJA le 19 mai 1975 du vivant du président Boumediene, Med Seddik Benyahia et Med Cherif Messaâdia, nous a permis de revisiter l'histoire du Mouvement national estudiantin et de livrer cette chronologie des faits.
Fidélité au message du 1er Novembre 1954 Dès 1919, l'Association des étudiants musulmans de l'Afrique du Nord (AEMAN) fut créée à Alger et l'Association des étudiants musulmans nord-africains (AEMNA) créée en 1927 à Paris regroupant les étudiants maghrébins en France et dont le siège se trouvait au 115 bd Saint-Michel, Paris.
L'UGEMA est née à la faveur d'une motion votée à l'unanimité le 27 février 1955 par les étudiants de l'AEMAN. Cette nouvelle organisation va permettre aux étudiants de rejoindre la Guerre de Libération nationale. Le congrès constitutif de l'UGEMA a eu lieu du 8 au
14 juillet 1955 à la salle de la Mutualité, après une réunion préparatoire tenue à Paris du 4 au
7 avril. Le choix de la lettre «M» (Musulman) n'était pas fortuit. Est-ce une façon de revendiquer l'appartenance du Mouvement aux valeurs arabo-islamiques ou répondait-il à une interprétation de nature idéologique? Selon Mohamed Harbi, un congrès parallèle a été organisé à la Maison des Lettres, rue Feron, par des étudiants communistes et nationalistes de gauche visant à créer l'Union générale des étudiants algériens (UGEA). Cette tentative a été avortée. L'action de l'UGEMA qui avait une ligne strictement syndicale, s'oriente vers des objectifs politiques. La répression n'a pas tardé à s'abattre sur ses membres et plusieurs connaîtront les interpellations, les perquisitions et les arrestations au cours de l'année 1955. Le 20 janvier 1956, les étudiants algériens en France organiseront une grève de la faim pour protester contre les mesures répressives. à partir de la date du 19 Mai 1956, la grève illimitée des cours et des examens est déclenchée en accord avec la direction du FLN. En 1953, il y a eu l'idée de créer une Union musulmane des étudiants maghrébins qui n' a pas marché, du fait que les Tunisiens avaient créé leur propre union, l'UGET.
Mais pour revenir aux conditions de création de l'UGEMA, c'est à la suite d'une correspondance entre Abdeslam Bélaïd et Lamine Khène à partir de 1955, que les militants du courant nationaliste prenaient le contrôle de l'AEMAN dans la coalition communiste-UDMA. Le président de l'AEMAN était Mohamed Baghli entouré de Med Seddik Benyahia, Allaoua Benbaâtouche, Lamine Khène et d'autres... C'est Med Seddik Benyahia qui, au cours des vacances de Pâques, devait entreprendre une tournée à travers les universités de France pour convaincre les étudiants de diverses sensibilités à se rallier aux thèses de l'UGEMA. Rédha Malek fera de même pour la région parisienne. Bélaïd Abdeslam dit avoir été rassuré par Benyahia en l'accueillant à la gare de Lyon. Ce dernier lui lança l'idée restée célèbre que «Paris est encerclée par la Province». Ahmed Taleb El Ibrahimi soutient le courant ugémiste. Tout cela se passait durant l'année 1955 où les actions étaient conformes à la ligne du FLN qui n'était que la continuité
du Mouvement nationaliste PPA/MTLD.
Dans la ligne de mire du colonialisme
Les étudiants d'obédience PPA/MTLD tels Rédha Malek, Abdelmalek Benhabylès, Med Amir, Med Mahdi, Med Harbi, Messaoud Aït Chaâlal, Mouloud Balahouane, Tahar Hamdi, Hachmi Bounedjar,Med Rezoug, Med Kellou, Med Khemisti, Ali Lakhdar, Ahmed Ounoughi, Med Ouddahi, Med Oucif, Chérif Faïdi, Mahmoud Mentouri, Mahmoud Benhabylès, Med Abada, Saïd Chibane, Med Toumi, Mustapha Laliam, Rachid et Tahar Maïza, Med Radjam, Djelloul Baghli, Nordine Delci, Chaïb Taleb. Il faut dire que l'apport de ces étudiants était déterminant pour le lancement et la constitution de l'UGEMA auxquels
d'autres étudiants y arrivèrent à Paris tels que Lakhdar Brahimi, Abdelkader Belarbi avec l'idée d'une Conférence nationale préparatoire pour organiser le congrès constitutif de l'UGEMA en prenant appui sur les étudiants d'Alger.
Le congrès constitutif de l'UGEMA, tenu en Juillet 1955 à Paris, réunissait les représentants des communautés universitaires de France, d'Europe, d'Alger, de la Zaïtouna de Tunis, des Qarawiyne de Fès. Le siège du comité exécutif était à Paris. Mohamed Harbi, nous dit Belaïd Abdeslam, avait opté pour l'UGEA dont il a été un militant actif, alors qu'il fut un des plus méritants au sein du PPA/MTLD. Il était même, dira encore Bélaïd Abdeslam, informé des préparatifs du congrès de l'UGEMA et connaissait tous nos contacts.
Le 1er comité exécutif de l'UGEMA était en majorité Ouléma-Udma, dont le discours d'ouverture fut prononcé par Ahmed Taleb El Ibrahimi. Dans ce comité exécutif, il y avait Layachi Yaker, Abderahmane Chériet et bien sûr, les membres fondateurs, en l'occurrence: Bélaïd Abdeslam, Mouloud Balahouane, Abdelmalek Benhabylès, Med Seddik Benyahia, Lamine Khène, Rédha Malek, Messaoud Aït Chaâlal,Ali Abdella, Aoufi Mahfoud, Belarbi Abdelkader, Mokhtar Bouabdellah, Tahar Boutamjit, Lakhdar Brahimi, Nordine Brahimi, Tahar Hamdi, Djamel Houhou, Med Kellou Messaoud, Med Khémisti, Lakhdar Ali, Mansour Benali, Med Mokrane, Bachir Ould Rouis, Med Raffas, Med Rezoug, Taleb Chouieb, Sid Ali Tiar, Zeghouche Derradji.
Tous ont fait partie du comité exécutif de juillet 1955 à septembre 1962. Les autres membres du comité directeur de juillet 1955 à décembre 1957 tels que Brahim Nordine, Saïd Belhacine, Benyahia Med, Berrah Ghalem, Boudiaf Aïssa, Boudjellab Amar, Chérif Faïdi, Ferdjioui Abdelhamid, Ghazali Méziane, Harmouche Arezki, Khellaf Maâmar, Krim Rachid, Larbi Med, Rédha Malek, Mokdad Allaoua, Mentouri Mahmoud, Sahnoun Med, Sisbane Chérif...
Un partenaire crédible
L'UGEMA est devenue un partenaire crédible dans les milieux estudiantins internationaux dans les diverses organisations d'étudiants et de jeunesse. Se rapprochant d'Abane Ramdane, elle s'est prononcée pour le FLN. La section UGEMA d'Alger qui a lancé l'idée de la grève illimitée des cours et des examens rencontra Belaïd Abdeslam, notamment Lamine Khène, Allaoua Benbaâtouche, Hachem Malek, frère de Rédha Malek et membre fondateur de l'UGEMA qui sera arrêté en 1957 jusqu'à l'Indépendance, Saddek Karamane et Brahim Chergui. Ahmed Taleb El Ibrahimi 1er président de l'UGEMA.
Lakhdar Brahimi le disait dans l'ouvrage de Clément Moore Henry: «L'UGEMA 1955-1962 Témoignages» qu'il «fut élu dès son arrivée à l'université vice-président de l'AEMAN. Il y avait une AEMAN à Alger et l'AEMAN à Paris. Il avait reçu la lettre de Belaïd Abdeslam pour créer l'UGEMA par le biais de Lamine Khène, alors que Rédha Malek présidait l'Union des étudiants algériens à Paris» et qu'il était surpris d'avoir été élu membre du comité directeur et vice-président du comité exécutif de l'UGEMA, alors qu'il participait au Festival mondial des étudiants et de la jeunesse à Varsovie.
C'était Ahmed Taleb Ibrahimi qui devenait le président de l'UGEMA. Il venait de terminer sa dernière année de médecine. Le mot d'ordre pour l'élection de Ahmed Taleb Ibrahimi, disait encore Lakhdar Brahimi, venait du FLN.
Le mémorandum de l'UGEMA à l'Onu
Il a été signataire en tant que président de l'UGEMA «d'un Mémorandum adressé au SG de l'ONU pour l'inscription de la question algérienne dans l'ordre du jour de la session (voir Le Monde du 9 février 1957)». Abderahmane Chériet fut secrétaire général adjoint et Mansour trésorier. Mais devant quitter l'UGEMA pour le Comité fédéral FLN, c'est Mouloud Balahouane qui le remplaça à la présidence de l'UGEMA pour préparer le 2ème congrès en mars 1956. Taleb fut arrêté en février 1957.
C'est Bélaïd Abdeslam en vérité qui a été l'artisan infatigable pour rapprocher les différentes visions et à ce titre, l'honneur de la présidence de l'UGEMA lui revenait. Il a voulu que l'UGEMA intègre les sensibilités Udma et oulémistes et qu'il devenait nécessaire de faire participer les étudiants se trouvant à Tunis, Fès, Le Caire, Damas, Baghdad, etc. dont certains ont participé au congrès. Parmi eux Belkacem Zeddour qui fut un martyr de la Révolution, Brahim Mezhoud, Adda Benguettat, Aboul Kassem Saâdallah, Malek Bennabi, Med Ksouri, Rabah Torki, Abdelkader Benkaci, Yahia Bouaziz, Abou Aliouche, Med Meftah, Nor Abdelkader, Youcef Rouissi qui ont fait les universités du Moyen-Orient.
De l'élite universitaire
Le 19 Mai 1956 s'inscrivait en droite ligne de la stratégie de lutte menée par le FLN et c'est au CEE du FLN que revenait la décision d'ordonner le 3 octobre 1957 la fin de la grève à l'ouverture de la rentrée universitaire 1957/1958.
Dans une lettre signée par Abdelhamid Mehri, à partir de Tunis, datée du 12 mai 1961 adressée au comité exécutif de l'Ugema, alors qu'il était ministre des Affaires sociales et culturelles du GPRA, il déclare la dissolution des sections de Lausanne et de Genève.
Une résolution finale du comité directeur de l'UGEMA adoptée à l'unanimité à Bir el Bey à Tunis, allait dans le même ordre d'idées que la dissolution des sections de l'UGEMA et de demander au GPRA de désigner une commission d'enquête et de réorganisation de l'UGEMA. Un Appel aux étudiants algériens fut également adressé par Krim Belkacem le 23 décembre 1961 depuis Tunis, dans lequel il demande à dépasser la crise au sein de l'UGEMA et propose de les aider à réunir «un Congrès extraordinaire dans la libre expression des opinions et le respect des principes fondamentaux de notre Révolution. Le redressement de votre mouvement ne saurait se faire, devait-il dire, s'il n'est pas l'expression de votre propre volonté et le couronnement de vos efforts». Certains, par leurs propres moyens rejoignent l'ALN tels que Mustapha Laliam, Med Gueddi, les frères Belhocine meurent au maquis, Ahmed Chérif Mentouri dit Mahmoud frère du moudjahid Bachir Mentouri, rejoint l'ALN, aux frontières et meurt en 1957. «L'UGEMA était l'incarnation vivante de la Révolution algérienne, pas uniquement pour les étudiants algériens, mais aussi pour tous les étudiants admiratifs de par le monde», témoignait Clément Moore Henry l'auteur du livre «L'UGEMA». On peut dire que la grève des étudiants fut un tournant dans l'engagement du Mouvement estudiantin et de l'Intelligentsia dans les rangs de la Révolution. Ce sont ces élites formées qui prendront les postes de responsabilité dans l'Algérie post- indépendance, notamment dans la diplomatie, l'économie, les rouages de l'Administration et l'ANP.
L'élite et les enjeux du XXIe siècle
Chaque génération d'étudiants a sa part de responsabilité dans le développement des idées, pour peu qu'elle s'insère dans l'unité, dans la diversité des opinions pour faire avancer la démocratie dans la voie du progrès social et du bien-être du peuple. L'esprit du changement ne peut venir que des élites politiques et intellectuelles, avec pour fondement la mesure et la raison d'honnêtes gens. Notre devoir est d'évoquer la mémoire de tous ceux des étudiants et lycéens qui sont morts, les armes à la main, pour que l'Algérie vive libre et indépendante. Le 64e anniversaire de l'UGEMA constitue une page glorieuse de notre jeunesse qui a su adhérer à l'appel du 19 mai 1956 dans le combat anticolonial et faire preuve de courage et de sacrifice. Le président Abdelmadjid Tebboune depuis son investiture n'a pas manqué de mettre les problèmes de la jeunesse au centre de ses préoccupations, tant au plan de l'éducation que de l'innovation technologique par la création de ministères autour des start-up dans sa vision d'une Algérie nouvelle et solidaire
Docteu Boudjemaâ


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